Une enquête vient d’être menée quant à l’opinion des salariés sur la formation professionnelle[1].
UNE « DÉFIANCE » EXISTE À L’ÉGARD DU SYSTÈME ACTUEL DE FORMATION PROFESSIONNELLE
La « défiance » à l’égard du système de formation existant est confirmée par cette enquête qui constate que 3/4 des personnes interrogées jugent que le système de formation n’est pas efficace, qu’il n’est pas facile à comprendre et qu’il n’est pas facile d’accès.
Ce résultat est naturel compte tenu du faible nombre de salariés qui ont profité récemment d’actions de formation professionnelle. Le bénéfice de la formation professionnelle ne va pas de soi.
De plus s’il la plupart des salariés reconnaissent que la formation professionnelle est importante pour l’évolution de la vie professionnelle de chacun, la volonté du recours à la formation ne coule pas de source.
L’OPINION PERÇOIT ENCORE LA REFORME DE LA FORMATION DE MANIÈRE FLOUE
Cette enquête fait ressortir le flou de la perception par l’opinion du projet de « transformation » de la formation professionnelle[2]. Les raisons de ces chiffres sont multiples.
D’une part, les annonces portent sur des questions techniques, comme la modification du circuit de financement de la formation professionnelle qui concerne principalement les professionnels de l’emploi et de la formation.
D’autre part, l’articulation avec les autres mesures concernant la formation continue, comme le Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC), n’est pas lisible.
Ensuite, l’impact des mesures, comme la mise en place d’une accessibilité directe et autonome pour chacun à son Compte Personnel de Formation (CEP), n’est pas immédiat. Il faudra le voir pour le croire.
Le mode de fonctionnement de la plateforme à créer et la collecte des données à y faire figurer restent un projet à moyen terme. Sa faisabilité et son opportunité même, au-delà du concept annoncé, reste à faire ses preuves. Un éventuel effort pédagogique du gouvernement ne suffira pas dans la mesure où le projet est loin d’être achevé.
Enfin, ce problème risque de se retrouver au niveau de l’ensemble du projet de loi en préparation, dans la mesure où le regroupement des sujets (indemnisation chômage, formation professionnelle et apprentissage) va brouiller la vision du public ou la polariser sur un ou plusieurs points.
La confiance des actifs sur la formation professionnelle apparait comme l’un des éléments de motivation pour demander et suivre des formations.
L’OPINION N’ÉTABLIT PAS EN TOUS CAS UN LIEN ENTRE FORMATION ET EMPLOI
Le lien de la réforme de la formation professionnelle, avec une amélioration de la situation de l’emploi, n’apparait pas dans cette enquête d’opinion. C’est assez compréhensible dans la mesure où il n’y a en réalité pas de lien direct.
La formation professionnelle est ressentie par les salariés comme un moyen de sauvegarde de l’emploi (adaptation aux changements), voire comme condition de promotion dans l’entreprise, mais pas de création d’emplois[3].
Si un consensus existe sur la mobilisation d’une part des moyens de la formation au bénéfice des chômeurs, ou des salariés de petites entreprises, l’efficacité de ces mesures n’est pas ressentie.
En l’absence de moyens financiers nouveaux, la part « obligatoire » de la formation professionnelle (sauf économie à confirmer sur les organismes intermédiaires), la croissance quantitative de la formation semble reposer sur la mobilisation des entreprises.
[1] Enquête mensuelle d’opinion BVA/La Tribune sur « les questions de l’économie. »
[2] « Seuls 17% des interrogés ont déclaré savoir en quoi consiste le projet contre 55% qui ne voient pas précisément ce dont il s’agit. »
« 72% des répondants ont déclaré à l’institut de sondages qu’ils avaient entendu parler du projet de réforme de la formation professionnelle, 26% des Français ignorent totalement l’existence de cette réforme et 2% ne se sont pas prononcés. »
[3] Selon le Ministère du travail, les bénéficiaires de la formation professionnelle prise dans son intégralité (32 milliards d’euros) sont pour plus de 60% sur des actifs du privé (42,8%) ou du public (17,4%), pour près de 29% pour des sans emploi : demandeurs d’emploi pour 15% et jeunes pour 23,7%. Ce dernier chiffre, concernant des jeunes, apparait contestable dans la mesure où la limite entre la formation initiale professionnelle des jeunes et la formation professionnelle tout court n’existe pas vraiment les deux visant, en général, l’obtention des mêmes diplômes professionnels (CAP, BP, bac pro, licence pro..).
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