Quel est l’impact sur l’emploi de la politique en faveur des énergies renouvelables ?
Dans ce secteur, les prévisions de créations d’emplois n’ont pas été concrétisées jusqu’à présent.
LES CRÉATIONS D’EMPLOIS LIÉS AU DÉVELOPPEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES APPARAISSENT PEU NOMBREUSES
La stratégie énergétique française a été formulée dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015[1].
Elle « repose sur un double objectif, climatique et énergétique. Le développement des énergies renouvelables doit ainsi permettre de limiter les émissions de gaz à effet de serre en se substituant aux énergies fossiles et de réduire la part de l’énergie nucléaire à 50 % du mix électrique d’ici 2025 ».
La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a cherché à définir une stratégie énergétique cohérente comportant des objectifs de production d’énergies renouvelables (EnR) électriques, la mise en oeuvre de moyens et la mobilisation de nouveaux emplois. Les objectifs sont de nature différente : ils vont de la diminution de la production de CO2 au développement d’activités industrielles en France.
Le récent rapport de la Cour des comptes[2] développe une analyse critique sévère sur les choix qui ont été faits[3] ; la politique menée et ses conséquences[4]. Cette politique publique comporte une importante intervention financière de l’État en faveur des EnR, à hauteur de 5,3 Md€ en 2016 et prévu pour augmenter progressivement, dans le cadre des règles fixées par l’Union européenne[5].
Le rapport examine également l’impact en matière de créations d’emploi des choix faits pour assurer le développement des énergies renouvelables :
« Le développement des EnR a induit des effets économiques significatifs dont le bilan est aujourd’hui relativement décevant[6] : si les retombées sur l’emploi sont réelles, elles demeurent en deçà des objectifs initiaux. »
La politique menée semble avoir été à courte vue. Elle n’a pas visé un réel développement industriel en France lié aux énergies renouvelables et le volet qui lui est associé de la création d’emploi.
MOINS DE 80 000 EMPLOIS ÉTAIENT DÉNOMBRÉS DANS LE SECTEUR DES ÉNERGIES RENOUVELABLES, EN 2016
79 000 d’emplois sont estimés[7] directement[8] liés aux marchés des EnR, hors biocarburants[9] en 2016. La hausse n’est que de 30 % sur 10 ans.
« Seuls 15 % (12 000) relèvent toutefois de la fabrication d’équipements et de l’assemblage et peuvent ainsi être considérés comme des emplois industriels. Le reste relève essentiellement de la maintenance-exploitation (35-45 %) et l’installation (25-30 %) .[10]»
Les filières EnR, les plus pourvoyeuses d’emplois, sont le « bois énergie » (21 000 postes[11]), les pompes à chaleur (17 000 postes), l’éolien terrestre (13 000 postes) et l’hydroélectricité (12 000 postes).
Le solaire photovoltaïque correspond à moins de 6 000 emplois et le solaire thermique à un peu plus de 2 000, soit au total moins de 8 000 emplois pour le solaire … Le budget du solaire est principalement constitué par l’achat de matériels à l’international (Chine…).
Par ailleurs, il était noté que les emplois du secteur des EnR avaient « des caractéristiques spécifiques, en particulier celle d’avoir un fort contenu local et d’être, de ce fait, peu délocalisables ». Cette présentation était attractive, mais à ce jour, les nouveaux emplois restent peu nombreux.
LES PRÉVISIONS DE CRÉATION D’EMPLOI LIÉES À LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE RESTENT BIEN INCERTAINES.
Les scenarii de création d’emplois dans les secteurs des énergies renouvelables évoqués pour 2020 ou 2030 semblent assez incertains…
Rappelons que le Syndicat des Énergies Renouvelables (SER) prévoyait, pour 2020[12], 225 000 emplois directs et indirects, équivalents à 140 000 à 150 000 emplois directs. Cette prévision ne semble plus atteignable.
[1] Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique et pour la croissance verte.
[2] Le soutien aux énergies renouvelables – mars 2018 – Cour des comptes – www.ccomptes.fr
[3] La part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie a progressé de 9% en 2005 à 16% en 2016, mais l’objectif de la France de porter à cette part à 23 % dès 2020 ne sera pas atteint.
[4] « La Cour a analysé la politique de soutien au développement des énergies renouvelables. Accusant du retard dans la réalisation des objectifs très ambitieux qu’elle s’est fixés, la France a peu fait profiter son tissu industriel du déploiement des énergies renouvelables. Les moyens financiers mobilisés par l’Etat – principalement au bénéfice des énergies renouvelables électriques – sont pourtant conséquents (5,3 Md€ en 2016), croissants et déséquilibrés entre les différentes filières de production ».
[5] « L’Union européenne a fixé aux États membres une trajectoire ambitieuse s’agissant du développement des capacités d’énergies renouvelables. Elle a dressé dans le même temps un cadre règlementaire délimitant les contours des soutiens publics au développement de la production de capacités renouvelables ». (CONCLUSION ET ORIENTATION du Rapport de la CC)
[6] « La balance commerciale nette, incluant les économies théoriques d’importations de matières premières (énergies conventionnelles) évitées grâce à la production d’EnR, est positive mais celle des équipements est déficitaire.
- La France ne dispose d’aucun ensemblier sur l’éolien.
- S’agissant du solaire photovoltaïque, la filière française est quasiment inexistante et en mauvaise santé.
Quelques industriels se maintiennent toutefois sur les marchés des EnR thermiques mais pour des volumes modestes. Les entreprises françaises qui prospèrent sont les opérateurs historiques fournisseurs d’énergie. Malgré ce bilan industriel décevant, des filières d’avenir existent. Une réflexion stratégique sur les objectifs industriels français en matière d’EnR doit donc être engagée. » (CONCLUSION ET ORIENTATION du Rapport de la CC)
[7] Chiffres de l’ADEME
[8] « Les emplois directs ne comptabilisent pas les emplois liés à la production des composants des équipements et aux consommations d’intrants agricoles ou forestiers notamment ni les emplois induits. »
[9] Métropole et DOM.
[10] Rapport CC – page 36.
[11] cf. annexe n° 9
[12] SER – Livre blanc sur les énergies renouvelables – 2012
Pas de commentaire sur “EMPLOIS DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE”