L’Apec vient de publier des chiffres des recrutements effectués sur des postes cadres. Ils sont positifs, car ces chiffres correspondent à une catégorie particulière de salariés. Les profils des offres restent assez constants avec des recrutements de commerciaux au sens large et de professionnels de l’informatique, comme depuis des décennies. Certains secteurs semblent en recul, comme le secteur bancaire. (Voir Billet : http://toutpourlemploi.fr/2018/06/effectifs-en-baisse-secteur-bancaire/)
LES CAUSES DES RECRUTEMENTS N’ÉVOLUENT PAS.
La première cause de ces recrutements est constituée par les départs suite à des démissions et des départs en retraite pour presque une moitié des cas[1]. Le nombre de ceux-ci est plus nombreux pour la catégorie cadre dans la mesure ou l’âge moyen des cadres est naturellement plus élevé donc la proportion des départs en retraite plus élevées.
Le changement d’entreprise des salariés cadre a aussi eu sa place en 2017.
Le développement des activités reste la cause d’un petit quart des embauches seulement. Cette proportion assez faible reste stable.
Les prévisions de recrutement des entreprises sont prudentes pour la période à venir. Le ralentissement annoncé pour 2018 par toutes les sources de la croissance est déjà bien pris en compte par les recruteurs.
En résumé, 2017 a été une bonne année pour le recrutement des cadres, mais 2018 pourrait être marqué par un fléchissement.
LES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT DES CADRES SONT FAIBLES
Les difficultés de recrutement sont globalement assez relatives puisque seuls 10% des postes ne sont pas pourvus pour des raisons assez diverses (« manque de candidature adéquate (29 %) », redéfinition du poste (28 %); etc. ».
Ce chiffre contribue à relativiser la campagne actuelle sur les postes non pourvus[2].
Reste bien entendu, quelques fonctions dans le numérique ou les candidats sont rares compte tenu de l’évolution rapide de certains métiers. La aussi cela a été une constante depuis des années.
LES JEUNES DIPLÔMÉS RESTENT PEU DEMANDÉS SUR DES POSTES CADRE
L’accès au statut cadre des jeunes diplômés reste relativement faible, sauf dans les secteurs où cet accès n’est pas prévu par la convention collective (comme par exemple dans certaines branches professionnelles où les ingénieurs diplômés accèdent au statut cadre).
La demande de recrutement pour un poste de cadre reste centrée sur des profils de cadres confirmés ayant entre 5 et 20 ans d’expérience[3]. Les cadres seniors (plus de 20 ans d’expérience) sont moins recherchés.
Cette tendance de faible demande de recrutement de débutants reste une constante de manière globale. Elle pose la question des fonctions ouvertes, en particulier aux diplômés de Master 2 dont le nombre continue à croitre en fonction de la demande des jeunes. L’évolution des formations initiales marquée par une constante évolution du niveau, n’apparait pas bien en phase avec le marché du travail. Peu de diplômés de Master2 accèdent à un emploi cadre en premier emploi. Ces tendances sont anciennes et l’évolution apparait assez faible.
***
Pour conclure, il faut rappeler que la question de l’évolution de la nature du statut cadre, dans les prochaines années, reste un gros facteur d’incertitude pour tous les acteurs. Elle impactera les recrutements et le marché du travail dans les années à venir.
[1] Motifs de recrutement des cadres (Apec).
2017 | 2018 | |
Au turn-over et départs à la retraite | 55% | 46% |
Au développement de l’activité | 24% | 24% |
À une réorganisation interne | 13% | 15% |
Aucune raison principale | 8% | 15% |
[2] La campagne du gouvernement portant sur l’importance du nombre de postes non pourvus est relayée par des médias avec des témoignages anecdotique d’un marchand de fruits et légumes ou celui d’un restaurateur qui peinent à trouver des vendeurs ou des serveurs.
Le paradoxe est de favoriser ce discours destiné à donner d’une part une impression de croissance économique et, d’aitres part, à porter un discrédit sur les demandeurs d’emploi (dont on envisage de diminuer les droits), tandis que l’on affiche parallèlement la volonté de faire disparaitre les contrats courts et à temps partiel.
La proportion d’offres de pistes en CDI non pourvus est évidemment faible, en dehors des offres relevant de profils pour « mission impossible ».
[3] Prévisions de recrutement selon le profil (en % d’entreprises qui envisagent de recruter au 3e trimestre 2018)
3e trimestre 2017 | 3e trimestre 2018 | Evolution | |
Jeunes diplômés | 44% | 45% | +1 |
Jeunes cadres (1 à 5 ans d’expérience) | 80% | 81% | +1 |
Cadres confirmés (5 à 10 ans d’expérience) | 87% | 90% | +3 |
Cadres confirmés (10 à 20 ans d’expérience) | 63% | 69% | +6 |
Cadres confirmés (+ de 20 ans d’expérience) | 45% | 48% | +3 |
Source : Apec, Baromètre trimestriel de recrutement cadres
Pas de commentaire sur “2017 une bonne année pour le recrutement des cadres, mais fléchissement pour 2018.”