LE MINISTÈRE DES SPORTS EST APPELÉ À SUPPRIMER 1 600 POSTES D’ICI 2022
Le premier ministre a demandé au ministre des Sports de prévoir la suppression de 1 600 postes d’ici 2022[1]. Le ministère dispose encore d’environ 3 500 salariés, ce qui revient à diminuer ses effectifs de près de la moitié d’ici la fin du quinquennat. Et il ne s’agit pas de postes en doublon…
Matignon compte pour y parvenir « sur une transformation du mode de gestion des conseillers techniques sportifs (CTS) et sur la réduction de leur nombre, ainsi que sur une rationalisation des services déconcentrés« [2].
Seules les fédérations sportives ayant des budgets propres importants (foot ou rugby), liées à leurs activités marchandes, rémunèrent aujourd’hui directement ces cadres et personnels d’encadrement.
Dès 2019, le projet de loi de finances prévoit un budget du ministère à hauteur de 450 millions d’euros, c’est-à-dire une baisse de 30 millions.
La question de l’existence d’un ministère des sports semble posée par cette directive budgétaire. Il ne s’agit pas d’une question nouvelle, car la dualité entre le « mouvement sportif » et l’appareil d’État fait débat depuis des décennies. Les contentieux entre les deux parties ont d’ailleurs été nombreux.
De toute évidence, le ministère des Sports n’est pas et n’a jamais été un ministère régalien. Il est d’ailleurs couplé, sans motif réel, dans une « mission » unique avec « la jeunesse » et « la vie associative ».
La réduction de l’intervention de l’État à l’entrainement et la gestion des athlètes de haut niveau participants aux compétitions internationales a été posée depuis fort longtemps. Le financement local des clubs sportifs sur les territoires serait encore davantage qu’aujourd’hui laissé au soin des collectivités locales.
LA RÉDUCTION DE LA DÉPENSE PUBLIQUE CONDUIT A REVOIR LE PÉRIMÈTRE DE LA FONCTION PUBLIQUE D’ÉTAT
La question de fond, qui est posée aujourd’hui dans un contexte de réduction des dépenses publiques, est en fait celle du périmètre de la fonction publique d’État.
Certains secteurs semblent devoir disparaitre pour être gérés par des acteurs privés, par exemple acteurs associatifs, pour la plupart, dans le cadre du mouvement sportif. Il est donc apparemment question du transfert de personnels d’Etat vers les clubs et fédérations sportives, même si les choses ne semblent pas avoir été posées préalablement.
Mais, ces transferts vont reposer principalement sur un effort budgétaire des collectivités locales, qui subventionnent déjà les associations sportives (ce sont actuellement les premiers financeurs en importance).
Ce qui ne conduit pas, au total, à une réelle diminution globale de la dépense publique.
Par ailleurs, la perspective de l’organisation des JO de 2024 en France fait entrer cette mesure dans un contexte exceptionnel de besoins et conduit à une montée en tension. Il va donc y avoir débat animé sur la concrétisation de cette décision[3].
[1] « Dans le cadre du processus +Action publique 2022+, vous serez appelés à appliquer un schéma d’emplois de moins 1600 ETP (équivalent temps plein) au cours de la période 2018-2022«
[2] Les CTS sont une spécificité du modèle sportif français. Ils traduisent la présence de l’Etat dans le sport. Placés auprès des fédérations sportives, leur rôle est de les aider pour le haut niveau et le développement des pratiques sportives, selon la politique fixée par le gouvernement. Il s’agit à la fois de directeurs techniques nationaux (DTN), d’entraîneurs nationaux ou de conseillers techniques.
[3] La nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu, qui vient d’être nommé il y a peu de jours, a déclaré : « Cette annonce, elle est vraiment très brutale, c’est pas les bons mots qui ont été employés« .
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