LA MAITRISE DES SAVOIRS DE BASE POUR TOUS DANS LE PRIMAIRE RESTE À ÉTABLIR
La communication sur les résultats des tests d’évaluation des connaissances dans l’enseignement primaire[1] ont fait l’objet de critiques de la part de syndicats[2]. Mais sans entrer dans l’analyse méthodologique, le principe d’une évaluation des acquis et la diffusion des résultats aux familles apparait comme indispensable[3].
L’évaluation est nécessaire à titre collectif, pour déterminer ce qui doit être plus particulièrement travaillé dans une classe[4], comme au niveau individuel pour apprécier le soutien à mettre en œuvre.
L’évaluation permet également de comparer des classes et des écoles entre elles. Il ne s’agit pas d’établir un classement et un palmarès, mais de savoir où il faut agir et comment il importe de le faire[5].
Le ministre de l’Éducation nationale indique que les tests :
« montrent que 23 % des élèves en début de CP ont des difficultés à reconnaître les lettres et le son qu’elles produisent. Ils ont besoin d’un renforcement de compétences pour bien entrer dans l’écriture et lecture. Les tests indiquent aussi que 8 % des élèves ont des difficultés à reconnaître les nombres dictés.
Concernant les élèves en début de CE1, 30 % des élèves lisent moins de 30 mots par minute, alors que l’objectif national est de 50 mots. Un élève sur deux (49 %) a des difficultés en calcul mental et 47 % ont des soucis pour résoudre des problèmes. » (Entretien du ministre à METRO)
Il indique des solutions qui vont être mises en œuvre[6].
LES DÉFICIENCES DANS LES SAVOIRS DE BASE SE RÉPERCUTENT SUR LES JEUNES À LEUR ENTRÉE DANS LA VIE ACTIVE
Pour les professionnels de l’emploi, l’existence d’un public jeune maitrisant peu ou pas les savoirs de base est un constat régulier, c’est le cas, par exemple, au sein des Missions locales.
Aujourd’hui, la question d’absence de maitrise du numérique tient la « une » de l’actualité, mais les défauts de maitrise du « lire, écrire, compter et comprendre » précèdent bien évidemment celle du numérique.
La mise à niveau d’adolescents et de jeunes adultes, sortis de formation initiale, les décrocheurs, du secondaire[7] ou du supérieur[8], ne va pas de soi qu’ils soient volontaires ou non (dans nombre de cas).
C’est pourquoi l’enjeu de la qualité de la formation initiale apparait primordial. Dans cette perspective, c’est l’enseignement primaire qui constitue la clé de tout.
L’exigence d’un niveau « obligatoire » d’apprentissage qui existait il y a quelques décennies a été abandonnée avec la généralisation de la poursuite des études, la réduction drastique des redoublements, et une quasi-disparition de sanctions de l’absence de connaissances, de compréhension et de travail, d’une fraction de la jeunesse (qui peut être estimées entre 10 à 15%).
Le propos du ministre qui dénonce « l’effet pervers de reporter l’acquisition des compétences à l’année d’après. » m’apparait comme bien résumer le laisser-faire du système de formation initial actuel dont sont victimes les élèves les plus défavorisés, quelles que soient les raisons de leurs difficultés (aptitudes initiales, comportement personnel, handicap éventuel, contexte social, environnement, etc.).
Le fait de mesurer l’absence de maitrise des savoirs de base en fin de scolarité, dans le secondaire, ou même en première année d’université[9] apparait comme beaucoup trop tardif.
[1] Au début de CP et de CE1.
[2] Le ministre de l’Education nationale a répondu à ces critiques portant sur le principe et la forme de l’évaluation. Voir : https://bit.ly/2QRONAl
Ces critique et la répose à celles-ci mettent en évidence un débat idéologique portant sur la mesure du niveau des acquis ou le refus implicite, ou explicite, de celui-ci.
[3] « (…) les enseignants recevront les parents pour leur restituer les résultats des tests et leur dire ce qui est prévu pour que leur enfant progresse dans ses apprentissages. » – Le ministre de l’Education nationale.
[4] « Ces évaluations donnent aux enseignants une vision précise des compétences de chaque enfant en début d’année et leur fournissent un panorama de la classe, qui va les aider à programmer leurs séquences pédagogiques. » – Le ministre de l’Education nationale.
[5] « C’est à l’école d’apporter à cet enfant ce que sa famille n’a pas pu lui donner. On ne doit laisser aucun élève de côté » – Le ministre de l’Education nationale.
[6] Le ministre a cité plusieurs pistes : Heures d’aide personnalisée. Mesures en appui des enseignants. Dédoublement des classes de CP et CE1 en zones d’éducation prioritaire. Instruction obligatoire dès 3 ans. Réforme de la formation initiale et continue des enseignants… Un projet de loi doit reprendre ces mesures.
[7] De l’ordre de 100 000 décrocheurs infra bac chaque année, selon le comptage, constituent le noyau dur.
[8] On compte environ 100 000 jeunes en échec en premier cycle universitaire sortant sans aucun diplôme supérieur au bac.
[9] Nombre des universitaires témoignent de la qualité insuffisante du niveau en langue française ou en compréhension de certains étudiants qui viennent d’avoir le bac. Des copies anonymes d’examen circulent et étayent ces critiques. C’est pourquoi PARCOURSUP, a officiellement intégré une procédure conditionnelle d’entrée dans des formations universitaires (« Oui, si… »).
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