LE MICRO-TRAVAIL EST UNE ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE ENCORE PEU CONNUE
Des plates-formes[1] proposent à des entreprises d’externaliser la réalisation de micro-tâches répétitives, exécutée en ligne, en les confiant à de nombreux internautes inscrits sur une de ces plateformes.
Des personnes inscrites sur ces plateformes effectuent, sur un ordinateur ou un smartphone des travaux basiques, courts et très fragmentés, n’importe où et n’importe quand contre une rémunération. Il ne demande a priori pas de compétences particulières.
Le travail peut consister à effectuer une recherche sur le Web, à trier des données, à prononcer des mots, à retranscrire une phrase, à légender ou détourer une photo, à répondre à un questionnaire, etc.
Beaucoup de ces micro-tâches contribuent générer des données destinées à nourrir des bases et préciser des algorithmes, afin d’améliorer des systèmes d’intelligence artificielle (IA).
La rémunération à la tâche va de quelques centimes à quelques euros, sans tarif ni contrôle. Le revenu mensuel moyen qu’apporte le micro-travail (toutes plateformes confondues) serait en moyenne de l’ordre de 21 euros par mois en France. Mais comme ce montant est très différent selon les micro-travailleurs, cette moyenne cache des internautes travaillant bien davantage avec une rémunération inférieure.
Le travail, autant que l’on puisse en estimer les temps, est selon les études inférieur de moitié au salaire minimum.
Dans la plupart des cas, les personnes concernées travaillent déjà, et recherchent un complément de revenu. Elles ne connaissent pas le client final, ni en fait la nature du travail. Les micro-travailleurs sont aussi mis en concurrence, les uns avec les autres, pour être le premier à faire le clic qui gagne. Inversement, ils demeurent invisibles pour le client.
MAIS LE MICRO-TRAVAIL SE DÉVELOPPE, IL FAUDRAIT FIXER DES RÈGLES
Une étude fait apparaitre un nombre important de personnes concernées (250 000)[2], tandis que d’autres travaux concluent sur un public actif beaucoup plus restreint. Il semble en effet qu’il y ait un grand écart entre le nombre des personnes inscrites sur les plateformes et celles effectivement actives de manière régulière. Le nombre des inscrits d’un jour n’est pas significatif dans ce cas, comme dans d’autres.
Par exemple, la population active sur une plateforme étudiée (https://www.foulefactory.com/) est de l’ordre de 3 000 personnes sur deux mois dont un millier d’actifs.
Ce nouveau mode de sous-traitance entraine un questionnement sur les rémunérations et les conditions d’activité des travailleurs.
Le micro-travail (ou crowdworking) se positionne en marge du travail indépendant avec un paiement à la tâche.
Il illustre un risque de dérive sur le marché du travail. Il n’a pas de cadre légal en France. Il doit en trouver un avant de potentiellement s’accroitre.
[1] 26 plateformes ont été référencées.
[2] « Le Micro-travail en France » – Projet DiPLab (Digital Platform Labor) (Télécom ParisTech et CNRS) – http://diplab.eu/
Le projet DiPLab (Digital Platform Labor) a été conduit au sein de Télécom ParisTech (grande école spécialisée dans les sciences et technologies) et du LRI (Laboratoire de recherche en informatique) du CNRS.
Dix chercheuses et chercheurs ont analysé des données natives du web, administré des questionnaires en ligne à près de 1000 micro-travailleurs, et réalisé plus de 90 entretiens auprès de travailleurs, entrepreneurs et propriétaires de plateformes.
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