LE NOMBRE DE MICRO-ENTREPRENEURS A PROGRESSÉ DE PLUS DE 15%.
Fin 2018, on dénombrait 1,36 million de micro-entrepreneurs (ME)[1].
En 2018, 461 000 nouvelles immatriculations de ME ont été enregistrées, soit +24% de plus qu’en 2017[2]. Compte tenu de 280 000 radiations, le nombre de micro-entrepreneurs aura progressé de plus de 15%.
Après une période de stabilité entre 2011 et 2016, le nombre d’immatriculations au dispositif a augmenté en 2017, puis en 2018.
Les plus fortes progressions concernent les secteurs du transport, des activités immobilières, des activités de nettoyage, des activités sportives et la santé[3].
Pour le « transport »[4], les inscriptions répondent à la demande des plateformes de livraison à domicile, pour lequel la qualification du statut fait aujourd’hui débat.
LE CHIFFRE D’AFFAIRES DES MICRO-ENTREPRISES A AUGMENTÉ DE PRES DE +25%
Parmi les micro-entrepreneurs, un peu plus des trois quarts ont généré un chiffre d’affaires au cours de l’année 2018. Le chiffre d’affaires global déclaré s’établit à 12,4 milliards d’euros, soit une hausse de près de +25% par rapport à 2017[5].
« Ces augmentations ont été largement favorisées par le doublement au 1er janvier 2018 des plafonds de chiffres d’affaires ouvrant droit au dispositif ME. Ainsi, les seuls ME déclarant en 2018 un chiffre d’affaires supérieur aux plafonds 2017 contribuent à hauteur du quart de la hausse du nombre de ME économiquement actifs et à hauteur des deux-tiers de celle du chiffre d’affaires global. » – Acoss Stat n° 289
Mais le chiffre d’affaires moyen des micro-entrepreneurs s’établit à moins de 12 000 euros par an.
LES MICRO-ENTREPRENEURS ONT DES MOTIVATIONS DIVERSES
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Ainsi, en 2018, les salariés du secteur privé représentent 39% des ME « économiquement actifs». Il s’agit pour eux d’une activité complémentaire, souvent à un temps partiel[6].
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Parmi les autres micro-entrepreneurs, on trouve des fonctionnaires, des retraités, des étudiants, des chômeurs, des personnes ayant d’autres ressources, etc.
Tous les micro-entrepreneurs ne sont pas référencés comme des « actifs » a priori dans les statistiques du ministère du Travail ou de l’Insee.
La motivation la plus fréquente des micro-entrepreneurs est l’obtention d’un revenu complémentaire (parfois ponctuel).
Le projet de micro-entreprise, comme première étape de démarrage d’une activité principale, est plus rare. Les créateurs ayant un projet, sérieux et finalisé, se projettent plutôt directement vers la création d’une entreprise personnelle ou d’une SARL.
42% DES INDÉPENDANTS SONT DES MICRO-ENTREPRENEURS[7]
L’Insee dénombre de l’ordre de 3,1 millions d’indépendants, ce qui représente près de 12% des actifs.
Parmi eux, on compte des métiers très divers : des professions libérales[8], des agriculteurs, des dirigeants de PME, des chauffeurs de taxi, des artistes, des micro-entrepreneurs, etc. avec des statuts très variés.
Depuis une dizaine d’années, les effectifs des indépendants progresse, grâce au développement de la micro-entreprises. Il s’agit d’une développement d’activités plutôt que d’emploi.
Les raisons de ce développement sont multiples : incitations publiques à la création d’entreprise multiplication des plates-formes faisant appel à des prestataires indépendants, recours accru des entreprises à l’externalisation plutôt qu’au salariat, etc.
LA CROISSANCE DU NOMBRE DE MICRO ENTREPRENEURS EST MALHEUREUSEMENT PORTÉE PAR LE DÉTOURNEMENT PAR LES PLATEFORMES
La micro entreprise répond principalement à une demande sociale de revenus complémentaires pour diverse personnes à faibles ressources. Elle permet un élargissement du marché du travail à des activités, le plus souvent irrégulières ou ponctuelles, en faveur des entreprises ou des particuliers. Enfin, elle conduit à déclarer des activités échappant au salariat de par leur nature. Elle participe à la réduction du travail au noir, compte tenu d’un statut fiscal incitatif.
Mais le développement récent du nombre de micro-entreprises, que confirme les chiffres, a une origine contestable. Car il repose sur un recours de plateformes (transport, livraison, etc.) à des micro-entrepreneurs.
Ce recours s’apparente à un véritable détournement de la vocation initiale du dispositif initial, dans la mesure où il vient de substituer à des formes de salariat.
Une réponse politique reste attendue pour codifier le travail pour une plateforme unique, maitrisant les tarifs de prestation, bénéficiant de liens de subordination et de pouvoir de sanction vis-à-vis des travailleurs, etc.
Les réflexions gouvernementales portant sur un statut hybride, et probablement inadapté, des travailleurs n’en finissent pas, alors que le problème s’étend et que la seule issue apparait judiciaire, même si les actions en cours prennent du temps.
La croissance du nombre de micro entrepreneurs est malheureusement portée par ce détournement et mérite débat.
[1] Le statut d’auto-entrepreneur a été mis en place voilà 10 ans. En 2014, il a changé de dénomination pour « micro-entrepreneur ».
[2] Source : Acoss Stat n° 289 – Juillet 2019
[3] On trouve également des activités comme la formation, les services aux entreprises (conseil, traduction, design, etc.), les services aux particuliers comme les soins à domicile (coiffure ou soins du corps), etc.
[4] Dans le transport, le nombre des travailleurs indépendants aurait augmenté de l’ordre de 45% entre 2011 et 2017.
[5] « Cette progression s’explique à la fois par celle du nombre de ME économiquement actifs (+ 13,3 %) et par celle du chiffre d’affaires moyen (+10,2%), lequel s’établit désormais à 11 298 euros par an. »
[6] « Ces ME salariés sont globalement plus jeunes que la moyenne, occupent un emploi salarié plus souvent à temps partiel, en général dans un secteur différent de celui de leur micro-entreprise, et dégagent de celle-ci un chiffre d’affaires plus faible que les autres ME. »
[7] Ils n’étaient que 26% en 2011.
[8] Dont des médecins, dentistes, vétérinaires et pharmaciens, des comptables, des avocats, huissiers et notaires, des psychologues, sophrologues et homéopathes, etc.
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