Lors de la présentation par le gouvernement de la réforme de l’assurance chômage, en juillet 2019, avait été annoncé l’embauche de 1 000 salariés à Pôle emploi en CDD de trois ans ; Ces postes devant être financés par l’Unédic.
Les informations sur ces recrutements se précisent.
UNE RÉORGANISATION DES PERSONNELS EST ENGAGÉE AU SEIN DE POLE EMPLOI, LES RECRUTEMENTS ANNONCES SERONT POUR PLUS TARD.
Il s’agit, dans un premier temps, de procéder à une réorganisation au sein de Pôle emploi.
A titre « volontaire », 1 000 salariés en poste à Pôle emploi devraient être affectés des conseillers en charge des relations avec les entreprises entre septembre et décembre 2019.
Ces « volontaires » retrouveraient leur poste actuel sous trois ans, progressivement remplacés par des personnes embauchées à l’extérieur, ce qui suppose que les crédits soient votés chaque année pour assurer ces recrutements.
En effet, Pôle emploi réduit encore ses effectifs de 1 200 postes et ne débutera son plan de recrutement de 1 000 nouveaux conseillers qu’entre janvier 2020 et 2023…
Le contrat en CDD qui leur sera proposé est fortement contesté par les syndicats.
En résumé, Pôle emploi ne recrute pas sur ces postes en 2019[1], comme en atteste un complet silence sur son site de recrutement[2].
UN RENFORCEMENT DE L’ACCOMPAGNEMENT DES ENTREPRISES DEVRAIT AVOIR LIEU EN 2020
Dans le cadre de sa réorganisation, Pôle emploi devrait augmenter de 23% ses effectifs de conseillers en relation avec les entreprises. Ils passeraient de 4 300 à 5 300 au début 2020[3].
Les postes seraient réparties dans chaque région en fonction du nombre d’offres recueillies, des prévisions d’embauches difficiles et du nombre d’offres non pourvues au-delà de 30 jours. Cela suppose une mobilité des agents de l’établissement.
Pôle emploi, dans le cadre de la réforme de l’assurance chômage, a reçu pour mission de l’État :
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D’apporter une aide à chaque entreprise, dès lors qu’une offre resterait « sans réponse plus de 30 jours après son dépôt »,
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De diagnostiquer la nature du problème rencontré au sein de l’entreprise sur ce recrutement[4].
Cette règle du jeu reste théorique, car elle dépend évidemment de la nature de l’offre (date du recrutement effectif et pas de la date de dépôt de l’offre, type de contrat de travail, etc.).
Les fonctions que l’on demande d’exercer aux nouveaux « conseillers entreprises » de Pôle emploi (et à ceux en postes) nécessite une formation correspondante et une bonne maitrise des outils internes.
Il s’agit en effet d’assurer une fonction de « conseil en recrutement » au sein des entreprises, qui dépasse largement le travail habituel de collecte, d’aide à la formulation et de gestion des offres d’emploi, entrant sur la base de données de Pôle emploi.
CE CHOIX DU MINISTÈRE DU TRAVAIL DÉCOULE DU DISCOURS RÉCURRENT SUR LES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT
Ce choix du ministère du travail découle du discours récurrent sur les difficultés de recrutement[5], dont l’importance freinerait l’activité et la baisse du chômage.
Ce discours commun au gouvernement et au patronat fait évidemment débat, car il sert à culpabiliser les demandeurs d’emploi en faisant l’économie d’une analyse propre à chaque secteur et fonction.
Les candidatures ne font généralement pas défaut, mais elles sont marquées par un manque de formations aux compétences recherchées ou elles pâtissent d’un déficit d’image du secteur ou bien elles peuvent être écartées par un manque d’expérience, de motivation, de compétence…
LE RENFORCEMENT DE L’ACCOMPAGNEMENT DES DEMANDEURS D’EMPLOI SE FERA A MOYENS CONSTANT.
L’affectation de 1 000 postes n’avait pas été bien précisée en juillet. Ils ne concerneront pas l’accompagnement des chômeurs contrairement à ce qui avait été suggéré un temps.
La demande du ministère du Travail porte sur l’organisation pour tout nouvel inscrit à Pôle emploi de deux demi-journées d’accompagnement collectif, dans les quatre premières semaines.
Cette approche comprenant diagnostic et techniques de recherche d’emploi (TRE) semble un minimum raisonnable[6].
Ce nouveau service devrait mobiliser 3 000 conseillers (en ETP), mais il aura lieu sans renfort externe. Cela suppose une réorganisation avec a priori des gains de productivité et l’abandon d’autres procédures.
LA COMMUNICATION SUR CE SUJET EST SOUVENT FAUSSE
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Les Échos titrent : « Difficultés de recrutement : Pôle emploi passe à la vitesse supérieure » – 30/08/2019.
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France 2 – France Télévisions titre : « Pôle Emploi va recruter 1 000 nouveaux agents » – 30/08/2019.
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Rebondir titre : « Difficultés de recrutement : pour aider les entreprises, Pôle emploi augmente ses effectifs. » – 30/08/2019.
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BFMTV titre : « 1 000 nouvelles embauches chez Pôle emploi pour aider les entreprises à recruter » – 30/08/2019.
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Etc.
Ces titres des médias ne relatent pas la réalité des faits qui est constituée par la diminution des effectifs de Pôle emploi, en cours depuis deux ans, et par une réorganisation interne, portant sur des objectifs difficiles à atteindre avec des moyens dérisoires par rapport aux objectifs.
LIRE : Pôle emploi peut-il assurer les missions qui lui est dévolues dans le cadre de la réforme de l’assurance chômage ? – 19 06 19 – https://bit.ly/2MWaJxn
[1] « Ces 1 000 CDD ne compenseront pas les pertes de postes que l’on a eu depuis trois mois. Sur l’année 2019, c’est déjà plus de 1 200 postes qui ont été ou qui sont en train d’être supprimés » – CGT Pôle Emploi.
La baisse des effectifs serait gelée en 2020 et 2021 ; ce qui reste à confirmer à lire les budgets annuels de l’établissement.
[2] https://recrute.pole-emploi.org/accueil.aspx?LCID=1036
[3] Le plan prévoit de renforcer l’offre de service Entreprise en proposant 1 000 missions de 3 ans au sein des équipes Entreprises. Les conseillères et conseillers emploi volontaires et retenus pour ces missions seront remplacés dans les sites par des CDD de 3 ans.
[4] Le conseiller devra recontacter l’entreprise, diagnostiquer le problème, l’aider à trouver une solution (travail sur la formulation de l’offre, présélection de candidats, formations…) et s’engager contractuellement sur un délai pour la mettre en oeuvre.
[5] En 2017, selon Pôle emploi, entre 100 000 et 170 000 offres d’emploi en CDI ou CDD de plus de 6 mois auraient été abandonnées « faute de candidats adéquats ». Les raisons des abandons ne sont pas données : nature de l’offre, salaire, lieu de travail, etc.
[6] A titre personnel, le cycle, que j’ai eu l’occasion de mettre en œuvre dans un cadre associatif, comprenait 6 demi-journées obligatoires, plus des modules optionnels, en sus des entretiens individuels.
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