LE NOMBRE DES CHÔMEURS, IMMÉDIATEMENT DISPONIBLES, A ATTEINT LA VALEUR RECORD DE 4 575 500 A FIN AVRIL 2020.
Le nombre d’inscrits à Pôle emploi a peu augmenté sur un an : +158 900 (+2,4%). Il atteint en avril 2020 les 6 712 900 personnes[1].
A ce stade, il s’agit d’un faux-semblant, car ce chiffre ne prend pas en compte l’ensemble de la population considérée, au sein de laquelle se sont produits des transferts[2].
L’augmentation est ainsi effectivement de +938 200 demandeurs d’emploi en catégorie A, sur un an, pour la France entière. Car les demandeurs d’emploi inscrits ont migré en masse des catégories B et C (qui diminuent de -34%) à la catégorie A, des chômeurs immédiatement disponibles qui augmente de +26%.
Au mois d’avril, durant la période de confinement, leurs emplois en contrat court, ou à temps partiel, ont très souvent disparu. Ils sont donc immédiatement disponibles.
L’AUGMENTATION DES INSCRITS EN CATÉGORIE A FAIT CROITRE DE 26% LE NOMBRE D’ACCOMPAGNEMENT QUE LES CONSEILLERS DE POLE EMPLOI DOIVENT ASSURER.
Les entrées à Pôle emploi diminuent à cause du recours massif des employeurs au chômage partiel (478 100), tandis que les sorties s’effondrent en avril (267 700), faute d’opportunités d’embauche.
Ce mouvement de stockage des inscrits a toute chance de se confirmer au mois de mai.
Il s’agit d’une conséquence conjoncturelle liée à la période de confinement (du 17 mars au 11 mai) et à la période post confinement de remise en route encore contrainte des activités.
Le vrai problème du chômage va se poser avec la diminution du recours progressif au chômage partiel et à la croissance prévisible des licenciements économiques (faillites et réduction des activités pour une durée inconnue).
Il s’agit là d’une évolution principalement structurelle liée à la fois au marché en contraction durable (exportations, etc.) et à la réorganisation au sein des entreprises, suite au confinement (postes étant apparus non indispensables).
C’est cette évolution qu’il conviendra de suivre avec attention au second semestre 2020. C’est à ce stade que peut se produire une réelle explosion du chômage dont l’ampleur reste inconnue.
LA PRÉSENTATION DES CHIFFRES DU CHÔMAGE APPELLE DES COMMENTAIRES
Sur ce blog www.toutpourlemploi.fr, le choix a été fait de suivre l’évolution annuelle des demandeurs de catégories A, B et C, sur la France entière, à partir des tableaux de la Dares-Pôle emploi. A ce titre l’évolution à fin avril, avec +173 300 inscrits, apparait limitée à +2,9%.
La plupart des commentateurs (journalistes, syndicalistes ou politiques) présentent habituellement les chiffres de la seule catégorie A, sur la France métropolitaine. C’est pourquoi ils apparaissent « affolés » par les chiffres du mois d’avril.
Ainsi le Monde titre le 27 mai : « Hausse inédite du chômage en avril : 840 000 demandeurs d’emploi supplémentaires. ». Ce quotidien prend juste en compte une évolution mensuelle de mars à avril, pour la seul catégorie A, sans tenir compte des transferts des catégories B et C de -633 600 (-30%).
La croissance mensuelle, pour le total des trois catégories, n’est d’ailleurs que 209 000 inscrits, soit +3,6% et bien explicable par les circonstances.
[1] Dares – Focus sur les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en avril 2020 – Situation sur le marché du travail durant la crise sanitaire – https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/dares_focus-defm_avril2020.pdf
[2] Transfert des demandeurs d’emploi des catégories B et C en catégorie A sur un an.
A | B et C | A, B, C | A, B, C, D, E | |
Avril 2019 | 3 637 300 | 2 253 800 | 5 891 100 | 6 554 000 |
Avril 2020 | 4 575 500 | 1 489 000 | 6 064 400 | 6 712 900 |
Évolution sur un an | 938 200 | -764 800 | 173 300 | 158 900 |
En % | 25,8% | –33,9% | +2,9% | +2,4% |
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