POLE EMPLOI ANNONCE UNE REPRISE RÉDUITE D’ACTIVITÉ POST-CONFINEMENT EN AGENCE
Pôle emploi devrait organiser sa reprise d’activité post-confinement de manière progressive, dans ses 900 agences. Il respectera les consignes sanitaires données par les pouvoirs publics[1], visant à assurer la protection du personnel et des demandeurs d’emploi venant en agence[2].
La semaine du 11 mai sera consacrée à la « préparation ». « Les équipes aménageront alors les espaces communs et ceux pouvant accueillir du public, et définiront le nombre maximum de collaborateurs et d’usagers pouvant être présents simultanément sur site. »
Les agences devraient rouvrir à partir du 18 mai (9 semaines après leur fermeture).
« Pôle emploi va centrer ses activités sur celles qui nécessitent, pour garantir un service de qualité, d’être réalisées physiquement en agence et uniquement sur rendez-vous. »
Seront possibles des accès des demandeurs d’emploi limités à des rendez-vous :
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Pour s’inscrire ou s’actualiser aux bornes en libre-service ou au matériel des zones d’accueil (photocopieuse, scanner) pour que le puisse,
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Pour rencontrer un conseiller en fonction du profil du demandeur d’emploi ou du recruteur, en cas de nécessité.
« L’accueil sans rendez-vous sera limité aux situations d’urgence, en particulier sur les sujets liés à l’indemnisation des demandeurs d’emploi. »
MAIS AUSSI LE MAINTIEN DES SERVICES EN LIGNE.
Les autres missions de Pôle emploi seront assurées à distance[3]. Les demandeurs d’emploi et les entreprises seront appelés à privilégier les services en ligne dans leurs échanges avec Pôle emploi, c’est-à-dire les contacts téléphoniques[4] et la consultation de plateformes Internet[5].
Une Foire aux questions a été mise en ligne par Pôle emploi pour répondre aux questions les plus fréquentes face à la crise sanitaire COVID-19[6].
Près de 30 000 conseillers (sur 48 000 salariés) auraient pu intervenir en télétravail pendant la fermeture des agences et resteront mobilisés à distance pour accompagner les demandeurs d’emploi.
Cette organisation du travail de l’établissement est annoncée comme devant évoluer dans les mois qui viennent[7].
LA CRISE SANITAIRE POURRAIT ACHEVER LE TRANSFORMATION DE POLE EMPLOI EN UNE ORGANISATION VIRTUELLE
Cette reprise progressive de Pôle emploi intervient dans le contexte d’une augmentation de 246 000 inscrits en catégorie A en mars (plus de 7%) et de la chute du nombre d’offres d’emploi publiées.
Le recours privilégié, par la force des choses aux outils en ligne, ne permet pas de répondre efficacement à l’ensemble de la demande des demandeurs d’emploi et des employeurs.
L’ouverture des agences et des effectifs suffisants est impérative à terme avec une reprise des entretiens physiques, mais apparait peu probable.
Le risque actuel est que la crise sanitaire actuelle conduise Pôle emploi à augmenter davantage encore le caractère virtuel de son activité.
Cette politique de la Direction générale de Pôle emploi, constatée depuis plusieurs années, répond à un impératif économique et à une réduction des effectifs, juste stoppée début 2020.
La forte croissance du nombre des inscrits, suite à la réduction du chômage partiel et la multiplication des faillites, semble devoir hâter cette évolution et, en fait, à changer la nature de Pôle emploi, recentré principalement sur la gestion de l’allocation chômage et son contrôle (radiation, gestion des trop perçus, etc.).
LE DÉVELOPPEMENT DE SERVICES DE SUBSTITUTION ASSOCIATIFS A PÔLE EMPLOI DEVIENDRAIT ALORS, DANS LES FAITS, LA SOLUTION.
A titre d’exemple, les services offerts autrefois par les Caisses d’allocation familiales (CAF) aux bénéficiaires ont été réduits à des services en ligne, des bornes numériques dédiées et quelques créneaux de rdv. La prise en charge des publics fragiles s’est trouvée transférée à des réseaux associatifs[8], sans que cela n’ait été anticipé ni financé.
Face un désengagement humain de l’établissement public, le développement de services associatifs de substitution[9] pourrait apparaitre comme l’unique solution pour faire face aux besoins sociaux en recevant et accompagnant les chômeurs qui le souhaitent.
[1] « Des protocoles précis d’organisation des activités et d’utilisation des équipements destinés à assurer la protection sanitaire des agents et des usagers dans les sites de Pôle emploi sont d’ores-et-déjà définis et seront diffusés prochainement et largement à l’ensemble des collaborateurs. »
[2] « La mise en place de ce plan post-confinement au sein de Pôle emploi se fera sous réserve de la consultation des organisations représentatives du personnel actuellement en cours. »
[3] « Notre stratégie passée, qui a permis de développer les services numériques, a été confortée depuis le début de la crise. La mise en place du télétravail pour les conseillers s’est faite sans problème, le lien avec les demandeurs d’emploi, qui ont notamment pu accéder à un catalogue de 150 formations gratuites en ligne, n’a jamais été coupé » – le Directeur général de Pôle emploi.
[4] « Les conseillers resteront mobilisés à distance pour accompagner les demandeurs d’emploi (par email et par téléphone au 3949) et les entreprises (par email et par téléphone au 3995) et répondre à leurs questions et à leurs besoins. »
[5] « Sur le site messervices.pole-emploi.fr, les demandeurs d’emploi pourront notamment consulter les services conçus pour les aider dans leurs démarches de recherche d’emploi ou trouver une formation. »
[6] Ce questions/réponses est complété et actualisé régulièrement. Version du 6 mai 2020. https://bit.ly/2xLMZVS
[7] « Les modalités de reprise d’activité seront ajustées au fil des semaines afin de s’adapter aux évolutions de la crise sanitaire, aux consignes gouvernementales et à l’organisation globale de Pôle emploi. »
[8] Des acteurs de l’économie sociale dans un contexte non marchand.
[9] Associations de chômeurs, initiatives des collectivités locales, etc.
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