Le Premier ministre a précisé, le 23 juillet, le « Plan jeunes » en préparation[1]. Il a évoqué une enveloppe globale de 6,5 milliards d’euros serait allouée à l’emploi des jeunes pour la période portant sur les années 2020 et 2021.
Il est difficile de dire ce qui ressort de mesures existantes et de mesures nouvelles, dans la mesure où les outils existants sont conservés (Garantie jeunes, CIE, PEC, etc.) avec quelques ajustements.
LA CAMPAGNE DE COMMUNICATION DU GOUVERNEMENT SUR LE « PLAN JEUNES » N’A PAS ENCORE BIEN ÉCLAIRCI LES MESURES ANNONCÉES.
Tout cela reste encore assez flou, en particulier les mesures pour 2021, qui dépendent du projet de loi de finance 2021 encore à venir.
Il y a bien une intention de « bien faire », mais à ce stade, elle parait relever de la communication politique. Le titre du plan « Un jeune, une solution » illustre cette volonté de communication[2], tout comme les annonces en centaines de milliers de jeunes bénéficiaires, au final peu lisibles.
Le discours du gouvernement sur le « plan jeunes » pourrait se résumer à la formule suivante : « L’arrivée de 7 à 800 000 jeunes sur le marché du travail va être difficile ; le gouvernement le sait ; il va préparer des mesures ; il communique sur son intention vis-à-vis de l’opinion : des jeunes et des familles ».
DEUX DISPOSITIFS APPARAISSENT CLAIREMENT EN FAVEUR DES EMBAUCHES DE JEUNES EN ALTERNANCE OU EN EMPLOI.
Pour l’alternance, le plan englobe les aides, en vigueur depuis le 1er juillet, pour les embauches de jeunes en alternance d’ici à la fin février 2021 : 5 000 euros pour un apprenti ou un contrat de professionnalisation de moins de 18 ans, 8 000 euros pour un majeur.
Le résultat de ce plan reste incertain, même si un objectif de 230 000 contrats d’apprentissage et 100 000 contrats de professionnalisation est affiché.
Pour encourager les embauches, une prime est instaurée pour tout jeune de moins de 25 ans, recruté entre août 2020 et janvier 2021, sur un contrat d’au moins trois mois jusqu’à un salaire égal à deux fois le Smic. Il s’agirait d’une « compensation de cotisations » d’un montant de 1 000 euros chaque trimestre pendant un an maximum. Le texte d’application est encore attendu.
Le gouvernement considère que cette prime pourrait concerner 450 000 embauches de jeunes (budget théorique de 1,8 milliards d’euros).
POUR 2021, D’AUTRES DISPOSITIONS CONCERNANT LES CONTRATS AIDÉS, LA FORMATION ET L’ACCOMPAGNEMENT RESTENT A PRÉCISER.
Le recours aux contrats aidés serait relancé en 2021 à hauteur de 120 000 avec :
1. Dans le secteur marchand, 60 000 « contrats initiative emploi » (CIE) pour des jeunes rencontrant des difficultés particulières d’insertion[3] et
2. Dans le secteur associatif ou public, 60 000 « Parcours emplois compétences » (PEC) supplémentaires en 2021. Ce contrat aidé n’est pas initialement ciblé sur les jeunes qui ont été renvoyé vers les contrats d’apprentissage !
Les contrats aidés « Parcours emplois compétences » étaient au nombre de 94 000 en 2019.
Les entrées en Parcours Emploi Compétences (PEC) ont baissé de 51% depuis le début du confinement (15 000 au lieu de 31 000). L’objectif initial de PEC pour 2020 est loin d’être atteint !
Enfin, le plan prévoirait 50 000 entrées supplémentaires en « Garantie jeunes » dans les missions locales en 2021 (150 000 au lieu de 100 000)[4].
Dans la pratique, les entrées initiales en Garantie jeunes ont été de 41 000 au 19 juillet au lieu des 61 000 en 2019 pour la même période (-33%).
Cette baisse aura du mal à être rattrapée au second semestre 2020. D’ailleurs les entrées initiales en PACEA ont baissé de 27% depuis la période de confinement (-28 000).
Pour les jeunes en échec dans l’enseignement supérieur, 100 000 formations qualifiantes, ou pré qualifiantes, devraient être proposées « dans les métiers d’avenir » parmi lesquels la transition écologique, la santé, le numérique et les secteurs prioritaires du plan de relance (encore inconnus à ce jour).
Cette annonce demande à être précisée dans le détail tant sur le mode de mobilisation de 100 000 jeunes décrocheurs en premier cycle universitaire qu’en ce qui concerne les opérateurs (formation initiale ou professionnelle) et que les formations et les qualifications visées.
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SERVICE CIVIQUE :
En marge de la politique de l’emploi proprement dite, 100 000 places supplémentaires en service civique ont été annoncées dont 20 000 missions supplémentaires en 2020 (d’une durée moyenne de 8 mois) et 80 000 en 2021.
Le service civique ne rentre pas dans le cadre de la politique de l’emploi !
L’augmentation annoncée fait suite à une diminution des effectifs au premier semestre 2020 dans le contexte du confinement. Difficile de savoir quelle est la situation exacte aujourd’hui.
[1] Emmanuel Macron a déclaré que « dans la République, aucune jeune ne doit être sans solution ».
[2] « Les plus jeunes, les plus vulnérables, quand il y a une crise qui s’amplifie, sont les plus concernés. » – le Premier ministre.
[3] Les CIE ont été supprimés en 2017 par le nouveau gouvernement, sauf en outremer.
[4] Ce dispositif d’insertion est géré par les Missions locales pour les jeunes sans emploi ni formation, avec un accompagnement renforcé pendant un an et une allocation mensuelle de 497 euros.
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