300 000 A 460 000 EMPLOIS POURRAIENT ÊTRE DÉTRUIT SUR TROIS ANS.
Une récente étude de Bien Commun Advisory porte sur l’impact économique à court terme des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC)[1]. Elle est intéressante.
Elle propose une fourchette estimative de 300 000 à 460 000 emplois détruits, et un effet négatif sur la croissance du PIB de -1,1 à -2,7%, pendant au moins trois ans, en cas d’application des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat.
Téléchargez l’étude complète : https://bit.ly/3gg8IWT.
Donc, compte tenu de ce risque d’impact économique les propositions de la CCC semblent devoir être évalué de manière approfondie, sans même prendre en compte son cout budgétaire.
Le détail de cette fourchette d’estimation est le suivant[2] :
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300 000 chômeurs supplémentaires, pour une baisse de -1,1% de PIB sur trois ans[3],
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460 000 chômeurs supplémentaires, pour une baisse de -2,7% de croissance (soit une récession de -1,6% par an sur trois ans), « au vu du rythme moyen de croissance ces dernières années, ce sont 390 000 chômeurs de plus qui s’ajouteraient aux 70 000 chômeurs supplémentaires (en tout) créés par ailleurs par les mesures sectorielles ».
L’étude conclut que :
« mettre en œuvre les propositions de la convention de manière brutale, sans avoir pris en compte la totalité des aspects et des conséquences aurait sans aucun doute un effet économique immédiat dévastateur qui, in fine, pourrait nuire davantage à la cause écologique qu’elle ne la servirait. »
LE BILAN ENTRE SUPPRESSIONS ET CRÉATIONS D’EMPLOI APPARAIT CLAIREMENT NÉGATIF.
Le bilan entre suppressions et créations d’emploi apparait négatif.
Trois propositions lourdes auraient un effet négatif direct sur les emplois :
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« l’effet de la hausse des tarifs de l’énergie de +14%, recommandée par la CCC[4] ». Cette hausse serait mise en place pour assurer le financement des travaux de rénovation des logements et entrainerait une baisse de pouvoir d’achat ;
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« la fin des aides à l’innovation non orientées vers la transition écologique et donc la réduction du Crédit Impôt Recherche[5] » ;
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« diverses mesures restrictives de l’activité via des moratoires, l’interdiction pure et simple ou une régulation plus stricte ».
Par rapport à ces effets, comme cela a déjà pu être écrit sur ce blog, l’impact positif en matière d’emploi des mesures environnementale reste peu significatif.
L’évolution repose, pour l’essentiel, sur l’évolution des métiers existants : nouvelles techniques et nouvelles pratiques comme pour la rénovation thermique des bâtiments ou la lente progression de l’agriculture bio[6].
L’émergence de nouveaux secteurs productifs, porteurs d’emploi, est envisageable à long-terme, et difficile à chiffrer et à inscrire dans un calendrier. Les efforts sur la consommation énergétique des bâtiments et des véhicules automobiles pourraient apporter des résultats et inscrire la France dans la compétition mondiale dans des domaines comme les bâtiments basse consommation, les véhicules électriques, la production des batteries, etc. Tout cela reste encore lointain.
Il est vrai que la perspective actuelle de l’industrie automobile en France porte davantage sur l’Activité partielle de longue durée (APLD) que sur autre chose !
CETTE ÉTUDE APPELLE A UNE ÉVALUATION PRÉVENTIVE DES RISQUES ÉCONOMIQUE AVANT TOUTE APPLICATION DES PROPOSITIONS DE LA CCC.
Les auteurs de ce rapport ne mettent en cause ni la démarche de la CCC ni ses conclusions en tant que telles.
Mais ils appellent à une indispensable évaluation des risques, ce qui apparait tout à fait légitime :
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« à une évaluation approfondie de leurs effets économiques et sociaux potentiels au-delà des seuls effets budgétaires étudiés jusqu’ici,
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à la prise en compte des risques de remplacement de l’activité nationale par des productions étrangères aux standards environnementaux moins exigeants, pour un effet écologique nul voire négatif,
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à la conception le cas échéant de mesures d’accompagnement rendant plus réaliste la mise en œuvre de certaines propositions. »
Cette première approche critique pourrait utilement déboucher sur une étude de France Stratégie[7].
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Lire le Billet : « Comment la Convention Citoyenne pour le Climat prend en compte l’emploi ? » – 22/06/20 – https://bit.ly/2YmkHM4
[1] L’étude a été menée par Antoine Boulay, Président fondateur du cabinet d’information économique et de communication Bien Commun Advisory, et Hedi Bairam, consultant économiste indépendant.
« Les auteurs ont choisi d’analyser les 22 propositions de la Convention (voir l’étude complète) dont il leur a semblé que l’impact économique serait le plus important et était mesurable, même approximativement. »
[2] « Pour ce qui est de l’emploi, les auteurs n’ont eu d’autre choix, dans le cadre de leurs travaux et avec les moyens dont ils disposaient, que d’appliquer la loi d’Okun pour évaluer l’impact de la décroissance anticipée. »
[3] « Ce qui reviendrait à subir une croissance nulle sur la période compte tenu de la croissance tendancielle, ce sont, en intégrant l’évolution de la démographie. »
[4] En page 283 du rapport.
[5] Cette réduction peut être estimée à hauteur de 1 à 2 milliards d’euros, provoquant une baisse des dépenses de R&D jusqu’à 20, voire 40 milliards d’euros dans le scénario le plus pessimiste.
[6] « Les mesures sur l’alimentation et l’agriculture engendreront une diminution de la valeur ajoutée produite par le secteur agroalimentaire et une augmentation des dépenses publiques. »
[7] Les auteurs évoquent, en particulier, une étude de France Stratégie de 2015, intitulée « La transition énergétique vue par les modèles macroéconomiques ». Il regrettent qu’une approche comparable n’ait pas été intégrée aux travaux de la convention.
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