Suite aux déclarations du président de la République du 14 juillet, le premier Ministre (PM) a prononcé un discours de politique générale devant l’Assemblée nationale. Son contenu diffère sensiblement de celui du Président de la République.
Sur le principe, la ligne déclarée demeure la même[1].
« La lutte contre le chômage et la préservation de l’emploi, priorité absolue de mon Gouvernement pour les 18 prochains mois. »
Le discours du Premier ministre comporte des nombreux effets rhétoriques :
« Ce plan investira d’abord dans notre atout le plus précieux, les femmes et les hommes de ce pays.[2] » (…) « … au-delà de ces mesures d’urgences, nous devons recréer les conditions d’une croissance économique plus robuste, plus innovante, plus écologique et plus solidaire. »[3]
Il rappelle aussi, de manière récurrente, les résultats obtenus par son prédécesseur depuis 2017 : « Beaucoup a été fait depuis 2017. », avant d’évoquer la peur du lendemain : pertes d’emploi, plans sociaux, faillites d’entreprises, etc.[4].
LE PROJET DE « PLAN POUR LA JEUNESSE » EST MIS EN AVANT.
Dans le détail, les choses restent plus floues, puisque le PM a déclaré qu’« un plan pour la jeunesse sera discuté vendredi avec les partenaires sociaux[5] », au-delà des mesures « très fortes » annoncées pour soutenir l’apprentissage.
Pour favoriser l’embauche de certains jeunes, le projet demeure le même avec :
« Un dispositif exceptionnel de réduction du coût du travail, à hauteur de 4 000 euros par an, pour les jeunes de moins de 25 ans, jusqu’à 1,6 Smic, dans toutes les entreprises et pour une durée d’au moins un an. »
Mais la phrase fait penser à une prime (même si le mot ne figure pas) et non à l’exonération de cotisations sociales évoquée la veille par Emmanuel Macron.
Pour lutter contre le décrochage scolaire des jeunes « qui sont les plus éloignés de l’emploi », la cible n’est pas précisément définie.
300 000 « parcours et contrats d’insertion » et 100 000 places de plus en service civique.
Rien de bien précis sur ces parcours (une extension de la Garantie jeunes ?), sur ces contrats aidés (PEC ou autres contrats ?), quant à la mention du Service civique dans le discours du PM, elle laisse supposer une fonction d’insertion au SC, ce qui n’est évidemment pas sa vocation historique.
Le Service civique a pour première vocation l’engagement des jeunes en faveur des autres, d’où son nom.
Le rôle des missions locales n’a pas été évoquée dans le discours, même si elles apparaissent devoir en être le principal acteur, pour les jeunes peu qualifiés.
Pour les formations complémentaires, il ne s’agirait finalement pas de formations initiales, dans le cadre de la prolongation des études annoncée par le président de la République, mais juste de la mobilisation du PIC (Plan d’investissement dans les compétences) à un niveau à préciser.
« Nous nous fixons un objectif de 200 000 places supplémentaires de formation en 2021, notamment au bénéfice des jeunes et des demandeurs d’emploi.[6] »
CONCERNANT L’EMPLOI ET LA FORMATION, LE PREMIER MINISTRE A SIMPLEMENT CONFIRMÉ LA POURSUITE DE LA POLITIQUE ACTUELLE.
Pour l’emploi, le Premier ministre a centré son discours sur le chômage partiel[7] en 2020 et 2021 (pour 8 milliards).
Pour la formation, l’annonce porte sur une augmentation pour 2021 du budget de la formation (1,5 milliard d’euros) et sur un abondement du Compte personnel de formation (CPF) dans les secteurs en tension, reste à connaitre quels secteurs seront concernés, dans le contexte actuel de la récession.
Enfin, les moyens et effectifs des acteurs de l’emploi (Pôle emploi, Missions locales et tous les autres intervenants) n’ont pas été évoqués.
[1] POURQUOI LES MESURES EN FAVEUR DES JEUNES NE CORRESPONDENT PAS A LEURS AMBITIONS ? https://bit.ly/38UOAqp
[2] « C’est la finalité du plan de relance que nous lancerons dès le début du mois de septembre. Il portera sur 100 milliards d’euros et il couvrira tous les grands secteurs économiques et tous nos territoires. »
[3] « La crise a accentué la vulnérabilité des personnes éloignées du cœur de notre modèle économique et de protections sociales : les travailleurs précaires, les travailleurs handicapés, les contrats courts, les jeunes, les indépendants. »
[4] « Les pertes d’emploi, les plans sociaux, les faillites d’entreprises sont malheureusement des réalités que nous constatons déjà et qu’il va nous falloir combattre ensemble. »
[5] « La première urgence, parce que ce sont les premiers touchés par la crise, parce qu’ils sont l’avenir, ce sont les jeunes. 700 000 d’entre eux vont bientôt se présenter sur le marché du travail. Aucun d’entre eux ne doit se trouver sans solution. »
[6] « Sur ce sujet, beaucoup a été fait depuis 2017. Mais nous devons faire plus encore, en investissant 1,5 milliard supplémentaire dans la formation, et en invitant les Régions à amplifier leurs interventions propres. »
[7] Le plan devrait préserver « des dispositifs d’activité partielle qui mobiliseront 30 milliards d’euros cette année, et encore 8 milliards l’année prochaine pour soutenir l’emploi et les salaires dans les entreprises confrontées à une baisse durable de leur carnet de commande. »
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