Le recours massif au chômage partiel, à un niveau élevé d’indemnisation, pour une population massive, sur simple déclaration préalable, est une première en matière de politique de l’emploi en France.
LE NOMBRE D’ENTREPRISES ET DE SALARIES CONCERNÉS PAR LE CHÔMAGE PARTIEL EST IMPRESSIONNANT.
Le sujet parait peu intéresser l’opinion en dépit de son ampleur. Il est vrai que les journalistes ont davantage parlé du télétravail que du chômage partiel !
Il va falloir apprécier la suite de ce phénomène majeur à fin 2020 en matière :
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De sauvegarde de l’emploi avec la mesure du nombre :
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des contrats ou missions non renouvelés,
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des ruptures transactionnelles individuelles ou collectives et
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des licenciements individuels ou collectifs.
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D’embauches en vue de remplacements ou de créations de poste. Le mois de juin est resté sous le niveau de 2019.
Certains éléments apparaissent, dès à présent, sur la période de mars à juin.
Ainsi du 1er mars au 19 juillet 2020, la DARES dénombre 275 Plans de sauvegarde de l’emploi (PSE), concernant plus de 43 000 salariés[1], et plus de 2 000 « Petits licenciements collectifs », dont le nombre de salariés licenciés n’est pas précisé…
PRES DE 20 MILLIARDS D’EUROS ONT DÉJÀ ÉTÉ DÉPENSÉ POUR INDEMNISER LE CHÔMAGE PARTIEL AU PREMIER SEMESTRE 2020.
Depuis mars, le chômage partiel a atteint 1,86 milliards d’heures indemnisés, ce qui correspond à un cout de 19,5 milliards.
Le nombre de salariés effectivement en activité partielle a diminué au mois de juin[2] à hauteur de 4,5 millions (1,5 millions d’ETP)[3]. Ces salariés appartenaient à un peu moins de 300 000 entreprises.
Les chiffres avaient culminé en avril, mois complet de confinement, avec 8,8 millions de salariés concernés (sur 19,7 millions du secteur privé) correspondant à 3 millions d’ETP. Près d’un million d’entreprises y avaient eu recours.
La proportion de demande d’indemnisation (DI) a baissé par rapport aux demandes d’autorisation préalable (DAP) à 28% en juin, contre 91% en avril. La proportion de salariés indemnisés, par rapport à ceux potentiellement indemnisable, est descendue à 16% en juin, après une pointe à 64% en avril.
La sortie de ce dispositif d’amortissement social reste une inconnue faute de précédent.
L’ÉVOLUTION DU RECOURS AU CHÔMAGE PARTIEL RESTE INCERTAINE.
Le recours au chômage partiel a bien diminué en cette fin de premier trimestre.
Néanmoins, il est difficile de dire quel sera le niveau durant juillet-aout (avec les périodes de congés payés), et, surtout en septembre, dernier mois du dispositif de chômage partiel actuel ; avant la réduction du montant de l’indemnisation.
La situation au quatrième trimestre est difficile à prévoir tant elle dépend de la reprise des activités, selon les secteurs professionnels.
De plus, l’hypothèse de mesures de reconfinement local (comme en Espagne à Lérida ou Figueras) pourrait relancer des mesures de chômage partiel.
Un calcul prospectif semble, à ce stade, confirmer la dépense prévue de 30 milliards d’euros en fin d’année pour le chômage partiel, dont 10 milliards à la charge de l’Unédic, qui a procédé à des emprunts à ce niveau.
[1] 16 000 salariés ont été concernés par un PSE sur la même période en 2019.
[2] Estimations de la DARES au 20 juillet.
Ces chiffres sont provisoires, car le délai de demandes d’indemnisation n’est pas clos.
[3] Evolution du nombre de bénéficiaires en millions par mois.
Mars-20 | Avr-20 | Mai-20 | Juin-20 |
7,2 | 8,8 | 7,9 | 4,5 |
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