L’AGGRAVATION DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE DEVRAIT ÊTRE BEAUCOUP PLUS DANGEREUSE QUE LA CRISE SANITAIRE
Le gouvernement a pris des mesures pour amortir les effets immédiats en matière d’emploi d’une récession, estimée à ce jour autour de 10%[1]. Les mesures exceptionnelles de chômage partiel, mise en place en mars, ont été prolongées jusqu’à la fin octobre.
De ce fait, la croissance du chômage a été relativement contenue (+560 000 demandeurs d’emploi) ; elle est due principalement aux fins de contrats (CDD et intérim), aux ruptures transactionnelles et aux arrivées sur le marché du travail avant la rentrée des jeunes[2].
Parallèlement, le gouvernement a développé une communication surabondante dans un objectif politique (par exemple, #1jeune1solution). Elle porte sur des mesures incertaines (pas adoptées et financées) et joue sur le moyen terme (2020 à 2022). Elle peut se justifier par le souhait de maintenir le moral des personnes en recherche d’emploi, mais sera jugé sur ses résultats.
L’exécutif a conscience que l’aggravation de la situation économique et sociale devrait être « beaucoup plus dangereuse que la crise sanitaire » (le Premier ministre[3]).
LE PLAN DE RELANCE DOIT RÉPONDRE A LE RÉALITÉ DE LA CRISE.
L’annonce du « Plan de relance » va contribuer à éclaircir un peu la perspective.
Les pré-annonces des ministres dans tous les domaines, réalisées ces derniers jours, conduisent à un total qui dépasse largement l’enveloppe de 100 milliards !
Dans la pratique, le gouvernement va devoir admettre qu’il ne peut pas continuer à tenir l’économie privée à bout de bras, en rémunérant des salariés qui ne reprendront pas leur poste faute de travail (en l’absence de commandes)[4]. Il est acquis pour lui que la fin 2020 sera désastreuse en matière d’emploi.
L’EFFET DE LA RÉCESSION VA S’ÉTALER DANS LE TEMPS.
Les entreprises, comme les associations, sont en train de faire leurs comptes et préparent l’exercice 2021. Nombre d’entre elles vont conclure qu’elles doivent réduire leurs effectifs salariés, avec, à la clé, des licenciements économiques, des ruptures transactionnelles et/ou des non renouvellements de contrat de travail.
Le repositionnement de nombreuses entreprises à un niveau nettement inférieur d’activité est une condition de leur survie.
Les dépôts de 326 plans sociaux (PSE) et de 2 721 « petits licenciements collectifs », comptabilisés entre mars et le 20 aout par la DARES, illustrent cette tendance.
Tout indique que ces restructurations vont se poursuivre plus rapidement à la rentrée et jusqu’au premier semestre 2021.
LE NOMBRE DE FAILLITES EST PLUS DIFFICILE A PRÉVOIR.
Le ministre de l’Économie juge que la crise économique actuelle devrait se traduire par une vague de faillites dans les mois qui viennent.
« D’habitude il y a 50 000 faillites en moyenne par an, il y en aura sans doute plus dans les mois qui viennent » – Le ministre de l’Économie
De nombreuses défaillances d’entreprise apparaîtront au grand jour après le 31 décembre en 2020 et des responsables d’entreprise se tourneront vers les tribunaux de commerce.
DES CENTAINES DE MILLIERS DE NOUVEAUX INSCRITS A POLE EMPLOI SONT ATTENDUS.
Les prévisions officielles actuelles portent sur 800 000 à 1 million de chômeurs supplémentaires à fin 2020 par rapport à la fin 2019, soit +25% environ.
Il reste difficile de prévoir la hauteur de la vague qui s’annonce, même si elle parait devoir dépasser tous les seuils connus jusqu’à présent.
Un programme de recrutement d’agents de Pôle emploi vient d’être évoqué à hauteur de 2 800 postes par la ministre du Travail. Mais il faut attendre d’en connaitre le détail (type de contrat, date de recrutement, formation des agents, etc.) pour juger de sa réalité.
Seuls sont en cours pour octobre, 650 recrutements déjà prévus pour 2020, dont seulement 5% en CDI.
[1] La prévision optimiste de la Banque de France est pour 2020 de -10%, pour 2021 de+7% et pour 2022 de +4%.
[2] Au 1er semestre, près de 600 000 emplois ont été détruits en France, selon l’Insee.
[3] Jean Castex, mercredi 26 août au matin, sur France Inter.
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