
La vie de beaucoup de jeunes a été touchée par les conséquences des mesures, prises par le gouvernement, pour tenter de répondre à la crise sanitaire.
C’est ce que révèle une enquête, intitulée « Le regard des jeunes Français à l’heure du Coronavirus : état d’esprit, place dans la société et impacts de la crise sanitaire » réalisée début octobre[1].
Près de 2/3 des jeunes ont été touchés personnellement par les conséquences des mesures de confinement ou de réduction des activités :
- Par l’interruption d’une formation (24%). C’est le cas de 42% des lycéens et étudiants ;
- Au travers de l’annulation d’un stage (21%). Des entreprises ont été incapables d’accueillir et d’encadrer les stagiaires car ayant eu recours au télétravail et donc.
- Par la perte d’un emploi (licenciement ou non renouvellement d’un contrat de travail) (18%).
C’est ce qui explique qu’un bon tiers des jeunes (35%) s’inquiètent des conséquences de la crise sur l’emploi (contre 29% pour l’ensemble des Français). Les autres craintes portent sur la « santé » pour 40% et « l’atteinte aux libertés publiques » pour 25% d’entre eux[2].
LA PRIORITÉ DES JEUNES RESTE DE TROUVER UN EMPLOI.
La priorité des jeunes reste de trouver un emploi par rapport à d’autres questions générales.
« Le sentiment de crise économique est si profond que 54% des jeunes vont jusqu’à penser qu’il faut favoriser l’emploi quitte à suspendre ou différer la transition écologique ». Le directeur général adjoint de l’Ifop[3].
Une moitié des jeunes souhaitent que soit donnée une priorité à la lutte contre la pandémie (51%), tandis que l’autre moitié souhaite que soit privilégiée l’amélioration de la situation économique (49%)[4].
Cette situation nourrit les incertitudes et l’arrivée progressive d’une seconde vague ne peut que nourrir l’inquiétude dans l’avenir.
Le discours médiatique et politique[5] accroit encore l’angoisse d’une part des jeunes.
LA NOTION DE « GÉNÉRATION SACRIFIÉE » NE CORRESPOND PAS A LA RÉALITÉ.
Compte tenu de la diversité des situations des jeunes selon leur âge et l’avancement de leur parcours de formation ou de son abandon, la population à prendre en compte est fortement hétérogène.
Il existe des problèmes bien réels, mais ils concernent seulement une part des jeunes pour des motifs divers.
- Certains jeunes diplômés, du CAP aux grandes écoles, courent peu de risques de difficulté d’insertion professionnelle à quelques mois près (métiers de santé, ingénieurs, informaticiens, entrée dans la fonction publique, etc.).
- Tandis que les décrocheurs scolaires ou universitaire (en premier cycle) sont en situation tendue.
- Entre ces deux catégories, il existe des situations très différentes.
S’y ajoutent de manière transversale, les secteurs directement touchés par la crise qui posent un problème majeur : par exemple, comment obtenir un poste après un BTS tourisme ?
Les secteurs du privé sont dans des situations très différentes. Le recours au chômage partiel se concentre principalement sur cinq branches, ce qui illustre bien la situation.
C’EST POURQUOI LES JEUNES RESTENT, EN MAJORITÉ, OPTIMISTES.
Cette diversité de situation explique que les jeunes restent a priori assez optimistes :
« En dépit de l’aggravation de la situation sanitaire et économique, le niveau d’optimisme des jeunes se maintient à un niveau comparable à celui mesuré avant le confinement (62% contre 60% en septembre 2019).[6] » – IFOP
58% des jeunes considèreraient la lutte contre le chômage comme une priorité des actions de l’État.
Les jeunes interrogés se plaignent pour 78% de ne pas pouvoir vivre une vie sociale et affective normale dans une « société du sans contact ». Mais aussi d’être injustement accusés d’être responsables de la reprise de l’épidémie par leur comportement (rassemblement, fêtes, etc.) pour 66%.
Cet optimisme se combinerait avec une vision critique sur la société d’une part d’entre eux. L’état d’esprit des jeunes vis-à-vis de la société française actuelle[7] est, selon cette enquête, le suivant : 22% sont enthousiastes ou confiant, 57% sont indifférents ou résignés et 21% sont révolté.
Les jeunes sont en majorité (66%) satisfait leur place dans la société ; 26% peu satisfait et 8% pas satisfait du tout[8].
UN PROPOS CONCERNANT L’ENSEMBLE DE LA JEUNESSE NE DÉCRIT PAS LA RÉALITÉ.
Il est permis de se demander pourquoi cette notion de « génération sacrifiée » ou de « lutte des générations » est mise en avant par les médias ou les politiques : par ignorance, par amour des mots ou du scandale ou par manœuvre politique.
Le noyau existant de 15% des jeunes peu ou pas qualifiés pourrait s’étoffer, dans un contexte économique de crise, à hauteur de 25 à 30%.
Il faut accompagner ces jeunes mais sans généraliser !
De fait, le maintien des salariés en CDI, via le chômage partiel, a peu concerné les jeunes en amont d’un emploi durable. Mais pas davantage les précaires plus âgés ou le retour à l’emploi des séniors.
[1] Sondage exclusif Ifop, pour La Tribune et Europe1. Enquête menée auprès d’un échantillon de 1017 personnes représentatif de la population française âgée de 18 à 29 ans. Entretiens par questionnaires auto-administrés en ligne du 2 au 6 octobre 2020.
« Dans le contexte actuel de recrudescence de l’épidémie et d’aggravation de la situation économique et sociale, La Tribune a missionné l’IFOP pour réaliser une grande enquête d’opinion auprès des jeunes Français âgés de moins de 30 ans. »
[2] Plus que la moyenne qui se situe à 19%.
[3] https://www.ifop.com/publication/le-regard-des-jeunes-francais-a-lheure-du-coronavirus-etat-desprit-place-dans-la-societe-et-impacts-de-la-crise-sanitaire/
[4] 55% pour les 25-29 ans
[5] « La jeunesse paye un très lourd tribut à la crise sanitaire ». Emmanuel Macron.
[6] « Ces derniers sont par ailleurs significativement plus optimistes que leurs ainés. Seulement 44% des Français déclaraient ainsi en aout être optimistes à l’égard de l’avenir. »
[7] État d’esprit des jeunes vis-à-vis de la société française actuelle
Enthousiaste | 12% |
Confiant | 10% |
Indifférent | 25% |
Résigné | 32% |
Révolté | 21% |
[8] Satisfaction de leur place dans la société
Très satisfait | 9% |
Assez satisfait | 57% |
Peu satisfait | 26% |
Pas satisfait du tout | 8% |
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