La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) vient de confirmer dans un entretien au journal Le Monde une part des réflexions formulées sur ce blog quant aux politiques développées en réponse à la crise économique et sociale, même si son regard appartient à une vision européenne et principalement financière.
LE PLAN DE RELANCE EUROPÉEN RESTE A CONCRÉTISER.
L’efficacité du plan de relance européen de 750 milliards d’euros pour soutenir les économies dépend de la rapidité du versement des montants et du ciblage[1] par les états de l’Union européenne.
« L’objectif de la Commission est de pouvoir les verser début 2021 et il doit absolument être tenu ». La présidente de la BCE.
Mais la concrétisation et le bon fonctionnement du volet européen du plan de relance restent encore à confirmer, sans entrer dans un détail complexe d’une procédure politique inachevé[2]. En effet, les États nationaux doivent présenter leurs plans de relance (acceptés par les parlements nationaux) et la Commission européenne devra ensuite les valider.
Pour sa part, la France espère obtenir de l’Union 40% des 100 Md€ du notre plan de relance, dont le premier volet est examiné dans le Projet de loi de finances 2021.
LA CRISE S’INSTALLE DANS LA DURÉE SELON LES EXPERTS.
Après un rebond observé durant l’été, « la reprise était inégale, incertaine et incomplète ». Elle risque désormais de s’essouffler » devant l’incertitude de la situation.
« Les nouvelles mesures, prises en Europe, pour tenter d’endiguer la pandémie vont peser sur la conjoncture. » – La présidente de la BCE.
La multiplication des cas identifiés et leurs conséquences sanitaires (désigné sous le terme de « seconde vague ») débouchent sur de nouvelles mesures de restriction d’activité (interdictions, horaires, etc.) qui accroissent l’incertitude de la situation et « pèsent sur la reprise »[3] en France et dans la plupart des pays voisins.
« LE PLUS GRAVE, CE SONT LES PERTES D’EMPLOIS. » La présidente de la BCE.
La présidente de la BCE ajoute que :
« C’est un risque pour le tissu social, le revenu des ménages, la demande, et la croissance. Les gouvernements de la zone euro doivent y être extrêmement attentifs. » – La présidente de la BCE.
DES MESURES EXCEPTIONNELLES DOIVENT PERDURER PENDANT LA DURÉE DE LA CRISE.
Elle recommande que les dispositifs mis en place par les gouvernements, pendant cette crise, ne soient pas retirés trop prématurément.
La question de la fin des dispositifs, comme le dispositif exceptionnel de chômage partiel en France, se pose, aujourd’hui, puis en 2021 et 2022, pour des raisons budgétaires.
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Par ailleurs, sans entrer ici dans le détail, les actions financières de la BCE ont été importantes. La BCE a mobilisé des « moyens de stabiliser les marchés et de soutenir l’économie de la zone euro ». Elle dispose encore d’autres outils selon sa présidente, mais les décisions économiques et sociales doivent être prises et concrétisées.
[1] « S’il n’est pas ciblé, s’il se perd dans des dédales administratifs et n’irrigue pas l’économie réelle pour orienter nos pays vers le numérique et le vert, nous aurons raté une occasion historique de changer la donne. » La présidente de la BCE.
[2] Ce plan a été adopté en juillet par les États pour aider les États membres à faire face aux conséquences économiques de la crise sanitaire, mais la discussion est bloquée au Parlement européen, par les conditions émises vis-à-vis de certains pays membres. La Pologne et la Hongrie bloquent un processus qui les excluent des subventions européennes pour non-respect de l’État de droit (condition qui donne lieu à débats).
[3] « Notre scénario central prévoit pour 2020 une chute du PIB de 8 % en moyenne dans la zone euro, en incluant des hypothèses de restrictions partielles, et localisées. Si la situation se détériore, cela noircira évidemment nos prévisions, que nous réviserons en décembre. » La présidente de la BCE.
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