Les restructurations progressent. Entre le 1er mars 2020 au 21 février 2021, 884 Plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ont été déposés concernant potentiellement 103 400 ruptures de contrats de travail.
De plus, 6 865 procédures de licenciements collectifs pour motif économique (hors PSE) ont été engagées, dont 637 pour le licenciement de plus de 10 salariés[1].
LES CONDITIONS D’UNE EXPLOSION DU CHÔMAGE DES SENIORS SEMBLENT RÉUNIES
Dans le contexte de réduction d’activité d’une part significative des entreprises, les plans de restructurations et les plans de départs volontaires se sont multipliés.
En particulier, des plans de Ruptures Conventionnelles Collectives (RCC)[2] sont mobilisés par de grandes entreprises pour inciter aux départs volontaires des salariés seniors[3]. Les RCC permettent de supprimer des postes sans licenciement ni motivations économiques. Ils apparaissent moins coûteux que les PSE (plans de sauvegarde de l’emploi).
Ces politiques de ressources humaines visent les salariés de plus de 50 ou 55 ans, car représentant une masse salariale en moyenne assez supérieure.
Elles devraient se développer avec la fin des mesures exceptionnelles (chômage partie, aides et prêts) au détriment des seniors.
LE TAUX D’EMPLOI DES SALARIÉS SENIOR POURRAIT DIMINUER EN 2021.
Le taux d’emploi des salariés senior pourrait diminuer en 2021, après avoir connu une progression régulière ces dernières années[4].
Entre 2014 et 2020[5], le taux d’emploi des 55-59 ans a progressé de +3,9 points (72,2% des actifs) ; pour comparaison, le taux d’emploi des 50-54 ans est à 80,2%.
Celui des 60-64 ans a augmenté de +7,8 points pour atteindre 32,7%[6].
Le taux d’emploi des 65-69 ans est moins significatif, car il cumule des travailleurs et des retraités travaillant.
Cette tendance est évoquée par de nombreux responsables.
« Nous considérons que les seniors vont être plus exposés au chômage dans la période qui s’ouvre » – Le vice-président de l’ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines).
LE NOMBRE DES INSCRITS SENIORS A PÔLE EMPLOI A JUSTE AUGMENTÉ COMME LES AUTRES, EN RAISON DU RENONCEMENT DE SENIORS.
Le nombre des demandeurs d’emploi de 50 ans et plus a augmenté de 7,1% en catégorie A en 2020 (+4,3% en catégories A, B et C).
Cette augmentation est un peu inférieure à la moyenne toute catégorie d’âge (+7,5% en A et +4,5% en A, B et C).
Mais ces chiffres sont peu significatifs, compte tenu du fait qu’une part importante des sans-emplois concernés sortent volontairement du marché du travail par renoncement. Ce phénomène d’éloignement du monde du travail a été acté durant l’année de crise 2020[7], marquée par des périodes de confinement successives.
LE MINISTÈRE DU TRAVAIL N’A PAS JUGE OPPORTUN DE METTRE EN PLACE UN « PLAN SENIOR » EN 2020 OU 2021.
Les aides du gouvernement ont été concentrée sur les jeunes de 18 à 25 ans (plan 1jeune 1solution).
Ce choix apparait paradoxal (ou peu cohérent) par rapport au projet de réforme des retraites du gouvernement. Celui-ci doit être « mécaniquement » accompagné par une vague de prolongations des carrières !
Une politique d’encouragement à la poursuite des carrières entre 60 et 65 ans, visant les employeurs comme les salariés, apparait comme un enjeu politique majeur sur le marché du travail pour 2022.
[1] Source : Dares – SI RupCo (données de décembre 2019-février 2020 et de mars 2020-février 2021) ; SI PSE-RCC (données de mars 2019- novembre 2019).
[2] Ordonnances Macron de 2017.
[3] De grands groupes, ont déjà incité leurs salariés âgés à partir en préretraite pour réduire leur masse salariale, comme ADP, Michelin Renault, Safran.
[4] Dares – Tableau senior janvier 2021.
[5] Chiffres du 3ème trimestre de l’année concernée.
[6] Variation du taux d’emploi par tranche d’âge (DARES)
55-59 ans | 60-64 ans | 65-69 ans | |
2014 | 68,3% | 24,9% | 5,6% |
2020 | 72,2% | 32,7% | 7,5% |
En points | +3,90 | +7,80 | +1,90 |
[7] « Il ne faut pas minimiser le phénomène de renoncement qui touche actuellement les demandeurs d’emploi. Ces derniers mois, ils ont l’impression que le marché de l’emploi est bloqué et ne s’inscrivent plus. Mais une fois qu’ils entrent dans les statistiques, les plus de 50 ans ont une durée d’inscription largement au-dessus de la moyenne. » – le président de l’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC).
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