Des actifs sans emploi deviennent, ou redeviennent, des inconnus pour les acteurs de l’emploi. Une stratégie de repérage et de récupération apparait comme une priorité sociale. Elle nécessiterait de prendre le problème dans sa globalité.
QUI SONT LES FEMMES ET LES HOMMES INVISIBLES
Les « invisibles » sont des actifs sans emploi, c’est-à-dire des chômeurs ou retirés du marché du travail, qui ne sont plus repérés par les acteurs de l’emploi (Pôle emploi, Apec, Missions locales, etc.).
Ces absences de contacts peuvent provenir de rapports insatisfaisants, dus :
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soit aux intéressés, qui ont fait le choix de cherche seul un emploi compte tenu de leur profil ou de chercher à en créer un à termes ou de ne plus en chercher dans une période donnée pour des raisons personnelles,
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soit à des conseillers emploi, qui n’auraient pas su fidéliser des inscrits (pour des raisons très diverses),
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soit aux deux parties, dans le cadre de responsabilité croisées ou d’usure sur la durée.
Cette situation touche évidemment, au premier chef, des demandeurs d’emploi non indemnisables (ou ayant perdu leur droit à indemnisation), et une population de jeunes qui ont terminé leurs études et n’ont jamais été indemnisés du sans diplôme au titulaire d’un Doctorat.
Par exemple, nombre de jeunes diplômés recherchent un emploi sans recourir dans un premier temps à Pôle emploi ou à l’Apec.
Pôle emploi ne communique pas grand public sur les services proposés…
Les « invisibles » se trouvent hors du jeu classique.
La réforme de l’indemnisation chômage allongeant, à termes, la période de travail accomplie nécessaire de 4 à 6 mois, devrait multiplier mécaniquement le nombre des « invisibles » qui n’auront plus vraiment de raisons de s’inscrire à Pôle emploi.
Le repérage des « invisibles » constitue un enjeu social important.
D’une manière générale, des responsables politiques, de tous bords, peuvent cyniquement souhaiter se passer d’une part des chômeurs en dehors de la catégorie des « demandeurs d’emploi » pour contribuer à la baisse du chômage ou du taux de chômage.
Les circonstances vous parfois en ce sens : cela a été le cas du « retrait du marché du travail » (selon le terme de l’Insee) durant les périodes de confinements en 2020 et 2021.
En ce sens le repérage des « invisibles », s’il est mené va à l’encontre de cette tendance politique récurrente à réduire les chiffres et à communiquer sur ceux-ci.
DEPUIS 2019, DES PROJETS RÉGIONAUX INNOVANTS SONT FINANCES.
Le volet régional initial a déjà permis le déploiement de 237 projets en France.
Ils sont destinés à « aller vers » les publics non repérés par Pôle emploi et les Missions locales.
L’enjeu est de les remobiliser, mais « à travers notamment des activités ludiques, sportives et/ou culturelles » !
Le financement est assuré dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences (PIC).
Une nouvelle vague de sélection d’initiatives a été engagée.
UN APPEL A PROJETS EST LANCE POUR MOBILISER DES INITIATIVES NATIONALES POUR REPÉRER LES « INVISIBLES ».
Le ministère du Travail lance un appel à projets qui vise à mobiliser des initiatives nationales pour « Repérer et mobiliser les publics invisibles et, en priorité, les plus jeunes d’entre eux », au travers de « maraudes numériques »[1].
Il s’agirait de repérer les publics concernés à travers une exploration des réseaux sociaux, des plateformes de jeux en ligne, du net…[2]
La crise sanitaire aurait en effet « amplifié la présence des jeunes dans l’espace numérique ». Cela
« invite à renouveler les approches de repérage et de (re)mobilisation, afin de faire du numérique un levier pour aller vers les jeunes, en s’inscrivant dans leurs codes et références culturelles ».
Un « support de médiation » pourrait alors se développer entre le service public de l’emploi et les publics non repérés, en particulier les jeunes décrocheurs, mineurs ou majeurs.
Les acteurs pourraient être des acteurs de la (re)médiation numérique, des structures de production de contenus d’influence sur les plateformes de vidéo et musique ou des plateformes de jeux en ligne, les réseaux sociaux numériques, etc.
Ces projets mériteront toute notre attention ; ils doivent faire leurs preuves.
[1] Communiqué du 21 juillet 2021. Les projets sont attendus jusqu’au 30 septembre 2021.
[2] « Les projets devront utiliser le digital comme mode de captation ou de prise de contact, mobiliser des solutions personnalisées reposant sur l’intelligence artificielle, s’appuyer sur les leviers motivationnels des publics, en particulier les jeunes, pour créer un lien et les (re)mobiliser. »
La motivation du projet, telle qu’exposé, est la suivante :
« Pour aller vers les jeunes les plus éloignés de l’emploi, il est nécessaire d’utiliser les canaux digitaux, de renouveler les approches de repérage et de (re)mobilisation en s’inscrivant dans leurs codes et références culturelles. En outre le numérique est un support de médiation entre les institutions, en particulier le service public de l’emploi, et les publics dits « invisibles », en particulier les jeunes décrocheurs, mineurs -au titre de leur obligation de formation- ou majeurs en situation de décrochage. »
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