LA FORMATION DES CHÔMEURS DEMEURE UN ENJEU CENTRAL POUR LE SERVICE PUBLIC DE L’EMPLOI.
Les équipes de l’Unédic ont mené une étude sur les trajectoires professionnelles des bénéficiaires de l’allocation chômage avant entrés en formation[1].
Elle permet de mieux connaitre les profils des allocataires entrant en formation[2].
Ces allocataires peuvent continuer à percevoir une allocation en entrant en formation. Ils bénéficient alors de l’Aide au retour à l’emploi – formation (Aref). Cela a été le cas de 110 000 personnes en 2020.
Ces chômeurs quittent la catégorie A pour entrer dans la catégorie D des inscrits à Pôle emploi…
Cette étude ne concerne que la partie indemnisé des inscrits à Pôle emploi et non la formation des autres.
L’ÉTUDE DE L’UNEDIC A CONSTATE DE FORTES DISPARITÉS DE TRAJECTOIRES PROFESSIONNELLES AVANT L’ENTRÉE EN FORMATION.
En fonction de leur parcours (durée passée en emploi selon le type de contrat de travail, durée d’inscription et d’indemnisation au chômage…), « les allocataires ont tendance à s’orienter vers certaines formations plutôt que d’autres ».
Il n’existe pas un parcours classique d’entrée en formation mais une multiplicité de trajectoires que l’étude a tenté d’établir une typologie des parcours d’activité parcours professionnels des allocataires[3] avant leur entrée en formation[4]
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DES RUPTURES DE CDI ET DE CDD LONGS (52%)
Ces deux catégories cumulent une bonne moitié des demandeurs d’emploi indemnisés en formation.
La classe la plus nombreuse (36% de l’échantillon) est composée de salariés ayant connu une trajectoire professionnelle stable, avec une période d’emploi importante, essentiellement en CDI, avant de connaitre une rupture dans leur carrière, que celle-ci soit choisie ou subie[5].
« Les licenciés économiques sont plus nombreux en proportion à accéder à des formations ».
Ils disposent d’un droit long à l’Assurance chômage. Ils sont plus âgés que la moyenne et suivent une formation courte, plus fréquemment que les autres allocataires suivant une formation, pour se perfectionner. Cette catégorie comprend une bonne partie des allocataires en Contrat de sécurisation professionnelle (CSP).
S’y rattache une seconde catégorie ayant eu une durée d’emploi importante, mais essentiellement en CDD d’au moins 6 mois (16%). Ces allocataires recherchent des formations longues avec un objectif de réorientation. On y trouve davantage de jeunes.
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DES PERMITTENTS (40%)
Deux groupes comprennent des salariés ayant alterné période de travail et d’indemnisation. Ils ont peu travaillé durant les deux années précédant leur entrée en formation.
Un groupe (27%) alterne des périodes d’indemnisation (inscrits à Pôle emploi) et de travail beaucoup en contrat d’intérim. « Ce sont plutôt des allocataires de plus de 35 ans, des hommes, peu diplômés. Ils suivent davantage de formations courtes. »
L’autre groupe (13%) est composé d’allocataires ayant travaillé essentiellement en contrats courts (CDD de moins d’un mois ou contrats d’intérim). Ils sont plus jeunes et disposent fréquemment d’un droit à l’Assurance chômage plus court. Ils entament davantage des formations longues et certifiante.
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DES PROJETS DE FORMATIONS DE SANTÉ
Un dernier groupe (8%) se caractérise par « des trajectoires professionnelles et des parcours de formation dans le secteur de la santé, plus souvent des allocataires jeunes, plutôt des femmes ». Mais aussi des formations de services à la personne. Des formations certifiantes sont visées.
L’ÉTUDE A CONSTATE UNE SURREPRÉSENTATION DES JEUNES
Parmi les entrants en formation, la part des jeunes de moins de 25 ans est de 20%, contre 11% parmi l’ensemble des allocataires indemnisés). Les jeunes sont proportionnellement plus nombreux à bénéficier d’un droit à indemnisation, généralement inférieurs à 6 mois, dans la mesure où ils ont souvent été employés en CDD[6].
LA NATURE DES FORMATIONS SUIVIES RESTE STABLE
L’étude fait également le constat que les allocataires suivent des formations d’une durée longue (au moins 6 mois). 43% ont suivi une formation certifiante, sanctionnée par le passage d’un diplôme ou d’un certificat de qualification et 20% ont suivi une formation professionnalisante.
Parmi les formations les plus fréquemment suivies, on trouve des formations : « infirmier », « aide-soignant », de « création d’entreprise », d’« orientation professionnelle » ou d’« anglais ».
Ceci confirme l’analyse récente de Pôle emploi.
En dehors des métiers de la santé, la correspondance avec les besoins en compétences des entreprises ne prime pas, comme en atteste d’autres approches.
[1] Unédic – Quels sont les parcours professionnels des allocataires avant leur entrée en formation ? – 22 septembre 2021 – https://www.unedic.org/publications/quels-sont-les-parcours-professionnels-des-allocataires-avant-leur-entree-en-formation
[2] Les données traitées datent de 2015. « Basée sur les données issues du fichier national des allocataires (FNA) et des déclarations préalables à l’embauche (DPAE), elle porte sur les allocataires de l’Assurance chômage ayant entamé une formation en 2015[2]. Le choix de retenir les entrées en formation de l’année 2015 a été contraint par la disponibilité des données sur les parcours professionnels utilisées pour cette étude. »
[3] Tableau simplifié de la typologie de l’étude des équipes de l’Unédic
Profils | Contrats antérieurs | Formations | Objectif |
Trajectoire professionnelle stable | CDI | Formation courte | Perfectionnement |
Période d’emploi importante essentiellement | CDD longs | Formations longues | Réorientation |
Ancienneté au chômage | Intérimaires | Formations courtes | Emploi durable. |
Contrats de courte durée peu de périodes d’indemnisation. | CDD ou intérim | Formations longues et certifiantes | Emploi durable |
Catégorie spécifique | Tout contrat | Formations certifiantes | Formation santé ou du service aux personnes |
[4] Septembre 2021.
[5] Rupture conventionnelle ou licenciement.
[6] Cette surreprésentation des jeunes explique que l’on trouve, parmi les allocataires en formation, davantage de personnes avec une courte durée de droits (18% contre 8% parmi la population générale des allocataires).
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