FIN 2021, LA DETTE DE L’UNEDIC SE STABILISERAIT AUTOUR DE 65 MILLIARDS D’EUROS.
L’Unédic vient de publier ses prévisions[1]. Après un accroissement brutal et exceptionnel pour faire face à la crise, la dette de l’Unédic se stabiliserait à près de 65 milliards d’euros fin 2021[2]. C’est-à-dire à un niveau inférieur à une prévisions antérieure à 70 milliards d’euros.
Dans cette période de reprise, la dynamique des recettes portée par le rebond de l’emploi et la progression des salaires, ainsi que la baisse des dépenses permet au régime de revenir à l’excédent dès 2022.
Elle commencerait à diminuer pour s’établir à 63,2 Md€ en fin d’année 2022 et pourrait descendre à 60,9 Md€ fin 2023.
Selon cette prévision, la dette resterait supérieure à 60 milliards en 2023, elle n’est pas loin de deux ans de recettes[3].
« À ce rythme, le désendettement total n’interviendra qu’en 2055 ou 2057 », explique le Président de l’Unédic. Enfin, si aucune nouvelle crise ne survient entretemps…
LE RÈGLEMENT DE LA DETTE DU RÉGIME RESTE EN SUSPENS.
Profitant de la garantie de l’État, l’Unédic a facilement contracté des emprunts sur les marchés à des taux bas. Le coût de la dette demeurera faible, si les taux ne remontent pas, par exemple dans un contexte de montée de l’inflation. Un risque existe à ce jour.
Les partenaires sociaux gestionnaires du régime cherchent à obtenir du gouvernement une prise en charge de la part de la dette imputable aux mesures exceptionnelles de la crise sanitaire (chômage partiel, suspension de cotisations, etc.). Celles-ci s’élèvent à près de 20 milliards d’euros, selon l’estimation de l’Unédic. Les discussions prévues entre l’exécutif et les partenaires sociaux ne se sont pas encore concrétisées…
« La crise n’est pas une parenthèse qui se referme comme s’il ne s’était rien passé » a déclaré la vice-présidente de l’Unédic (CFDT).
LE SOLDE FINANCIER DE L’UNEDIC S’AMÉLIORERAIT
Le déficit financier de l’Unédic a été de –17,4 Md€ en 2020. Le solde financier serait de –10 Md€ en 2021, puis excédentaire de + 1,5 Md€ en 2022 et de + 2,3 Md€ en 2023[4].
Cette amélioration du solde financier de 11,5 Md€ entre fin 2021 et fin 2022 (de -10 à +1,5) proviendrait de trois causes :
- La fin du financement des mesures d’urgence pour 60% dont 40% pour l’activité partielle, 20% pour les prolongations de droit,
- L’amélioration conjoncturelle de l’emploi pour 25% ; c’est-à-dire du nombre des salariés cotisants et de la hausse des rémunérations,
- Les effets de la réforme de l’Assurance chômage (donc de la réduction des droits à indemnisation) pour 15%, si l’application de ces mesures se poursuit en 2022[5].
LES PRONOSTICS DE L’ÉVOLUTION DU PIB SONT PRUDENTES.
Après un recul du PIB de -8% en 2020, l’Unédic mise sur une croissance du PIB à hauteur de +6,1% en 2021 ; Puis, la croissance diminuerait : en 2022, à +3,8% et, en 2023, à +1,9%.
Ce sont ces prévisions de baisse de croissance qui inquiètent.
FIN 2023, ENVIRON 2,5 MILLIONS DE CHÔMEURS RESTERAIENT INDEMNISES.
Suite à près de 500 000 créations nettes d’emploi fin 2021 (en raison du rebond par rapport à 2020), l’emploi devrait croître plus lentement de +23 000 en 2022 et +96 000 en 2023.
Le nombre de bénéficiaires de l’assurance chômage diminuerait en 2022 :
« Fin 2021, grâce à la fin du dispositif de prolongement des droits et au rebond exceptionnel de l’emploi et, le nombre de demandeurs d’emploi indemnisés par l’Assurance chômage se contracterait de 329 000 personnes par rapport à la fin 2020. »
Les années suivantes, avec la reprise de l’emploi et l’effet plein de la réforme de l’assurance chômage, le nombre de chômeurs indemnisés baisserait de 62 000 personnes fin 2022 et -45 000 fin 2023.
Fin 2023, environ 2,5 millions de chômeurs resteraient indemnisés.
Comme référence, on peut citer le chiffre est de 3,1 millions de demandeurs d’emploi indemnisés en mai 2021[6].
[1]Communiqué Unédic – L’Assurance chômage revient à l’excédent annuel en 2022, mais avec un niveau d’endettement de 64,7 Md€ – 22 octobre 2021
COMMENT SONT RÉALISÉES LES PRÉVISIONS FINANCIÈRES DE L’UNEDIC ?
L’Unédic s’appuie sur les indicateurs macro-économiques (PIB, inflation), les prévisions des grands instituts (Consensus des économistes), les politiques publiques de l’emploi et l’état du droit au moment des prévisions. L’Unédic adapte aussi ses modèles de prévision dans les périodes de crise et de reprise économique. Ainsi, durant la crise de 2020, les restrictions sanitaires liées à la Covid-19 ont été prises en compte dans les prévisions financières, tout comme le rebond exceptionnel de l’emploi en 2021. En période de crise, la conjoncture est marquée par une grande instabilité qui complexifie l’exercice de prévision à court terme et incite à la prudence. C’est notamment la raison pour laquelle l’Unédic met à jour trois fois par an ses prévisions afin de piloter le plus finement possible les finances du régime d’assurance chômage.
[2] « Une dette de 64,7 Md€ fin 2021 qui entame sa décrue après un accroissement brutal et exceptionnel pour faire face à la crise » « Cette dette reste marquée par le poids du financement des mesures d’urgence (19,4 Md€ à fin 2022). »
[3] « L’assurance chômage entame donc sa trajectoire de désendettement mais en repartant d’un niveau plus élevé qu’avant crise du fait essentiellement du financement des mesures d’urgences. » Unédic.
[4] Solde financier et dette Unédic, en milliards d’euros
Année | Solde financier | Dette |
2020 | -17,4 | -54,6 |
2021 | -10,0 | -64,7 |
2022 | +1,5 | -63,2 |
2023 | +2,3 | -60,9 |
Prévisions d’octobre 2021.
[5] La baisse des dépenses de l’Unédic est estimée à 1,86 milliard en 2022 et à 2,22 milliards en 2023.
[6] Synthèse du Bureau de l’Unédic du 16 septembre 2021
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