UNE PÉNURIE DE RECRUTEMENT DANS L’ANIMATION SE CONFIRME.
Certaines structures associatives et collectivités territoriales ont été contraintes de fermer des centres de loisirs en 2021, faute de personnel qualifiés (animateurs).
Les difficultés aux vacances de la Toussaint illustrent bien ces difficultés, la presse régionale s’en fait l’écho.
Une enquête de l’organisation professionnelle Hexopée[1] et du Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire (Fonjep)[2] évoque des difficultés de recrutement. A titre indicatif, l’enquête a constaté que les 1 182 structures ayant répondu ont fait état de 5 245 postes non pourvus soit 10% de leurs effectifs.
L’ATTRACTIVITÉ DES CES ACTIVITÉS RECULE.
Le nombre des candidats aux Brevets d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) et aux fonctions de directeur (BAFD) pour travailler en centres de loisirs ou colonies de vacances a une tendance de fond à baisser[3] et les mesures de prévention de la crise sanitaire ont accru les tensions existantes. De nombreuses sessions de formation ont dû être annulées en 2020 et 2021.
Cette évolution n’a rien d’une surprise, mais les mesures correctives n’ont pas été prises en temps utile par le ministère.
Travailler dans l’animation inquiète parfois les jeunes candidats au Bafa, car être animateur c’est avoir la responsabilité de mineurs.
UNE CONTRIBUTION DE L’ÉTAT DEVRAIT INTERVENIR EN 2022
Le coût total de ces formations se situe généralement entre 800 et 900 € elles bénéficient d’aides des collectivités locales ou de la Caisse d’allocations familiales (CAF).
La secrétaire d’État chargée de la Jeunesse vient d’annoncer, pour 2022, une aide exceptionnelle de 200 € pour contribuer à financer les formations Bafa/BAFD de 20 000 jeunes, sous condition de ressources (quotient familial)[4] [4].
Reste à savoir quelles seront les conditions de ressources exigées ; pour que la mesure porte ses fruits, il ne faut pas limiter l’aide aux jeunes en très grandes difficultés personnelles, le travail d’animateur auprès d’enfants nécessite un engagement personnel, c’est un travail éducatif auprès d’enfants, les animateurs signent un Contrat d’Engagement Éducatif !
Un budget de 4 millions d’euros serait prévu à cet effet par la mobilisation du fonds de soutien aux colonies de vacances, géré par le Fonjep.
En 2022, 50 000 emplois dans le secteur de l’animation seraient disponibles…
LES CONDITIONS DE TRAVAIL NUISENT A L’ATTRACTIVITÉ DES EMPLOIS D’ANIMATEURS
Il s’agit généralement de contrats à durée déterminée courts, correspondant souvent aux périodes de vacances scolaires et/ou de temps partiel pour les centres de loisirs.
Les conclusions de l’enquête d’Hexopée soulignent à la fois les faibles rémunérations et le temps partiel subi comme cause des difficultés de recrutement des personnels.
Ces contrats mobilisent souvent un public d’étudiants travailleurs cumulant études et emploi. Pour ceux-ci, le temps partiel peur constituer un choix positif. Pour les autres salariés, ce n’est pas le cas…
Cette forte représentation des étudiants explique aussi les difficultés de recrutement dans les villes moyennes sans structure universitaire ou d’enseignement supérieur.
D’autres projets sont en réflexion de la part du ministère, ils portent sur la rémunération, le temps partiel, l’abaissement de l’âge d’accès aux formations, etc.[5]
L’abaissement à 16 ans de l’âge d’accès Bafa ne résoudra pas tous les problèmes des employeurs. A 16 ans, je jeune est encore un adolescent, qui peut même encore prétendre à participer à des activités en ACM… L’animateur Bafa de 17 a vis-à-vis de la justice une « majorité de fonction », que va-t-il se passer à 16 ans ?
Une meilleure adéquation entre temps de travail et rémunération serait sans doute la piste à explorer en priorité.
[1] Hexopée est une organisation professionnelle représentative dans les Branches Eclat/Anim, Sport, TSF, HLA/FSJT, elle rassemble, accompagne, représente des employeurs de l’ESS. Ex CNEA.
[2] ENQUÊTE « Les métiers en tension et les besoins dans l’Éducation populaire ». Une large étude a ainsi été ouverte aux adhérents Hexopée et au réseau FONJEP du 4 au 15octobre2021. Elle a enregistré 1 367 réponses de structures et associations. https://adobe.ly/3BbwkFO
[3] « Il y a de moins en moins de titulaires du BAFA. En 2011, ce brevet était attribué à 53 000 personnes. En 2019, ce chiffre est tombé à 43 000. Et la crise du Covid-19 est venue compliquer les choses, en empêchant la tenue de nombreuses sessions de formation. » – La ministre de la jeunesse.
[4] « Le jeune sera accompagné dans ses démarches, à commencer par l’introduction de sa demande, et conseillé par l’organisme de formation. Il n’aura pas à avancer les frais. » Communiqué.
[5] La secrétaire d’État compte aborder avec les représentants des collectivités territoriales et les associations employeuses sur la question des rémunérations et du temps partiel subi, qui pèsent sur ces métiers très mal rémunérés, ainsi que sur l’abaissement de l’âge d’accès au BAFA de 17 à 16 ans.
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