Le Mouvement des entreprises de France (Medef) vient de formuler des propositions variées des entreprises à l’attention des candidats à l’élection présidentielle de 2022[1].
LES PRINCIPES DE BASE ÉVOQUÉS PAR L’ORGANISATION PATRONALE SEMBLENT ASSEZ PARTAGES.
Sa formule d’entrée est la suivante :
« La France a besoin d’une croissance forte et responsable, seule capable de soutenir le pouvoir d’achat, rendre possible la transition écologique et financer notre modèle social. »
Le Medef reconnait la nécessité de suivre l’évolution actuelle de la mondialisation « qui implique de repenser notre place dans le monde et le cadre des échanges ».
Trois points forts émergent :
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La nécessité d’investissements massifs[2] et des prises de risques[3].
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La croissance d’une production en France pour mettre un terme au déficit de notre commerce extérieur, à long terme.
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Une montée en compétences de l’ensemble de la population française.
Ces trois points semblent en phase avec les discours de la majorité des candidats en lice.
Ils sont assez consensuels, si j’écarte ici le débat avec les partisans de la décroissance économique.
MAIS LES PROPOSITIONS SUR LA FORMATION ET L’EMPLOI SONT BEAUCOUP PLUS DISCUTABLES
En ce qui concerne l’emploi et la formation, plusieurs propositions sont formulées par le Medef.
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L’idée de développer le nombre les contrats en alternance recueille une quasi-unanimité[4], reste juste à savoir comment y parvenir…
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« Rapprocher l’enseignement et les entreprises » est sans doute un bon principe, mais les conditions restent à définir par rapport à ce qui existe déjà.
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L’augmentation de +30% en 5 ans du nombre d’ingénieurs diplômés impose un débat sur les conditions de formation et d’obtention du titre.
De même, il est question de « Réintroduire massivement l’enseignement mathématique, scientifique et technologique » suppose un processus de « formation imposée » qui ferait évidemment débat parmi les jeunes et leur famille.
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La remise en cause du régime actuel du CPF entrainera un débat entre les partenaires sociaux. En effet, la proposition du Medef consiste à « Instaurer une codécision sur le CPF, pour l’orienter vers les compétences attendues sur le marché du travail ».
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La régionalisation de « Pôle Emploi dans une logique de contractualisation par objectifs (modèle SNCF) » pose davantage de problèmes. Cette proposition engage évidemment un débat de fond. Pour sourire, on peut se demander si le Medef envisage un éclatement régional du même type !!!
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Une nouvelle réforme du droit du Travail[5] dont le contenu demande à être précisés[6] pour pouvoir être appréciés !
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Pour réformer les retraites, le Medef demande de « Relever l’âge de départ en retraite à 65 ans (à raison de 3 mois par an) » et de « Supprimer les régimes spéciaux et créer trois grands régimes (salariés, fonctionnaires, indépendants) ». Cette formule ne va évidemment pas de soi.
D’autre propositions du Medef concernant les dépenses publiques[7], la fiscalité[8], l’environnement[9], le partage de la valeur[10], les territoires[11], etc.
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L’intérêt des propositions du Medef est d’ouvrir des débats sur la politique qui pourrait être menée entre 2022 et 2027.
Le champ me semble encore demeurer très flou compte tenu des discours des principaux candidats.
[1] MEDEF. Faire réussir la France. https://www.medef.com/fr/actualites/faire-reussir-la-france-les-propositions-du-mouvement-des-entreprises-de-france-pour-la-presidentielle-2022
« Depuis le mois d’octobre, des forums régionaux réunissant des chefs d’entreprises adhérents du Mouvement des entreprises de France se sont tenus dans tous les territoires. Ils ont permis de faire remonter les attentes et les idées. » – Medef.
[2] Mais les investissements devraient être financés « par la baisse de prélèvements obligatoires et la politique de l’offre ». Ce qui implique de lourdes conséquences.
[3] « Les transitions, numériques et climatiques supposent des investissements massifs et de nombreux paris technologiques. » – Medef.
[4] « Porter le nombre d’alternants à 2 millions d’ici la fin de la mandature (contre 1,4 M aujourd’hui). » – Medef.
[5] « Parachever les ordonnances de 2017, en élargissant le champ des négociations possibles. » – Medef.
[6] Il est question de « Faciliter l’utilisation des forfaits jours, développer, monétiser, défiscaliser les CET » ou de « « Reformer le dispositif des transitions professionnelles. » – Medef.
[7] Par exemple, « Repenser la commande publique comme un outil de souveraineté » – Medef.
[8] Ramener les impôts de production à leur moyenne européenne (-35 Mds € en 5 ans) ; Instaurer la taxe carbone aux frontières, en évitant les contournements ; Soutien à l’impôt minimum (OCDE) et à une fiscalité juste des GAFAM…
[9] Par exemple, « Décarboner le mix énergétique en relançant la production d’électricité nucléaire et refonder le marché européen de l’électricité ».
[10] Par exemple : « Développer l’actionnariat salarié en défiscalisant les actions gratuites pour les entreprises de taille moyenne ».
[11] Par exemple : « Permettre une meilleure mobilité des salariés : politique villes moyennes, aides à la mobilité »
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