Une contradiction nette apparait entre deux orientations du ministère en charge de la formation professionnelle.
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D’une part, la ministre évoque un recentrage de l’apprentissage sur les lycéens infra bac.
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De l’autre, il est question parallèlement de réformer les lycées professionnels par une augmentation de la durée des stages.
Ces deux politiques s’adressent aux jeunes à la sortie du collège, sans qu’une cohérence n’ait été trouvé.
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Quels choix d’orientation doivent faire les jeunes entre lycées pro ou CFA,
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Quels choix doivent faire les employeurs entre l’accueil d’apprentis ou de stagiaires ?
L’absence d’une politique cohérente et claire vis-à-vis des jeunes comme des employeurs demeure présente.
LES LYCÉES PROFESSIONNELS ACCUEILLENT UN NOMBRE IMPORTANT DE JEUNES.
En 2021, la filière professionnelle accueillait 638 000 jeunes, soit plus du quart des lycéens (28,5%)[1].
Le bac professionnel a été obtenu par 181 000 lycéens, avec un taux de réussite de 86,6% à l’examen[2].
Ils se répartissent en 83 000 en bac pro production et 98 000 en bac pro services.
Ils représentent 26% du total des 689 000 bacheliers.
Ces chiffres indiquent l’importance actuelle de cette filière dans la formation des jeunes.
UN PROJET DE RÉFORME DES LYCÉES PROFESSIONNELS A ÉTÉ ANNONCÉ.
Les grandes lignes de la réforme des lycées professionnels, évoquées par le chef de l’État, consistent à :
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Fermer des formations qui n’insèrent pas assez les lycéens et en ouvrir d’autres[3];
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Préparer la reconversion des enseignants de matières professionnelles, qui seront concernés par des suppressions de filières ;
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Recruter de nouveaux « professeurs associés »[4], issus du monde professionnel pour animer de nouvelles formations ;
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Augmenter la durée des stages de 50% ;
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Dédoubler les classes[5].
Les points de ce projet de réforme qui dominent sont :
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une augmentation d’au moins 50% de la durée des stages en entreprise durant ce cursus, et sur une indemnisation de ceux-ci, à partir de septembre 2023.
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Une réduction des heures d’enseignement général découlerait de l’augmentation envisagée du temps de stages.
Les organisations syndicales se sont prononcées contre l’augmentation de la durée de stage des lycéens professionnels[6].
Plusieurs syndicats[7] refusent les conséquences de cette mesure, dont :
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« La diminution des heures d’enseignement général et professionnel[8] et les suppressions de postes induites,
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La perte du cadre national des grilles horaires et
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Une révision des cartes de formation au seul prisme des intérêts économiques particuliers des entreprises sur les secteurs d’activité en pénurie de main-d’œuvre ».
Des manifestations ont déjà été organisées.
L’AUGMENTATION DE LA DURÉE DES STAGES NE VA PAS DE SOI
Le problème de l’augmentation du temps de stage s’inscrit dans la réalité actuelle du déroulement de ceux-ci et les critiques sur l’existant sont nombreuses :
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Qualité variable de la qualité des stages (nature de l’activité souvent subalterne, présence ou non d’un tuteur opérationnel, etc.),
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Difficulté à trouver un stage correspondant vraiment à la formation suivie sur le territoire proche du lycée[9],
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Cas fréquent d’absence de stage chez un employeur, etc.
UNE CONCERTATION EST ENGAGÉE SUR LE PROJET LYCÉE PRO
La ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels a constitué quatre groupes de travail pour préparer cette réforme en invitant des représentants syndicaux, des régions, des parents d’élèves, des établissements, des entreprises ou encore des collectivités.
Ils sont consacrés au décrochage, aux poursuites d’études, au taux d’accès à l’emploi et aux nouvelles marges de manœuvre des établissements.
Il aurait été question de « dédoubler les classes », avec une partie des élèves en stage et une autre au lycée, pour que les cours des matières principales de français, de maths, etc. aient lieu en demi classe. L’objectif pourrait ensuite de faire alterner une semaine de stage et une semaine de cours.
Ils devraient se réunir jusqu’aux vacances de Noël et formuler des conclusions fin février 2022 qui déboucheraient sur le projet de réforme.
Les principaux syndicats enseignants du secteur ont refusé d’y prendre part sur la base d’une opposition aux principes de cette réforme.
[1] Note d’information du ministère de l’Éducation nationale 22.10 – mars 2022
[2] Soit 209 000 candidats au bac pro en 2021.
[3] Un premier travail consistera à « revoir la carte des formations » avec les rectorats et les régions, à « fermer certaines formations et à en ouvrir d’autres ». – Emmanuel Macron.
[4] Le statut de ces professeurs reste à préciser !!!
[5] Il faut à la fois : « transmettre les savoirs fondamentaux et permettre de préparer à des métiers ». – Emmanuel Macron.
[6] « Face à la forte opposition des personnels, la ministre, malgré quelques infimes concessions, ne renonce pas en réalité à son projet. Elle persiste à vouloir imposer plus de stages aux élèves » – Communiqué syndical.
[7] Le Snetaa-FO, la CGT et le Snuep-FSU représentent près de 70% des personnels enseignants.
[8] Sur les 59 000 professeurs de lycées professionnels, 35 000 enseignent des disciplines professionnelles.
[9] Les lycéens pourraient risquer d’être cantonné à des métiers existant sur leurs bassins d’emploi.
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