Le projet de réforme des retraites, qui doit être annoncé courant décembre 2022, semble prévoir le passage progressif de l’âge du départ en retraite de 62 à 65 ans.
Le projet de réforme du régime des retraites semble conçu pour parvenir à un équilibre du régime des retraites. Il consiste à :
-
Diminuer le nombre des retraités (en élevant l’âge de départ à 65 ans) et
-
Réduire le montant de la plupart des retraites, via une augmentation du nombre de trimestres nécessaires pour bénéficier d’une retraite pleine.
CETTE RÉFORME AURAIT DES CONSÉQUENCES SUR LES EMPLOIS DES 2023.
LES SALARIÉS EN EMPLOI
Les salariés en emploi, devraient prolonger leurs carrières, dans leur poste, pour bénéficier d’une retraite pleine, donc ils ne seront pas remplacés.
Le recrutement sur les postes des salariés de 62 à 65 ans serait gelé ! Cela conduirait à une baisse du niveau actuel des embauches de remplacement des personnes partant en retraite.
Bien sûr cette évolution serait progressive et l’impact en partie différé, mais pour juger précisément de l’effet induit, une étude globale semble manque.
LES PERSONNES « NI EN EMPLOI NI EN RETRAITE »
Les personnes « ni en emploi ni en retraite » demeureront plus longtemps bénéficiaires d’une aide sociale :
-
Soit d’une indemnisation chômage (ARE) dont la durée sera réduite de 25% en 2023,
-
Soit des Allocations de solidarité spécifique (ASS),
-
Soit d’une aide sociale (RSA, etc.).
Les effectifs de cette dernière catégorie « ni en emploi ni en retraite » est destinée à croitre progressivement vers un niveau important.
En effet, le taux d’emploi des 60-64 ans n’est que de l’ordre de 35% et il est l’un des plus faibles d’Europe[1] ! Ce taux devient anecdotique à partir de 65 ans à 8,6%.
La baisse de charges du régime des retraites serait contrebalancée par des dépenses sociales induites, difficiles à apprécier avec précision, mais a priori importantes, compte tenu de la proportion des personnes sans emploi (qui ne seront plus en retraite).
Cette réalité du marché du travail ne semble avoir été assez prise en compte dans la préparation de cette réforme qui parait, a priori, ne pas devoir tenir compte du contexte général, en particulier du coût global induit.
LA POURSUITE DES CARRIÈRES
Les départs actuels en retraite et pré retraite, et/ou les retraits du marché du travail sous diverses formes, expliquent la baisse du nombre des inscrits à Pôle emploi.
Les taux de chômage et du halo du chômage, selon l’Insee, diminuent également avec le retrait progressif des actifs du marché du travail avec 5% pour les 60-64 ans et 1,6% pour 65-69 ans.
Des mesures, visant à renforcer le nombre des plus de 60 ans en emploi, existent déjà (CDD senior, CDI inclusion, contrats de professionnalisation, contrats aidés, etc.). D’autres propositions ont pu être formulées.
Mais les résultats de ces dispositifs existants, ou peut-être à venir, restent très incertains et difficile à chiffrer.
LA CONCERTATION SUR LE PROJET DE REFORME DES RETRAITES DEVRAIT DÉBOUCHER SUR UN PROJET DE LOI DÉBUT 2023.
La concertation sur le projet de réforme des retraites a débuté en octobre, le ministère du Travail et les partenaires sociaux abordent maintenant la fin des discussions.
Les enjeux sont l’évolution dans le temps de l’équilibre financier des régimes de pension et, en conséquence, des mesures de relèvement de l’âge à partir duquel la pension de retraite pourrait être versée et/ou l’accroissement de la durée de cotisation requise.
La promesse de campagne présidentielle du chef de l’exécutif portait sur le relèvement de l’âge légal de départ en retraite de 62 à 65 ans.
Toutes les organisations syndicales ont exprimé leur refus d’une telle mesure, avec des argumentations sensiblement différentes (mesure inutile, hostilité de l’opinion, etc.).
Le risque d’une forte tension sociale apparait donc probable début 2023.
Reste à connaitre le contenu des dispositions qui figureront dans la version définitive du projet de loi prenant en compte l’âge ou la durée de cotisation, voire les deux, l’avenir des régimes spéciaux de retraite, etc.
Par exemple, le ministre du Travail a évoqué un départ à la retraite à taux plein pour les assurés invalides ou inaptes à 62 ans et pour les travailleurs handicapés à 55 ans.
Selon la formule retenue pour le projet, les salariés devraient être touchés différemment selon leur situation et leur parcours professionnel : durée de leur carrière, niveau de salaire moyen sur une période longue, montant minimal de retraite éventuel, etc.
[1] Taux d’emploi des 60-64 ans en 2020
France | 33,1% |
Union européenne – 27 pays | 45,3% |
Zone euro – 19 pays | 46,1% |
Tableau de bord seniors – Avril 2022 | Activité des seniors et politique d’emploi.
Pas de commentaire sur “Quel impact sur les emplois du passage à l’âge de la retraite à 65 ans ?”