La dette et du déficit annuel de la France en 2022 ont atteint un point haut.
De plus, les taux d’intérêt ont augmenté.
Cette situation semble imposer la réduction de certaines dépenses publiques, même si la croissance des recettes se poursuit.
La question est de savoir quelles lignes de dépenses vont être diminuées dans le budget 2024.
Les secteurs « travail », « emploi », « formation professionnelle » et « jeunesse » pourraient sans doute faire l’objet de certaines réductions budgétaires.
Cette tendance pourrait concerner des dispositifs existants, comme le CPF ou le prime apprentissage, et freiner le développement de certains projets, comme la création de France Travail.
LE BILAN ÉCONOMIQUE DE 2022 EST DÉSORMAIS CONNU.
Selon l’Insee[1], la dette française a atteint 2 950 milliards d’euros à fin 2022, soit 111,6% du produit intérieur brut (PIB)[2].
Le niveau d’endettement a augmenté.
La dette ne s’élevait qu’à 2 379,5 milliards en 2019[3], avant les dépenses engagées, sans réel contrôle, dans le contexte de la crise sanitaire, avec le fameux : « quoi qu’il en coûte ».
La potentielle crise sociale a été réduite en 2020/2021, mais elle va avoir des conséquences.
Le déficit 2022 arriverait à 4,7% du PIB[4], soit 124,9 Md€[5].
Le ministre de l’Economie apparait satisfait, dans la mesure ces résultats sont un petit peu inférieur aux prévisions pour l’année passée :
« Les chiffres de l’Insee pour l’année 2022 confirment la bonne tenue de la croissance française et donc de nos recettes fiscales[6], notamment l’impôt sur les sociétés. Notre stratégie reste la même : améliorer la croissance de la France pour diminuer la dette et maîtriser nos dépenses. »
Parallèlement, les taux d’intérêt ont augmenté autour de 3% depuis la fin 2022, après des taux négatif l’année précédente.
Le projet de loi de finances 2023 situe d’ailleurs la charge de la dette à 52 milliards d’euros en 2023 (+12 milliards par rapport à 2022)
L’OPINION APPARAIT PEU SENSIBLE AU POIDS DU DÉFICIT ET A LA DETTE
L’opinion apparait peu sensible aux chiffres du déficit et à celui de la dette (selon les sondages), mais, dans la pratique, il faudra que le gouvernement explique aux citoyens que cette situation macroéconomique risque de peser lourdement sur les politiques qui vont être menées.
En effet, l’Union européenne a annoncé de rétablir pour 2024 les règles budgétaires antérieures qui ont été suspendues depuis la période de crise sanitaire.
L’objectif officiel du gouvernement français est de revenir à un déficit de 3% du PIB en 2027, et que la dette diminue à partir de 2026.
Sa réalisation nécessite que le hausse mécanique des recettes fiscales (croissance, inflation…) s’accompagne d’une réduction du taux de croissance des dépenses publiques.
- D’une part, des engagements de dépenses sont déjà pris, ou sont sur le point de l’être, pour la « transition écologique » ou pour la loi de programmation militaire. Et le Président de la République a déclaré « On doit investir dans nos services publics, notre école, notre santé… ».
- D’autre part, la recherche de gisements d’économies potentielles a été engagé par le ministère des finances pour 2024. Le critère est de « s’assurer que la dépense publique va au bon endroit, avec de bons résultats ».
La réduction de certaines dépenses serait visée dont les aides aux entreprises, la formation professionnelle, les indemnités journalières versées aux salariés en arrêt de travail, etc.
Des décisions en ce domaine sont attendues dans les prochains mois.
[1] Insee – Informations rapides – No 75 – 28/03/2023.
« La dette des administrations publiques au sens de Maastricht atteint 111,6% du PIB fin 2022, après 112,9% fin 2021. »
[2] La dette publique (Maastricht) en 2022 en Md€
2022 | |
Ensemble | 2 950,0 |
État | 2 359,7 |
Organismes divers d’administration centrale | 74,6 |
Administrations publiques locales | 244,9 |
Administrations de sécurité sociale | 270,9 |
Sources : Insee, DGFiP, DGTrésor, notification de mars 2023
[3] https://www.insee.fr/fr/statistiques/5347882
[4] Déficit public annuel (en % du PIB)
2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
-3,1% | -9,0% | -6,5% | -4,7% |
Sources : Insee, DGFiP, DGTrésor, notification de mars 2023.
[5] Augmentation du montant du déficit annuel (en Mds€)
2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
-74,7 | -208,2 | -162,0 | -124,9 |
Sources : Insee, DGFiP, DGTrésor, notification de mars 2023.
[6] En 2022, les dépenses des administrations publiques, y compris crédits d’impôt, progressent de 4,0%, après 3,9% en 2021 et 5,4% en 2020. Les recettes restent très dynamiques en 2022 et progressent en valeur de 95,7 Md€, soit +7,3% après +8,4 % en 2021.
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