La désindustrialisation de la France se résume en peu de chiffres.
En 40 ans, de 1982 à 2022, les industries sont passés d’un effectif de 5,1 millions d’emploi à 3,2 millions et de 37% des emplois en France à seulement 15%[1].
Les variations ont été différentes selon les industries[2].
HAUSSE DE 1% DU NOMBRE DES EMPLOIS DANS LES INDUSTRIES EN 2022
Les industries avec 3,15 millions de postes au 4ème trimestre 2022 représentent 15% des emplois salariés du secteur privé en France.
On peut se féliciter que l’impact des aléas issus de la guerre en Europe n’ait pas été négative (pénurie de matériaux et de composants, prix de l’énergie, etc.).
Mais la variation des emplois dans les industries reste limitée à +1,0% en 2022, soit +32 300 emplois[3].
Cela représente +0,61% sur trois ans de 2019 à 2022 (+19 200 postes).
Ce chiffre de +32 000 traduit le solde entre les emplois supprimés dans certains secteurs (par exemple fonderies) et les emplois créés, dans d’autres.
Ce chiffre est significatif dans la mesure où pour un emploi créé dans un site industriel
On estime, dans une fourchette de trois à cinq, le nombre des emplois indirects induits (logistiques, service aux entreprises, commercialisation, etc.), soit à terme entre 100 et 150 000 emplois.
DES OUVERTURES D’USINE EN 2022
Un rapport publié Trendeo, éditeur de données économiques, fait des constats optimistes[4].
En 2022, on aurait enregistré un solde positif d’implantations de 80 usines, avec 150 ouvertures et 70 fermetures[5].
Le nombre moyen d’emplois par usine nouvelle aurait également tendance à augmenter.
« La crise de 2020 a été bien surmontée, mieux qu’en 2009, grâce à un effort financier de l’État sans précédent » – Trendeo.
« Sur les 35 000 emplois industriels créés, 5 000 sont apportés par des nouvelles usines et 30 000 correspondent à des extensions de sites. Depuis 2009, on a remarqué que la part des extensions dans les créations d’emplois est de plus en plus importante. » – Trendeo.
Les efforts de relocalisation ne s’accompagnent pas d’un nombre significatif de création d’emploi, dans la mesure où ils reposent sur une mécanisation ou une robotisation forte.
Les 49 mouvements de retour, identifiés par Trendeo, ne correspondraient qu’à 800 postes de travail relocalisés en net.
Les principaux investissements concernent des activités nouvelles en particulier : le matériel informatique et l’électronique (7,5 milliards d’euros), la production d’électricité et de gaz (1,8 milliard d’euros) et l’industrie chimique (694 millions d’euros).
Pour 2023, le nombre de création d’emplois dans les industries pourraient être est inférieur à celui de 2022, compte tenu des données actuelles : pénuries de composants ou de matières premières, flambée des prix de l’énergie et concurrence accrue.
TENDANCES
Selon ce rapport, les fermetures définitives d’usines enregistrées depuis la crise financière de 2009 (2 498 usines fermées en 13 ans) pourraient s’annuler dans les prochaines années[6].
Selon Trendeo, il y aurait « beaucoup de clignotants au vert avec tous les prêts garantis par l’État pour tout ce qui est investissement des entreprises et création d’emplois ».
Le ministère de l’Économie poursuit les investissements du « plan France 2030 » en faveur des secteurs innovants ainsi que sa politique de baisse des impôts de production.
Plusieurs importants projets d’usines nouvelles sont engagés en France (micro-électronique, batteries, etc.).
Le poids effectifs des investissements de l’État et leur répartition dans les industries restent difficiles à apprécier.
[1] Évolution du nombre des emplois dans l’industrie en millions de 1982 à 2022.
| T4 1982 | T4 1992 | T2 2002 | T4 2012 | T4 2022 | |
| Nombre d’emploi en millions | 5,1 | 4,2 | 4.0 | 3,2 | 3,2 |
| Part des emplois | 37,4% | 26,8% | 21,7% | 17,1% | 15,1% |
Insee
[2] Evolution du nombre des emplois entre 2018 et 2022 (3ème trimestre).
| Industries | Effectifs 2022 | Évolution | En % |
| Industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et de pollution | 394 000 | +13 700 | 3,6% |
| Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac | 634 600 | +46 000 | 7,8% |
| Cokéfaction et raffinage | 8 500 | -400 | -4,5% |
| Fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques ; fabrication de machines | 406 600 | +1 900 | 0,5% |
| Fabrication de matériels de transport | 352 900 | -12 700 | -3,5% |
| Fabrication d’autres produits industriels | 1 408 000 | +2 700 | 0,2% |
| Ensemble | 3 204 600 | +51 200 | +1,6% |
[3] Emplois salariés dans l’Industrie
| T4 2019 | T4 2020 | T4 2021 | T4 2022 | |
| Industrie | 3 131 200 | 3 080 700 | 3 118 100 | 3 150 400 |
| Évolution | +26 300 | -50 500 | +37 400 | +32 300 |
| En % | +0,8% | -1,6% | +1,2% | +1,0% |
Insee
[4] Rapport « L’emploi et l’investissement en 2022 en France » – 2 mars 2023 – Trendeo
[5] En 2021, la France aurait connu un solde positif de 150 implantations dans le contexte du rebond économique post-pandémie.
[6] Si le rythme de 2022 se poursuit, avancent ces analystes, « nous pourrions récupérer en quatre ans les pertes de sites industriels accumulées depuis 2009 » – Trendeo
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