En 2023, des mouvements contradictoires traversent le marché de l’emploi en France.
Des secteurs professionnels embauchent après un repli (aéronautique, nucléaire, etc.), tandis que d’autres suppriment massivement des emplois (commerce, habillement, etc.).
LE CHÔMAGE VA REPARTIR A LA HAUSSE EN 2023 ET 2024.
L’économie française a crû de +2,6% en 2022. La croissance devrait se limiter à +0,6% en 223, selon les prévisions de début mars de la Banque de France [1].
Le ralentissement de l’activité devrait avoir raison de l’embellie sur le marché de l’emploi, le gouverneur de la BdF[2].
« Le taux de chômage, tombé en 2022 à 7,3% de la population active, contre 8% en 2020 et 7,9% en 2021, va amorcer une légère remontée en 2023 (7,5%), pour franchir le cap des 8% en 2024, selon les projections de la Banque de France. »
LA PROGRESSION DU NOMBRE DES EMPLOIS A ÉTÉ SUPÉRIEURE A CELLE DE L’ACTIVITÉ EN 2021 ET 2022.
Les chiffres de l’Insee font apparaitre une baisse de -256 000 postes salariés en 2020, puis une hausse de +839 100 en 2021 et de +304 900 en 2022.
« Depuis 2020, les entreprises ont créé des emplois à un rythme bien supérieur à celui de l’activité. »
Le dynamisme du marché du travail en 2021 et 2022 a eu :
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Des causes objectives : le rattrapage de 2020 et la croissance importante des effectifs en contrat d’apprentissage de l’apprentissage (liée à un recadrage du système et aux primes),
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Une cause conjoncturelle : une réticence de certaines entreprises à se séparer d’une main-d’œuvre devenue difficile à trouver.
Une inversion de la courbe du chômage pourrait également être liée au « rétablissement des gains de productivité »[3].
DES SECTEURS CONNAISSENT DES DIFFICULTÉS
Le secteur du marché français de l’habillement enregistre des fermetures de magasins et des suppressions d’emplois (fermeture de magasin, plans de sauvegarde ou liquidations judiciaires).
C’est le cas d’André, Burton of London, Camaïeu, C&A, Kookaï, une vingtaine de magasins Galeries Lafayette, Gap France, Go Sport, Pimkie, San Marina, etc.
Des changements de mode de consommation se cumulent avec le taux d’inflation pour fragiliser une partie des acteurs de ce secteur professionnel.
D’AUTRES SECTEURS SONT EN DÉVELOPPEMENT
Le secteur de l’aéronautique a réduit ses effectifs durant la crise sanitaire, un rééquilibrage s’est engagé en 2022. Les effectifs sont passés d’environ 200 000 salariés en 2019, à 190 000 à la fin de 2021. 2022 a été marqué par une reprise des recrutements, selon le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas).
En 2023, Airbus, Safran et Thales ont prévu de recruter 13 500 en France (près de 40 000 salariés dans le monde). En France, dans le détail, sont prévus 3 500 recrutements pour Airbus, 4 500 pour Safran et 5 500 pour Thalès.
Les recrutements concerneront essentiellement des postes d’ingénieurs, de techniciens et de cadres.
A ce chiffre vont s’ajouter les recrutements de leurs centaines de sous-traitants.
Le nombre des salariés devraient dépasser celui de 2019 en fin d’année.
Les aides de l’État dont le dispositif d’Activité partielle de longue durée (APLD) a été bénéfique pour Airbus. Seuls 500 licenciements ont eu lieu en France au lieu des 4 000 initialement prévus.
Aujourd’hui le secteur dispose d’un carnet de commande pour les années à venir[4]. Les sous-traitants et les fournisseurs de composants doivent suivre.
[1] Ces projections de début mars, « sont entourées d’une incertitude accrue du fait des tensions financières depuis le 10 mars », d’après la Banque de France.
[2] « La projection que nous publions ce lundi 20 mars comprend pour 2023, par rapport à nos précédentes prévisions, un peu plus de croissance et un peu moins d’inflation. La croissance devrait être de 0,6% sur l’année, au lieu de 0,3%. Nous devrions donc effectivement échapper à la récession. L’inflation était prévue à 6% de hausse sur l’année : elle serait désormais plutôt à 5,4%, essentiellement à cause de la modération des prix de l’énergie. » Le gouverneur de la Banque de France.
[3] « En conséquence, après une décennie de progression à un rythme annuel moyen de 0,7%, les gains de productivité par tête « ont été négatifs (–1,4%) en moyenne sur la période 2020-2022 », selon les données de la Banque de France. »
[4] Plus de 7 250 avions Airbus font l’objet de commande, soit plus de dix années de production.
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