LES DEMANDES DE NOUVELLES FORMATIONS POUR DES EMPLOIS NOUVEAUX DOIVENT VENIR DES EMPLOYEURS ET LES PRÉVISIONS RESTENT DIFFICILES.
Si une création massive de nouveaux métiers « verts » n’est plus envisagée, des métiers devraient évoluer progressivement dans de nombreux secteurs en fonction d’impératifs liés à des impératifs en rapport[1].
Divers chiffrages des destructions et créations de postes, dont « Métiers 2030 » de France Stratégie, se sont succédé ces dernières années faisant les gros titres des médias, sans que ces annonces soient suivis dans la pratique…
Aussi, il semble préférable de rester prudent.
De nombreux secteurs existants, ou en développement (fabrication de batteries par exemple), doivent anticiper l’évolution de leurs métiers et la formation professionnelle correspondante doit être mobilisée.
Certains disent que trop peu des recruteurs anticiperaient les besoins en compétences et de nombreux freins demeurent à l’envoi en formation des actifs, cela reste à prouver.
Les demandes en nouvelles formations semblent devoir provenir des employeurs et les organismes de formation doivent y répondre.
Les « métiers porteurs de la transition écologique » ne peuvent pas découler de théories ou de projets incertains, ce dont il a trop souvent été question, mais traduire les nouveaux besoins effectifs des acteurs économiques.
PREMIER EXEMPLE : LA RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS
Les prévisions de créations d’emplois pour réaliser la rénovation énergétique des bâtiments constituaient un dossier majeur[2]
L’effet semble devoir être bien modéré, compte tenu du contexte d’effondrement durable de la construction de logements neufs et des emplois qui en dépendent.
La Fédération française du Bâtiment (FFB), la Capeb et les autres acteurs évoquent une diminution de l’ordre de 150 000 emplois directs et de 150 000 emplois indirects.
Ces chiffres restent évidemment à valider sur les 3 ans prochaines années
Un transfert de personnels de la construction neuve (salariés et artisans) vers la rénovation énergétique des bâtiments devrait avoir lieu assez naturellement.
Sur ce même sujet, les évolutions changeantes des politiques publiques de soutien financier à ce secteur de la rénovation énergétique rendent difficile toute prévision.
SECOND EXEMPLE : LE DÉVELOPPEMENT DE L’HYDROGÈNE BAS-CARBONE
Le cas de la filière de l’hydrogène[3] illustre assez bien les difficultés entre les formations et les emplois dans un secteur.
Le projet est sans conteste très intéressant, mais son rythme de développement précis demeure pour le moins incertain.
C’est pourquoi, à ce jour, la création de 100 000 nouveaux emplois d’ici à 2030, annoncée par France hydrogène[4], peut sembler hâtive.
La présentation du nouveau secteur est très claire.
« Identifié comme un enjeu prioritaire dans le cadre des plans « France Relance » et « France 2030 », le développement de l’hydrogène bas-carbone est au cœur des objectifs de décarbonation avec une Stratégie nationale hydrogène soutenue par l’État à hauteur de plus de 9 milliards d’euros. »
« La filière hydrogène présente des opportunités de conversion et de création d’emplois en France, couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur.
D’ici à l’horizon 2030, 100 000 emplois directs et indirects seront créés sur plus de 80 métiers, selon les estimations de France Hydrogène[5].
Cependant, les acteurs de la filière font remonter dès à présent des difficultés dans leurs recrutements. Les tensions et difficultés pourraient s’accroître et devenir un vrai frein si aucune anticipation ni réponse collective ne sont apportées. » – Le projet « Def’Hy ». Développer l’emploi et les formations pour la filière hydrogène
Ce projet comporte trois types de formation :
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« Les formations cœur hydrogène, qui mènent directement vers un métier de la filière
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Les formations connexes à l’hydrogène, étant des formations généralistes qui nécessitent un vernis complémentaire.
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Les formations de sensibilisation à l’hydrogène, qui sont des formations de type découverte. »
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L’AVANCEMENT DE LA FILIÈRE HYDROGÈNE SERA A SUIVRE DANS LES PROCHAINES ANNÉES.
Un nouvel appel à projets a été lancé pour développer la filière Hydrogène avec un budget de 175 millions d’euros supplémentaires[6].
Le dépôt des candidatures vient juste de s’achever (29 septembre 2023).
Il constitue une relance de l’appel à projets antérieur « Écosystèmes territoriaux hydrogène »[7] dont l’objectif initial était :
« de développer des écosystèmes combinant, à l’échelle d’un territoire donné, les différents maillons de la chaîne : production d’hydrogène, distribution d’hydrogène et usages de l’hydrogène, qu’ils soient industriels ou de mobilité ».
[1] « On peut assurer que tous les métiers vont être touchés, avec de nouvelles formes d’organisation du travail pour produire moins d’émissions. »
[2] « La rénovation énergétique est le secteur qui devrait créer le plus d’emplois dans la transition écologique. », selon la cheffe de projet « Métiers en 2030 » de France Stratégie.
[3] Projet DEF’Hy – Développer l’emploi et les formations pour la filière hydrogène – https://www.france-hydrogene.org/publication/projet-defhy-developper-lemploi-et-les-formations-pour-la-filiere-hydrogene/?cn-reloaded=1
« Le projet DEF’Hy, lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et Métiers d’Avenir » réunissant les acteurs emblématiques de l’emploi et la formation, l’AFPA, EIT Innoenergy, Pôle emploi, RCO-Le Réseau des Carif-Oref, Adecco Digital France et France Hydrogène, s’est lancé pour renforcer les premières bases des états des lieux déjà effectués concernant les enjeux stratégiques de compétences, métiers, emplois et formations qui permettront à la filière d’atteindre les objectifs de création de valeur et d’emplois dans les territoires et pour aller plus loin dans le diagnostic en rassemblant les expertises autour d’un objectif commun. » – 14 septembre 2023.
[4] « Dans ce contexte, la filière bénéficie d’une accélération rapide sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Pour soutenir ce déploiement et accompagner les plus de 250 projets recensés en 2022, l’adéquation des compétences avec les besoins des entreprises est une condition cruciale. »
[5] France hydrogène « Réunissant plus de 450 membres, France Hydrogène fédère les acteurs de la filière française de l’hydrogène structurés sur l’ensemble de la chaîne de valeur : des grands groupes industriels développant des projets d’envergure, des PME-PMI et start-ups innovantes soutenues par des laboratoires et centres de recherche d’excellence, des associations, pôles de compétitivités et des collectivités territoriales mobilisés pour le déploiement de solutions hydrogène. » https://www.france-hydrogene.org/qui-sommes-nous/
[6] Une nouvelle enveloppe de 175 millions d’euros, de France 2030 et du ministère de la Transition énergétique, doit relancer cet appel à projets. https://www.economie.gouv.fr/hydrogene-un-nouvel-appel-projets-et-175-millions-deuros-supplementaires-pour-developper-la-filiere
« Il vient compléter les neuf milliards d’euros déjà déployés à cet effet depuis 2020, en s’appuyant sur les laboratoires de recherche et les industriels français à la pointe de l’innovation. »
[7] L’appel à projets « Écosystèmes territoriaux hydrogène » de France 2030 vise à financer la production et la distribution d’hydrogène et le déploiement de véhicules. Depuis son premier lancement en 2018, ce sont 35 écosystèmes qui ont été soutenus partout en France pour plus de 320 millions d’euros de soutiens publics.
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