ARRIVÉE DE LA RÉCESSION DANS LE SECTEUR DU BÂTIMENT
L’entrée en récession du secteur du Bâtiment vient d’être actée par sa principale organisation patronale, la Fédération Française du Bâtiment (FFB)[1], comme elle l’avait annoncée depuis 2021[2].
« Il y a deux ans, nous avions alerté sur la catastrophe qui s’annonçait par rapport à la chute des permis de construire. Cette fois, nous y sommes et cela va probablement durer au moins deux ans, vu les trajectoires budgétaires qui sont prises » – Le Président de la FFB.
En 2023, de l’ordre de 3 000 postes devraient être perdus, y compris intérim en équivalent-emplois à temps plein (ETP), avec une baisse d’activité de 0,6%.
« Tous les territoires, des métropoles aux zones rurales, et tous les types de logements, individuel comme collectif, social comme privé, entrent en crise. » – FFB.
En 2024, une chute rapide de 90 000 postes est prévue, correspondant à un recul de -5,5 % du chiffre d’affaires bâtiment en volume[3].
En 2025, toutes choses étant égales, la FFB l’activité dans le bâtiment pourrait reculer d’environ 9%[4].
Les conséquences serait « une réelle montée des défaillances et une chute de l’emploi, avec 150 000 destructions de postes, salariés et intérimaires ETP confondus, toujours sur deux ans ».
Ces estimations concernant la diminution directe des emplois dans le secteur de la construction.
Il faut y ajouter la destruction d’emplois en aval au niveau de la promotion immobilière et des agences immobilières qui est déjà largement entamée en 2023 et devrait se poursuivre sur les deux années à venir.
Sans compter les emplois indirects, en amont et en aval, de ces activités de production.
LES CAUSES DE LA RÉCESSION
La cause de la récession est la baisse estimée de -7,8% en 2023 et de -21,3% en 2024 de la construction de logements neufs[5], pour diverses raisons, dont la forte hausse des taux d’intérêts qui décourage des acquéreurs, la disparition de mesures en faveur de la construction[6], la baisse de la croissance depuis 2021, etc.
Compte tenu de l’effondrement du nombre de permis de construire (-24% en 2023), la crise va s’accroitre en 2024 et 2025.
En 2024, les mises en chantier de logements devraient reculer encore de 16% et le nombre des permis de construire de 12%. La chute d’activité serait de 21% en volume.
Les autres secteurs du Bâtiment (rénovation-entretien et bâtiments non résidentiels) ne devraient pas parvenir à compenser cette diminution de la construction de logements neufs[7].
***
La FFB et les autres organisations patronales ont formulé, auprès du gouvernement, des propositions pour sortir le logement neuf de la crise à termes.
Mais même si des mesures sont prises leur effet ne sera effectif qu’à moyen termes.
[1] FFB Nationale – Le bâtiment entre en récession. Réveillez-vous ! https://www.ffbatiment.fr/actualites-batiment/presse/conf-de-presse-decembre2023
[2] « On descend plus rapidement dans le gouffre que prévu. Mais, pour l’instant, on pense que le gouffre n’est pas plus profond », résume, en langage imagé, le directeur des affaires économiques, financières et internationales de la FFB.
[3] « La catastrophe est là pour au moins deux ans. Cela va taper dur en début d’année prochaine. » le président de la FFB.
[4] Hors effet prix, soit 14 milliards d’euros en moins..
[5] « Avec 286 000 mises en chantier attendues sur 2023, le marché retombe à proximité de ses plus bas historiques de 1992-1993 (275 000 unités). » – FFB.
« Le retournement du marché provoque également une hausse, pour l’heure contenue, des défaillances dans la construction. Sur les onze premiers mois de 2023 et par rapport à la même période de 2019, soit avant crise sanitaire, elles progressent de 2%. »
[6] Amputation des dispositifs de soutien au logement neuf, PTZ et « Pinel ».
[7] Les secteurs du Bâtiment en 2023
Secteurs d’activité | Répartition | Évolution en 2023 |
Logements neufs | 27% | -7,8% |
Non résidentiel neuf* |
19% |
-0,4% |
Amélioration-entretien** |
53% |
+3% |
* dont les Bâtiments administratifs
** Grâce à la rénovation énergétique.
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