LE SECTEUR DE L’INDUSTRIE OCCUPE 3,26 MILLIONS DE SALARIÉS
Au 3ème trimestre 2023, on comptait dans l’Industrie, 3 263 900 emplois, dont 2,857 millions dans l’industrie manufacturière[1].
L’industrie représente 12,1% des emplois salariés, dont 10,6% pour l’industrie manufacturière.
La croissance des effectifs dans l’Industrie sur un an aura été mince car :
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34 000 emplois (hors intérim) auraient été créé (+1,1%)[2], mais
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16 900 emplois intérimaires ont disparu, sur un an[3].
Ces chiffres concernent des emplois directs des entreprises industrielles. Les activités de production génèrent également des emplois indirects dans des proportions variables en fonction des activités.
LA RÉINDUSTRIALISATION CRÉERA T ELLE DES EMPLOIS ?
Le gouvernement déclare vouloir encourager les investissements et les implantations d’usines, mais la réindustrialisation n’est pas chose simple.
« La question est de savoir quels sont les objectifs et à quelles échéances.[4] »
Des fermetures d’usines se poursuivent parallèlement aux créations.
Le responsable national en charge d’éclairer la réindustrialisation, Olivier Lluansi[5], donne des indications intéressantes sur les emplois, car elles semblent plus réalistes que les discours de certains responsables politiques.
A propos du plan « France 2030 ? », il précise bien les choses.
« Le plan France 2030 permettrait d’augmenter la part de l’industrie de 0,5 point dans le PIB et créer de l’ordre de 100 000 emplois industriels, nous en avons aujourd’hui près de 3 millions. »[6]
Est-ce que ce « seulement » +3% en emplois industriels est en phase avec nos ambitions de réindustrialisation ?
« Il faudra sans doute d’autres outils, complémentaires, pour une réindustrialisation à la hauteur des attentes. »
Le constat doit être clair.
« Il faut avoir un discours de vérité sur l’emploi. Une réindustrialisation même réussie ne recréera pas les 2,5 millions d’emplois détruits depuis 1975. Dans certains scénarios déjà ambitieux, il faudrait s’attendre à une création nette de 300.000 à 400.000 emplois industriels pour un poids de l’industrie dans le PIB à 12% d’ici 2035.
Et ce ne sont pas les mêmes emplois que ceux qui ont disparu. Si la France arrive à créer ces emplois dans les 10 ans à venir, ce sera un bon marqueur de la réindustrialisation. La question est, par exemple, de savoir où vont se situer ces emplois. » – Olivier Lluansi.
L’INDUSTRIE DEVRAIT CHANGER EN PROFONDEUR.
Il semble préférable de parler de « renaissance industrielle » plutôt que de réindustrialisation ou de relocalisation[7].
Sont attendus : un changement des activités, une évolution des modes de production, des outils nouveaux… et, par conséquent, une recherche de compétences nouvelles via la formation initiale et professionnelle des jeunes et des salariés en activité.
L’inconnu reste le mode et le rythme d’accompagnement de cette transformation.
LES FORMATIONS VONT DEVOIR ÉVOLUER POUR PERMETTRE LES RECRUTEMENTS.
L’enjeu réside sur le contenu de compétences, mais aussi sur l’attractivité des métiers et des sites industriels (souvent hors des métropoles).
Un discours « plus positif de notre industrie » apparait nécessaire vis-à-vis de jeunes et des actifs, pour dire que :
« L’industrie va nous permettre de reconquérir notre souveraineté, de répondre aux défis environnementaux, de faire de la cohésion sociale et territoriale. »
De gros progrès restent sans doute à faire pour dynamiser cette transformation des recrutements.
[1] Sources : Insee, Estimations d’emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.
[2] L’emploi salarié industriel (hors intérim) croît de 0,4% au 3ème trimestre 2023 (soit +11 900 emplois), après +0,2% au deuxième trimestre (+5 600 emplois).
Les effectifs (hors intérim) dépassent le niveau d’avant-crise de +2,4%.
[3] Dares Indicateurs – N° 65 – 29 novembre 2023.
[4] « Le chiffre de 15% du PIB a été exprimé, mais sans échéance, tandis que l’industrie manufacturière est aujourd’hui à 10%. D’autres défendent un objectif de 12% à l’horizon 2035, comme le directeur de BpiFrance, Nicolas Dufourcq. Dans un scénario catastrophe, la part de l’industrie dans le PIB pourrait passer à 8%. »
[5] Nommé par Bercy à la tête d’une nouvelle mission pour plancher sur la réindustrialisation à l’horizon 2035. Ministères de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.
[6] « L’outil est nécessaire, indispensable pour nous repositionner sur les technologies de rupture et ses réalisations sont emblématiques, même s’il y a une lourdeur des procédures administratives dans la sélection des projets, selon une récente évaluation du comité de surveillance. »
[7] « Nous vivons un changement de paradigme. On vivait auparavant dans un monde de mondialisation et de consommation, voire de consommation de masse. Les chocs géopolitiques récents ont remis en avant le thème de la souveraineté. L’environnement est devenu un thème phare en raison du dépassement des limites planétaires. Nous sommes en train de changer de projet de société. Dans l’histoire récente, un outil productif a toujours servi un projet de société.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, De Gaulle et Pompidou veulent rendre la France indépendante et plus moderne avec des grands groupes internationaux et grands programmes. Notre outil productif s’est calé sur ce projet politique. A partir des années 1970, l’économie a basculé dans un monde beaucoup plus mondialisé et une société de consommation. La France a basculé dans une société post-industrielle. A l’époque, produire n’est plus une priorité nationale. La préférence est donnée aux services.
Pour gagner en pouvoir d’achat, il est logique de délocaliser. La France a restreint son outil productif en répondant à son projet de société. Aujourd’hui, un nouvel outil productif va devoir répondre aux enjeux de souveraineté et d’environnement. Il va falloir faire des choix. La France ne va pas faire revenir l’industrie d’avant ». Olivier Lluansi.
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