Le gouvernement vient de communiquer sur une annonce prévue en janvier 2016 concernant des mesures en faveur de l’emploi. Même si les arbitrages entre diverses pistes ne semblent pas encore rendus, certaines mesures ont été citées concernant :
- Une relance des contrats d’apprentissage,
- Un plan « massif » de formation des chômeurs,
- Le projet de loi sur le temps de travail et celui sur les nouvelles opportunités économiques (intitulé : #noé). Ces deux sujets et leur impact limité sur l’emploi ont été évoqués dans deux billets de ce blog.
LA BAISSE DU NOMBRE DE SIGNATURES DES CONTRATS D’APPRENTISSAGE
Sur le premier point, il est vrai que la baisse continue du nombre de nouveaux contrats d’apprentissage signés en 2013, 2014 et 2015 (selon les chiffres des dix premiers mois) se poursuit. Les dernières mesures, assez limitées d’ailleurs, prises en faveur de l’apprentissage n’ont pas eu de résultats. Le cap des 500 000 entrées en apprentissage par an est loin d’être atteint.
Il faut bien admettre que le nombre des contrats d’apprentissage sera difficile à faire remonter pas dans un contexte :
- de faible croissance, sans prévision d’amélioration notable, et
- de destructions massives d’emplois dans les secteurs traditionnels ayant recours à l’apprentissage : c’est à dire la construction et l’industrie,
- de coût élevé d’un apprenti pour son employeur.
UN PLAN MASSIF DE FORMATION DES CHÔMEURS
L’idée d’un « plan massif de formation des chômeurs » repose sur le fantasme selon lequel il existerait un stock d’emplois non pourvus (un « trésor caché ») et qu’une formation adaptée permettrait de conduire des demandeurs d’emploi (en priorité en chômage de longue durée bien entendu) vers une embauche sur ces postes.
Ce raisonnement est inexact pour plusieurs raisons :
- Le stock d’emploi non pourvu est en réalité assez faible, même si les médias relatent régulièrement tel ou tel cas réel et précis (par exemple, le poissonnier qui ne trouve pas d’apprenti parce que le métier est rude).
- Les mécanismes de recours à la formation professionnelle pour les demandeurs d’emploi existent déjà, même s’il peut bien entendu se trouver ponctuellement des choses à améliorer dans l’adéquation entre formations et emplois vacants.
L’idée même d’un plan massif de formation des chômeurs est en opposition avec la nécessité pragmatique de proposer une formation précise à un chômeur particulier pour un emploi bien défini. Le risque de faire réaliser des formations sans perspective d’emploi est fort.
La décision de promouvoir une formation de masse des chômeurs peut être soupçonné d’avoir un motif très politique compte tenu des échéances électorales et des engagements symboliques pris par le président de la République.
Un plan massif de formation des chômeurs consiste à faire entrer dans des formations existantes des milliers de demandeurs d’emploi. Ceux-ci durant leur période de formation passeront de la catégorie A à la catégorie D des demandeurs d’emploi ce qui revient à diminuer, pour un moment, le nombre de chômeurs immédiatement disponibles et donc les chiffres du chômage sans davantage d »emplois.
Le fléchage des moyens de la formation professionnelle au bénéfice des seuls chômeurs intervient dans une période de diminution significative des budgets de la formation liée à la mise en oeuvre de la récente loi sur la formation professionnelle. Il risque :
- De priver d’accès à la formation des salariés en poste pour leur progression dans l’entreprise, voire
- De mettre en cause le maintien dans l’emploi de salariés en poste qui perdraient leur place faute formation permettant la mise à niveau de leurs compétences.
Le recours à une formation, justifiée par un poste disponible, de demandeurs d’emploi par rapport à des opportunités concrètes est évidemment une bonne chose, mais le ciblage excessif des moyens de la formation professionnelle sur ce public est préjudiciable. La qualitatif devrait primer sur le quantitatif.
DES FINANCEMENTS DES RÉGIONS ET DE L’UNEDIC
Pour atteindre ces objectifs et flécher des financements, le gouvernement va devoir intervenir :
- sur les décisions des nouvelles équipes régionales. Les régions ayant une compétence en matière de formation professionnelle, pour flécher les financements de l’apprentissage et de la formation continue.
- Sur les choix de l’Unedic. La convention pluriannuelle 2015-2018 entre l’État, l’Unédic et Pôle emploi a été signée, soit il y a juste un an (18 décembre 2014). Le calendrier prévoit une renégociation courant 2016.
Le gouvernement peut espérer atteindre ses objectifs, car qui refusera de flécher ses crédits de formation sur le public des chômeurs, même si, au total, cela se révèlera illusoire.
Cet affichage politique est lisible, mais, techniquement, s’il est mis en œuvre (ce qui n’est pas acquis), il n’apportera pas de solution par rapport à l’emploi sans l’atteinte d’un taux de croissance supérieur.
Une amélioration du taux de croissance, dans des conditions extérieures favorables (politique de la BCE, baisse du prix du pétrole, cours de l’euro), semble dépendre pour une grande part d’un changement de politique avec une baisse de la pression fiscale à l’égard des particuliers comme des entreprises concomitante à une réelle diminution des dépenses publiques. Ceci est un autre problème…
Un commentaire to “Recentrage de la formation professionnelle au profit des chômeurs”
19 décembre 2015
pecherbonjour
au sujet de l’externalisation de prestation de PE concernant la création et la reprise d’entreprise,activ’créa, quand sera lancé l’appel à projet ?
des associations bénévoles liées par convention avec PE devront-elles être éliminées ?