Le vœu du président de la République de « former 500.000 chômeurs supplémentaires » en 2016 va avoir du mal à se concrétiser, même si ce chiffre comprend des formations de demandeurs d’emploi déjà programmées (de l’ordre de 150 000).
LE COUT DE 500 000 FORMATIONS EST LARGEMENT SOUS-ÉVALUÉ
Le coût de la formation des 500.000 chômeurs est estimé par le gouvernement à un milliard d’euros.
Ce cout ne semble pas correspondre à au chiffrage réaliste de la réalisation de 500 000 formations qualifiantes. Ces formations d’environ 400 à 500 heures en moyenne coûtent de l’ordre de 4 000 à 5 000 euros par chômeur.
Un rapide calcul mental indique que le budget nécessaire à la réalisation de 500 000 formations se situerait davantage entre 2 et 2,5 milliards d’euros.
LES FINANCEURS DE CES FORMATIONS RESTENT À CONVAINCRE
Au terme de négociations à venir début février, le gouvernement espère convaincre :
- les élus des Conseils régionaux, d’une part et
- les partenaires sociaux, qui gèrent le fonds de sécurisation des parcours (FPSPP), d’autre part,
de prendre en charge environ la moitié du coût estimé, soit 500 millions d’euros. L’autre moitié devrait être prise en charge par l’État en réalisant des économies sur d’autres postes budgétaires, non précisés.
Cette décision n’est pas sans effet puisqu’elle imposerait aux régions et aux partenaires sociaux de rediriger une partie des fonds de la formation des salariés vers le public des demandeurs d’emploi.
Le corollaire de cette orientation des crédits vers les demandeurs d’emploi serait une réduction de l’accès à la formation professionnelle des salariés en poste. Or, une formation est souvent indispensable pour suivre l’évolution de son métier ou pour évoluer dans son entreprise. Il existe une réelle demande et de réels besoins.
L’OPPORTUNITÉ DE 500 000 FORMATIONS UTILES RESTE A PROUVER
Au-delà du chiffre symbolique de 500 000 correspondant à 20% des chômeurs de longue durée, la réalité de l’existence de 500 000 formations correspondant à des postes vacants et identifiés reste à démontrer.
Encourager des formations vers des métiers, comme soudeur ou chaudronnier, est une chose.
Mais engager des demandeurs d’emploi vers des formations sur des métiers estimés comme « d’avenir » (numérique et « croissance verte ») en est une autre dans la mesure où les postes correspondants n’existent pas actuellement que dans des rapports prospectifs fort savants.
Par ailleurs, le rapport entre le profil des demandeurs d’emploi ciblés (jeunes sans qualification, seniors en chômage de longue durée) et les métiers à occuper peut rencontrer des freins.
De nombreux partenaires sociaux souhaitent que ces formations des demandeurs d’emploi soient à « 100% utiles », ce qui semble logique.
LA CAPACITÉ DES ORGANISMES DE FORMATION À PROPOSER 500 000 FORMATIONS SUR LA FIN DE L’ANNÉE 2016 RESTE IMPROBABLE.
Les professionnels estiment que cela représenterait une quantité de formations trop importante à assurer dans une courte durée[1]. Au-delà même de l’utilité opérationnelle des formations pour accéder à l’emploi, les formations nécessitent des moyens matériels (locaux, supports, hébergement, etc.) et humains (formateurs disponibles et compétents sur les programmes).
Si l’idée de former des demandeurs d’emploi pour occuper des postes vacants fait consensus, les annonces gouvernementales concernant une population importante de 500 000 demandeurs d’emploi dans un délai court (fin 2016) ne semblent pas réalistes.
[1] « Former 500.000 chômeurs de longue durée, un objectif qui nous paraît un peu irréaliste » François Asselin (CGPME)
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