L’IMPACT SUR L’EMPLOI DE LA CONTESTATION CIVIQUE ET SOCIALE SE DESSINE
En ce début d’année 2019, le chômage partiel[1] a pris une importance significative en raison de la contestation civique et sociale[2]. Ces mesures concernent des PME dans les secteurs du commerce, de la construction, de l’artisanat et ponctuellement, un peu dans l’industrie.
Les blocages ont concerné davantage la distribution que la production. Les activités des secteurs des transports, de l’hôtellerie-restauration et de la réparation automobile ont régressé[3]. Les organisations patronales ont fait part des difficultés par secteur et publiés divers chiffres.
Le mouvement est à la fois long et marqué par des affrontements violents avec les forces de l’ordre. Il a dégradé l’image de la France à l’étranger et les effets sur les investissements étrangers dans divers secteurs sont évidemment probables, mais difficiles à chiffrer précisément. Il faut y ajouter une certaine baisse de la dynamique intérieure pour nombre de créateurs d’entreprise et de développeurs d’activités…
Pour le quatrième trimestre 2018, la prévision du taux de croissance du PIB français se limiterait, à 0,2 %, c’est-à-dire en dessous de la prévision initiale de 0,4%. Ce chiffre reste à confirmer, comme celui de 2018[4]. La persistance d’une nébuleuse de contestation, déjà deux mois avec une issue incertaine, pourrait avoir des effets à moyen terme sur l’économie.
Prochaine donnée : les chiffres du chômage du quatrième trimestre 2018 seront connus dans 15 jours.
LES PERSPECTIVES DE RETOUR AU CALME NE SONT PAS ASSURÉES
Il apparait peu probable que la loi « portant mesures d’urgence économique et sociale » ne suffise à calmer le jeu.
L’impact du prélèvement à la source en janvier aura sans doute un impact sur une partie de l’opinion. Objectivement, le dispositif constitue, pour une part des contribuables, une anticipation du versement de l’impôt sur le revenu. Subjectivement, c’est encore plus complexe selon chacun des cas.
Lancer un « grand débat » apparait peu opportun dans la mesure ou le gouvernement ne domine plus tout à fait la situation. Une consultation nationale demande à la fois du calme et du temps. Ce qui n’est pas le cas. La forme que semblent prendre les débats locaux apparait donner toute sa chance aux militants extrémistes de tous bords pour monopoliser le débat…
Au final, le « grand débat » ne remplacera pas le recours aux urnes où des listes proposeraient des programmes politiques un peu formalisés. Sachant que la dissolution de l’Assemblée nationale ouvrirait des législatives aux résultats a priori bien incertains.
L’EMPLOI N’EST DÉFINITIVEMENT PAS AU CŒUR DES DÉBATS
Que cela soit dans les revendications des groupes de « Gilets jaunes » comme dans les quatre sujets de débat proposés par le gouvernement ; la question de l’emploi et celle du « plein emploi » ne sont pas à l’ordre du jour.
Complément au 14 janvier 2019
La lettre que le chef de l’État vient d’adresser à l’occasion de l’ouverture du « grand débat national » apparait limiter sérieusement le débat. Par exemple, il n’y est pas question ni des jeunes, ni des familles, ni des retraités. Pas plus que de l’insertion professionnelle ou des débouchés des études.
De mon point de vue, ce texte n’aborde pas directement la question de l’emploi qui apparait pourtant comme centrale au niveau politique, social et économique.
La question du chômage est certes citée, mais sans être l’objet d’un quelconque questionnement[1].
« Je pense toujours que la lutte contre le chômage doit être notre grande priorité, et que l’emploi se crée avant tout dans les entreprises, qu’il faut donc leur donner les moyens de se développer. »
Il s’agit là clairement d’une approche de forme indirecte qui ne questionne pas sur une éventuelle politique de l’emploi. Le texte du Président s’attache à d’autres problèmes[2].
Dans son approche du modèle social[3], le président affirme sans détailler que « L’efficacité de la formation comme des services de l’emploi est souvent critiquée. »[4].
La seule question à laquelle se raccrocher pour exprimer opinions et propositions est une question assez ouverte :
« Comment mieux organiser notre pacte social ? Quels objectifs définir en priorité ? »
Cette question semble bien trop générale pour susciter une réponse claire et explicite !
[1] « Les aléas de la vie, comme le chômage, peuvent être surmontés, grâce à l’effort partagé par tous. »
[2] « ‘(…) l’impôt, lorsqu’il est trop élevé, prive notre économie des ressources qui pourraient utilement s’investir dans les entreprises, créant ainsi de l’emploi et de la croissance. »
[3] « Notre modèle social est aussi mis en cause. Certains le jugent insuffisant, d’autres trop cher en raison des cotisations qu’ils paient. »
[4] « Le gouvernement a commencé à y répondre, après de larges concertations, à travers une stratégie pour notre santé, pour lutter contre la pauvreté, et pour lutter contre le chômage. »
Notes du début du texte
[1] Le chômage technique ou partiel, aussi appelé « activité partielle », permet de suspendre ou de réduire temporairement l’activité des salariés tout en leur assurant une rémunération financée par l’Etat ou l’Unedic.
[2] « Au 4 janvier, c’est 58 000 salariés qui sont touchés (…). J’ai débloqué l’argent nécessaire il y a quelques semaines. Aujourd’hui, on en est à 32 millions d’euros gagés » – La ministre du Travail
[3] Enquête Banque de France.
[4] LE CONTEXTE INTERNATIONAL N’APPARAIT PLUS PORTEUR. Ces événements nationaux viennent s’inscrire dans un contexte international en cours de retournement (guerre commerciale, baisse de croissance, etc.) et dans une situation européenne chaotique (Brexit, début de crise en Allemagne, etc.).
Pas de commentaire sur “L’EMPLOI NE VAUT-IL PAS UN DÉBAT ?”