PLUS D’UN MILLION ET DEMI D’INSCRIT A POLE EMPLOI ONT 50 ANS ET PLUS
En aout 2019, les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi de « 50 ans et plus » étaient plus de 1,5 million (1 546 600 pour être précis). Sur un an, leur nombre a faiblement augmenté (+0,5%, soit +7 900), de manière assez homogène selon l’âge.
Les plus de 50 ans représentent environ le quart des inscrits à Pôle emploi (24,7%). Ils se répartissent de la manière suivante par tranche d’âge de la manière suivante.
Tranche d’âge | Nombre d’inscrits | Évolution sur un an |
50 à 54 ans | 623 700 | +0,43% |
55 à 59 ans | 589 100 | +0,51% |
60 ans et plus | 333 800 | +0,66% |
Parmi ces demandeurs d’emploi, près d’un million sont immédiatement disponibles pour occuper un emploi (catégorie A), soit pour être précis 939 200.
Au total, 1 429 700 sont tenus à la recherche d’un emploi (catégorie A, B et C).
Le nombre des demandeurs d’emploi est à peu près stable de 50 à 59 ans, il reste comparable à 60 et 61 ans, puis diminue fortement à partir de 62 ans[1].
Le nombre d’inscrits à « 65 ans et plus » apparait marginal avec 23 000 chômeurs immédiatement disponibles et moins de 28 000 tenus à une recherche d’emploi. Ils sont retirés du marché de l’emploi à ce jour.
LA QUESTION DE LEUR RETOUR À L’EMPLOI POSE DES PROBLÈMES QUI NÉCESSITENT UNE PRISE EN COMPTE SPÉCIFIQUE
Le récent « rapport annuel sur l’emploi et le chômage 2019 » de Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) concerne « LES SENIORS ET L’EMPLOI : une situation paradoxale ». Le Président de SNC, Gilles de Labarre, y résume très bien la situation actuelle, les enjeux en matière d’emploi et les pistes à suivre.
Il distingue la responsabilité des entreprises et celle de l’État.
« Alors que les seniors sont incités à prolonger leur activité, ils se heurtent à des difficultés spécifiques qui freinent leur maintien ou leur retour à l’emploi.
En effet, le poids des représentations négatives liées à l’âge entraîne une défiance de la part des employeurs qui restent défavorables à la prolongation de l’activité des seniors et extrêmement réticents à les embaucher. Ainsi, avec l’âge, les perspectives d’emploi diminuent fortement et les seniors se retrouvent vulnérables face au chômage, particulièrement de longue durée.
La question se pose donc de faire évoluer les pratiques de gestion des employeurs et d’interroger les pouvoirs publics sur l’absence de mesures adaptées aux seniors.
Un changement de regard et de culture vis-à-vis des seniors doit donc s’opérer de la part des employeurs. Pour permettre le prolongement des carrières, un renforcement des logiques préventives permettant à chacun de bien vieillir en milieu professionnel et un accompagnement des secondes parties de carrière, pensées autour d’une réelle politique de gestion des âges, doivent être mis en place au sein des entreprises.
Ce problème spécifique de retour à l’emploi des seniors est par ailleurs insuffisamment considéré par les pouvoirs publics qui ont préféré accorder une priorité à la lutte contre le chômage des jeunes. Pourtant, la réforme des retraites ne pourra se faire sans que soit pensée une véritable politique publique en faveur de l’emploi des seniors.
Pour preuve, si le recul de l’âge d’ouverture des droits à la retraite de 60 à 62 ans a eu un impact sur le taux d’emploi des seniors, cet effet sur le maintien ou le retour dans l’emploi est loin d’être mécanique, si bien que, faute de remplir les nouvelles conditions d’accès, de nombreux seniors se sont trouvés en situation de chômage ou d’inactivité.
Créer les conditions du maintien et du retour à l’emploi des seniors est donc un enjeu capital tant au niveau de l’avenir collectif du système de retraite que des trajectoires individuelles. Permettre à chacun de pouvoir prolonger son activité, comme de choisir réellement le moment de son départ, doit désormais constituer une priorité des politiques de l’emploi. »
IL N’EXISTE PAS AUJOURD’HUI DE POLITIQUE DE SOUTIEN À L’EMPLOI DES SENIORS.
Seules deux mesures marginales existent :
- Les employeurs peuvent demander le bénéfice d’une aide de l’État d’un montant de 2 000 € pour toute embauche de demandeurs d’emploi « âgés de 45 ans et plus » en contrat de professionnalisation.
- Le contrat à durée déterminée « Senior » (CDD senior)[2] est un CDD réservé aux chômeurs de plus de 57 ans[3] ; il permet de bénéficier d’un renouvellement par rapport à un CDD normalement limité à 18 mois.
Et Pôle emploi pense utile de préciser que les salariés seniors inscrits à Pôle emploi peuvent, comme tous les autres chômeurs, bénéficier d’action de formation[4], des emplois francs, des parcours emploi compétences (PEC), des périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP), de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) à condition de ne pas avoir atteint l’âge légal de la retraite, de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), etc.
DES PISTES SONT PROPOSÉES POUR FAVORISER LE RETOUR A L’EMPLOI DES AINÉS
Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) fait des propositions pour « Redonner un emploi aux seniors chercheurs d’emploi ».
Elles portent sur :
- L’accompagnement au retour à l’emploi des seniors (c’est-à-dire la responsabilité de l’État),
- La remise en cause des préjugés des recruteurs[5] et la responsabilisation des employeurs[6] (relevant de la responsabilité de l’entreprise).
La création d’un dispositif d’aide au retour à l’emploi spécifique aux seniors consiste à
« prévoir un soutien particulier pour les seniors réalisé par le service public de l’emploi et constitué de possibilités de formation accrues et d’un accompagnement approprié. »
Les propositions faites sont parallèles, en quelque sorte, à la politique menée en faveur de l’emploi des jeunes. Elles portent sur les points suivants.
- Un accueil et un suivi en RV physiques par des conseillers de Pôle emploi des chercheurs d’emploi seniors et la généralisation du recours au conseil en évolution professionnelle,
- Un travail sur la reconnaissance des compétences acquises au travail (VAE ou autre),
- Un contrat de travail aidé correspondant à une période déterminée de fin de carrière,
- La mise en place de formations adaptées aux plus de 50 ans,
- Le soutien à la création d’entreprises par des chercheurs d’emploi de plus de 50 ans[7].
[1] Nombre d’inscrits à Pôle emploi par âge et catégorie pour les chercheurs d’emploi de plus de 60 ans
Catégorie | 60 ans | 61 ans | 62 ans | 63 ans | 64 ans |
65 ans ou plus |
A | 77 600 | 76 700 | 33 300 | 24 000 | 21 100 |
23 100 |
ABC | 105 700 | 98 600 | 42 800 | 30 100 | 25 700 |
27 900 |
[2] https://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/les-contrats-de-travail/article/le-contrat-a-duree-determinee-senior-cdd-senior
[3] Le CDD « senior » s’adresse aux personnes âgées de plus de 57 ans inscrites depuis plus de trois mois comme demandeur d’emploi ou bénéficiant d’une convention de reclassement personnalisé (CRP).
[4] Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle – POEI ; la préparation opérationnelle à l’emploi collective – POEC ; l’action de formation préalable au recrutement.
[5] « Permettre le recrutement des seniors en développant les conditions d’une rencontre directe entre le chercheur d’emploi et l’employeur grâce à la médiation active ; la mise en situation en milieu professionnel (PMSMP) ; les pratiques de recrutement non discriminantes. »
[6] « Favoriser l’emploi des seniors, particulièrement les seniors au chômage de longue durée en créant des indicateurs, intégrés au bilan social de l’entreprise sur le taux d’embauche de salariés par tranches d’âge, le taux de départ par tranches d’âge et le pourcentage de recrutement de chômeurs de longue durée. »
[7] « Le Conseil d’Analyse Économique (CAE) préconisait une telle mesure dans une note de mai 2016. Après avoir rappelé que, dans tous les pays, la durée effective au chômage des seniors était plus élevée que celle des moins de 50 ans, il préconisait des solutions spécifiques aux seniors, afin qu’ils puissent s’adapter aux tâches et métiers en tension. »
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