Un sondage[1] réalisé à l’occasion du mi-mandat du Président de la République conduit à une conclusion claire.
95% des français condamnent la politique de l’emploi du gouvernement dont plus de 7 sur 10 de manière très tranchée.
En effet, selon un : « L’action gouvernementale en faveur de l’emploi est la plus mal perçue: 71% la jugent pas satisfaisante du tout, 24% plutôt pas satisfaisante. »[2]. La politique de l’emploi apparait comme la politique la plus négative par rapport à toutes les autres sachant que « Parmi la série de champs d’action du gouvernement, aucun ne rencontre l’approbation d’une majorité de sondés. »
Cette opinion se fonde à la fois :
- sur un constat objectif : l’augmentation de plus de 500 000 demandeurs d’emploi, de 2012 à ce jour et
- sur la réalité de proximité vécue par tous ceux qui connaissent dans leur famille, ou parmi leur proche, des personnes sans emploi qui en recherchent en vain… avec plus de 5 550 000 personnes en recherche active d’emploi (catégorie A, B et C, sans compter tous les chercheurs d’emploi non-inscrits à Pôle Emploi).
Cette situation apparait comme étroitement rattaché à l’action gouvernementale pour deux raisons :
- D’une part, le choix d’une communication politique centrée sur « l’inversion de la courbe du chômage » contredite par les chiffres et un Ministre qui avoue lui-même l’échec du gouvernement en matière d’emploi : ceci conduit à un consensus politique et citoyen,
- D’autre part, l’annonce de mesures en faveur de l’emploi est régulière, depuis des années. La prise de ces « mesures pour l’emploi » atteste de la conviction qu’une action politique est possible.
Le résultat est apprécié par l’opinion sur les bases mêmes des discours des responsables politiques, de la même manière qu’avaient pu le faire leurs prédécesseurs. L’état est considéré comme responsable de la situation de l’emploi.
En prenant un peu de recul, la question qui se pose est de savoir quelle est l’influence réelle des politiques publiques sur la situation de l’emploi.
L’Etat en dehors de ses recrutements propres, destinés à diminuer à court terme dans le cadre de la réduction des dépenses publique, L’Etat ne décide pas des embauches.
L’emploi n’appartient pas au domaine des fonctions régaliennes de l’Etat, contrairement au « secteur travail » qui vise au respect de la loi et du règlement. Ce constat ne signifie pas que l’Etat, dans un pays où le poids de l’Etat est si important, peut se détacher de cet objectif. Mais les motifs réels des décideurs politiques concernant l’emploi semblent, en tout premier lieu comme de nature budgétaire (veuillez excuser le cynisme de cette affirmation) comme pour d’autres sujets comme l’innovation ou le développement économique. L’emploi peut apparaitre comme un simple moyen pour équilibrer le budget et en conséquence l’objectif à atteindre est de disposer d’un nombre suffisant de travailleurs (salariés ou indépendants), pour :
- assurer des recettes publiques : équilibrer les régimes sociaux, payer des taxes et des impôts à une hauteur suffisante, etc. et
- diminuer les charges, mobilisées en particulier pour assurer les aides sociales au logement, le versement du Revenu de Solidarité Active, etc.
Paradoxalement, la pression budgétaire pesant sur les choix politiques conduit à des décisions qui ne vont pas dans le sens du maintien ou du développement de l’emploi.
Citons, par exemple, les mesures sur les services à la personne, le logement, la réduction de la politique familiale, la réduction des mesures incitatives à l’accueil d’apprentis, les contraintes sur les contrats de travail ou les stages, etc. Le Pacte de responsabilité lui-même n’aura vraisemblablement pas de conséquences massives sur l’emploi. Le progrès des accords de branche en témoigne.
Les mesures directes en faveur de l’emploi (contrats aidés, contrat de génération, aides ciblées, etc.) ne suffisent pas en l’absence de la prise en compte de l’impact sur l’emploi de toutes les mesures publiques. Elles agissent juste à la marge du marché de l’emploi.
Pour tenter de sortir du chômage de masse, une solution serait sans doute de mettre demain l’emploi au cœur des décisions politiques et pas le tenir seulement en périphérie.
[1] Sondage Harris Interactive pour LCP-Assemblée nationale publié lundi 3 novembre
[2] Enquête réalisée en ligne du 28 au 30 octobre auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes de 18 ans et plus (méthode des quotas). Communiqué AFP.
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