Le flux des embauches a diminué drastiquement depuis mars. L’incitation à la diminution au recours au chômage partiel débute. Le chômage va donc progresser massivement au second semestre, faute d’une reprise complète de l’activité et de réorganisations générées par les leçons de la crise sanitaire, avec des variations selon les secteurs et les métiers.
LE NOMBRE DE DÉCLARATIONS D’EMBAUCHE A BAISSÉ DES TROIS QUARTS SUR LE PREMIER TRIMESTRE
Dans le contexte de l’interdiction et/ou des contraintes imposées à l’exercice des activités, décidées par le gouvernement pour faire face à la crise sanitaire, le nombre de déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) chute de 64,9%[1] en avril 2020. La contraction avait été de -24,9% en mars.
Le recul des déclarations d’embauche atteint -73,8% sur trois mois et de -73% sur un an[2]. Il s’agit là d’une donnée factuelle précise de l’Acoss.
L’importance de cette chute n’a pas d’équivalent récent.
LE NOMBRE DE CHÔMEURS SORTANTS DE POLE EMPLOI VA DIMINUER EN CONSÉQUENCE.
Le taux de chômage va remonter au second semestre. Il pourrait repasser au-dessus de 10% selon certaines prévisions.
La réduction progressive mais inéluctable (financièrement parlant) du chômage partiel va alimenter cette progression.
LES CONDITIONS DE SORTIE DU CHÔMAGE PARTIEL SE PRÉCISENT « POUR ENCOURAGER LA REPRISE ».
A partir du 1er juin, les conditions de prise en charge de l’indemnité d’activité partielle seront revues à la baisse.
Le gouvernement souhaite « encourager la reprise d’activité dans les secteurs qui ne subissent plus de contraintes à la reprise », alors que les demandes de chômage partiel ont concerné plus de 12,6 millions de salariés.
L’indemnité versée au salarié est inchangée[3]. Mais la prise en charge de cette indemnité par l’État et l’Unédic serait de 85% de l’indemnité versée au salarié[4]. Un montant de 15% de l’indemnité resterait à la charge de l’entreprise.
Seuls les secteurs faisant l’objet de « restrictions législatives ou réglementaires particulières en raison de la crise sanitaire », continueront à bénéficier d’une prise en charge à 100%.
Un projet de loi devrait porter, notamment, sur « la modulation du dispositif d’activité partielle selon les secteurs d’activité ». Après son adoption, un décret devrait alors préciser les nouvelles dispositions.
Les secteurs « protégés » seront alors connus, en fonction de la situation du déconfinement à cette période et des diverses interventions des partenaires sociaux.
L’information du ministère ne précise pas quelle pourrait être l’évolution de la part État de l’indemnisation après le mois de juin. La poursuite de la diminution apparait probable.
LES INSTRUCTIONS PORTANT SUR LE RENOUVELLEMENT DES DEMANDES DE CHÔMAGE PARTIEL NE SONT PAS ENCORE CONNUES.
L’autre élément d’incertitude porte sur les renouvellements, non automatiques, qui seront accordés, par les services des Direccte, aux demandes d’activités partielles. Les demandes déposées de mars à mai portaient, en moyenne, sur une durée de 12 semaines.
La plupart des périodes initiales d’indemnisation, déclarées dans l’urgence, vont donc s’achever à fin juin ou en juillet.
[1] Baromètre économique n° 116 – Mai 2020 – Indicateurs Acoss-Urssaf à fin avril 2020
[2] « Les déclarations d’embauche en CDI diminuent de 63,6 % en avril 2020 et celles en CDD de plus d’un mois de 66,4 %. Sur un an, elles baissent respectivement de 71,0 % et 75,1 %. »
[3] Pendant l’activité partielle, le salarié perçoit 70% de sa rémunération brute dans la limite de 4,5 SMIC (environ 84% du salaire net), et au minimum le SMIC net.
[4] Les entreprises seront ainsi remboursées de 60% du salaire brut, au lieu de 70% précédemment.
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