Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) vient de formuler un avis sur la lutte contre le chômage de longue durée[1], c’est-à-dire un an et plus.
Il porte sur la situation antérieure à la crise sanitaire, mais ses pistes sont à examiner.
LE CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE A CONNU UNE DOUBLE PROGRESSION DEPUIS 2008 : EN NOMBRE ET EN PROPORTION DES INSCRITS A POLE EMPLOI.
Les chiffres cités ci-dessous sont ceux de la DARES de mai 2020 et non ceux du CESE.
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Pour la France entière, 2,9 millions de demandeurs de catégorie ABC étaient en chômage de longue durée en mai 2020. Leur nombre de 1,1 million en 2008 a augmenté rapidement jusqu’en 2015 et, plus lentement, depuis[2].
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Il concernait 47,5% des demandeurs d’emploi en décembre 2019, contre 30,5% en décembre 2008.
De plus, la durée parait s’allonger. En décembre 2019, 41% étaient au chômage depuis un à deux ans, 22% entre deux et trois ans et 36% depuis plus de trois ans[3].
La proportion du chômage de longue durée augmente avec l’âge (chiffres de mai 2020[4]) :
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Moins 25 ans : 21% des demandeurs d’emploi,
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25 à 49 ans : 45%,
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50 ans et + : 64%.
Ces chiffres confirment l’impact des discrimination à l’embauche et celui de l’élévation de l’âge de la retraite sur la croissance du chômage de longue durée.
L’avis constate une importante hétérogénéité selon les territoires. Certaines régions comptent effectivement des territoires marqués par de fortes concentrations de chômeurs de longue durée[5].
Le problème du chômage de longue durée est devenu majeur.
RIEN DE BIEN NEUF N’APPARAIT DANS LES PROPOSITIONS DE L’AVIS DU CESE.
L’avis propose des orientations dans les solutions à apporter.
Il suggère de mettre un pilotage au niveau régional :
« qui réunirait la région, les départements, les opérateurs de compétences en territoires, les acteurs de l’insertion par l’activité économique, les composantes du service public de l’emploi et du futur service public de l’insertion »[6].
Il s’agirait d’agir « au plus près des territoires », tout en améliorant la coordination entre les nombreux acteurs qui portent aujourd’hui des « initiatives plurielles, avec des angles d’attaque très variés ».
Cela ressemble à de la langue de bois très classique.
A ce titre, l’avis apporte son soutien à l’expérimentation des « territoires zéro chômeur de longue durée » et son projet d’extension[7] (sujet d’un prochain Billet sur ce blog).
Enfin, au premier plan, revient le recours à la formation professionnelle : « élément fondamental de prévention du chômage de longue durée ». Il est accompagné du souhait de « revoir » la politique de formation, en particulier pour les entreprises de 50 et 299 salariés
Les solutions dans le contexte de la récession actuelle restent à trouver. Seul prévision, la proportion des chômeurs de longue durée va diminuer avec l’arrivée d’une vague de chômeurs « tout neufs » !!!
[1] Pour lutter contre le chômage de longue durée, le Cese mise sur les régions – adopté le 24 juin – https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2020/2020_14_prevention_reduction_chomage.pdf
[2] Nombre de DE de longue durée en millions – France entière.
Date | Nombre de DE de longue durée en millions |
déc.-08 | 1,1 |
déc.-09 | 1,4 |
déc.-10 | 1,6 |
déc.-11 | 1,7 |
déc.-12 | 2,0 |
déc.-13 | 2,2 |
déc.-14 | 2,4 |
déc.-15 | 2,6 |
déc.-16 | 2,6 |
déc.-17 | 2,7 |
déc.-18 | 2,8 |
déc.-19 | 2,7 |
[3] Ancienneté dans le chômage de longue durée de 2008 à 2019.
1 à 2 ans | 2 à 3 ans | 3 ans et plus | |
Déc. 2008 | 53% | 20% | 27% |
Déc. 2019 | 41% | 22% | 36% |
[4] DARES – France métropolitaine – mai 2020.
[5] « Parmi eux, les bassins industriels denses et en difficulté (comme le Nord, le Nord-Est ou la Basse-Seine), ainsi que des zones en déclin démographique où l’activité et l’emploi se sont raréfiés, avec un taux de chômage faible mais à forte composante longue durée (dans le centre de la France, par exemple). »
[6] « Les compétences des différents acteurs seraient ainsi mobilisées pour construire les parcours d’insertion sociale et professionnelle des publics les plus éloignés de l’emploi. »
[7] Le Conseil soutient l’expérimentation des « territoires zéro chômeur de longue durée », dont la mise en œuvre pourrait être étendue à de nouvelles régions comme le propose une proposition de loi déposée au Parlement. Il souligne que l’appréciation portée sur les résultats de l’expérimentation « ne saurait être strictement financière ». Parallèlement, il recommande une « professionnalisation des managers des entreprises à but d’emploi (EBE) », qui salarient les personnes dans le cadre de l’expérimentation.
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