LA NOUVELLE MINISTRE DU TRAVAIL PROPOSE SON DIAGNOSTIC DE LA SITUATION DE L’EMPLOI
La nouvelle ministre du Travail a tracé un diagnostic de la situation de l’emploi dans un entretien aux Échos[1].
-
La tendance à la reprise devrait être assez lente : « on ne retrouvera pas le niveau de chômage d’avant la crise avant plusieurs trimestres » (Élisabeth Borne).
-
L’incertitude à court terme demeure : « La façon dont se passera la rentrée sera déterminante[2] » (Elizabeth Borne).
-
L’objectif d’un taux de chômage à 7%, prévu par l’exécutif en 2022, est renvoyé à 2025. L’objectif du gouvernement est désormais « de surmonter la crise et de garder dans le viseur celui du plein-emploi en 2025 ».
Rappelons, pour répondre aux propos tenus par la ministre, que le « plein emploi » est caractérisé par un taux de chômage de 5% et non 7%.
Ce diagnostic apparait réaliste sur le principe, mais il renvoie à plus tard le chiffrage de la crise sur le marché du travail : baisse du nombre d’emplois occupés et hausse du nombre d’actifs sans emploi.
ELLE A ÉVOQUÉ PLUSIEURS DOSSIERS SANS ATTENDRE LE FUTUR PLAN DE RELANCE.
Au-delà de mesures déjà annoncée (plan jeunes, etc.) et avant celles qui figureront dans le « plan de relance » de fin aout, la ministre a évoqué plusieurs orientations particulières :
-
. La limitation et le contrôle du travail détaché,
-
. Le lancement du nouveau dispositif d’Activité partielle de longue durée (APLD),
-
. La perspective d’une augmentation des effectifs de Pôle emploi,
-
. La mobilisation des entreprises en matière d’embauche et de formation.
Pour le travail détaché, dans le cadre du plan de relance[3], la ministre a déclaré :
« La persistance d’un recours massif au travail détaché dans certains secteurs est incompréhensible dans une période de fort chômage. Il n’est pas question que le plan de relance se fasse avec des travailleurs détachés ![4] »
Elle met en avant la formation pour limiter le recours au travail détaché.
« On va former nos concitoyens aux métiers de demain (…) aux compétences dont on a besoin, dont on aura besoin et du coup ça permettra aussi de limiter le recours au travail détaché. »
La ministre du Travail semble ignorer que le recours aux travailleurs détachés ne répond pas à une absence de compétences en France, à de très rares exception près, mais à une question salariale. Le travailleurs détaché revient moins cher qu’un salarié français !
Cela revient à dire que la formation n’est pas la réponse au problème posé par le statut des travailleurs détachés, au sein de l’Union européenne.
Pour le nouveau dispositif d’activité partielle de longue durée (APLD) destiné à éviter des licenciements, le décret devrait être publié prochainement. Il concernera des secteurs professionnels durablement en difficulté (aéronautique, tourisme…).
Pour Pôle emploi, la ministre espère bénéficier dans le projet de loi de finance 2021, de moyens budgétaires permettant le recrutement de nouveaux personnels, mais rien n’est encore figé :
« Il faudra sans doute plusieurs milliers de postes, même si le niveau exact reste en discussion. »
Pour la mobilisation des entreprises, l’incitation à embaucher[5] semble un vœu pieux, tant les embauches dépendent des activités et des perspectives de chaque entreprise. Il en est de même de l’appel à la formation des jeunes[6] par les secteurs professionnels.
La prime à l’embauche représente une aide peu significative pour un salaire au niveau du SMIC ou de deux SMIC brut. Ce n’est pas une aide à la décision d’embauche, mais une aubaine pour des TPE et PME.
[1] Les Échos – 28/07/2020
[2] « Les chiffres confirment que la principale cause de la hausse du chômage jusqu’à présent est le coup d’arrêt porté à l’activité de secteurs faisant fortement appel à des CDD ou à de l’intérim. » »
[3] « Le gouvernement souhaite accentuer la lutte contre le travail détaché, dans un contexte de forte progression du chômage en lien avec les répercussions économiques de la crise sanitaire des derniers mois. »
[4] « Nous allons (…) prendre le problème à bras-le-corps avec les partenaires sociaux, en s’attaquant à ses causes, branche par branche, pour élaborer d’ici à décembre des plans de diminution du travail détaché. »
[5] « L’aide à l’embauche de 4000 euros par an a pour objectif d’encourager les entreprises à ne pas différer leurs embauches, et d’éviter ainsi au maximum que des jeunes passent par la case chômage. Par ailleurs, l’aide aux contrats en alternance fera que le jeune ne coûte quasiment rien à l’entreprise la première année. Je compte sur la mobilisation des chefs d’entreprise
[6] « Les différents secteurs devront s’organiser pour former des jeunes, ou des moins jeunes, et réfléchir à l’évolution des conditions de travail pour être plus attractifs, comme dans le secteur agricole. »
Pas de commentaire sur “Quelles orientations annonce la nouvelle ministre du Travail ?”