La question qui reste posée est de savoir : « Comment mieux assurer l’orientation initiale et professionnelle? »
Tel que cela vient d’être annoncé, constituer le Service Public Régional de l’Orientation (SPRO) revient à « confier aux Régions la coordination de maigres troupes, le plus souvent compétentes mais isolées, sans munition, ni entraînement… »
Même si la formule est provocatrice, elle rend compte à peu de choses près de la situation. Les chances de succès du Service Public Régional de l’Orientation d’améliorer les mécanismes actuels sont minces. Que l’initiative soit menée par une Région ou par l’Etat, comme c’était le cas jusqu’à ce jour, ne changera à peu près rien. La question à résoudre est bien plus profonde. Les récentes conventions entre ministères et l’Association des Régions de France (ARF) ont été signées principalement, d’une part, la communication interne entre services publics et, d’autre part, la communication externe au niveau politique afin de pouvoir affirmer que l’on a traité le sujet…
Pour un progrès collectif tournant le dos aux impasses de ces dernières décennies, il faut changer le fond avant même de penser à la forme de l’orientation initiale comme professionnelle. Il faut imposer un nouveau souffle au niveau national qui transcende ce qui existe aujourd’hui dans un ministère ou un autre.
Je résumerais par quatre propositions convergentes les choix auxquels il me semble nécessaire de procéder pour disposer des informations et des moyens de diffusion des informations nécessaire à l’orientation initiale et professionnelle.
1. CONSTITUER UN ORGANISME NATIONAL ET INDEPENDANT DEDIE A L’ORIENTATION.
L’information sur l’orientation est de nature nationale car la mobilité nationale est une réalité et une excellente chose. La permanence d’un organisme par Ministère (CIDJ pour la jeunesse, ONISEP pour l’éducation nationale, Centre Inffo pour la formation professionnelle, etc.) pose à la fois :
- un problème de doublon (par exemple, entre la présentation des métiers par l’ONISEP et le CIDJ),
- une question d’indépendance vis-à-vis des producteurs de formation : éducation nationale, enseignement supérieur, formations privées, formations professionnelles.
Comment un organisme dépendant du Ministère de l’Education nationale pourrait déconseiller une filière de ce Ministère au prétexte que les chiffres prouvent qu’elle n’a pas (ou très peu) de débouchés ? Pour caricaturer : le système actuel d’orientation initiale n’oriente pas vraiment, mais semble remplir au mieux les filières et les classes où il y a de la place…
La qualité du mécanisme d’orientation repose sur l’indépendance d’un organisme nouveau profitant des informations sur l’offre en formation initiale et professionnelle mais croisant ces données avec celle sur l’insertion professionnelle.
Cet organisme doit pouvoir émettre des réserves sur des choix d’orientation.
2. ASSURER UNE COLLECTE COMPLETE DES INFORMATIONS
Des informations existent sur le succès des jeunes dans leurs études ou le taux d’obtention des diplômes mais celles sur l’insertion sont rares ou du moins pas assez précise. Des données ne sont pas rendues publiques, par le exemple le parcours des personnes reçue d’un concours administratif. D’autres restent trop discrètes et difficile d’accès, en particulier de prospective métiers.
Des données stratégiques manquent encore.
Par exemple, on ne sait pas à ce jour quels parcours ont suivis les personnes qui exercent un métier donné, faute d’études sur ce point.
Tout le système d’information mérite d’être mis à plat. La méthodologie des études existantes doivent être revues pour être cohérentes et leurs résultats croisés. De nouvelles études doivent être mises en place.
3. DIFFUSER TOUTES LES INFORMATIONS SUR L’ORIENTATION EN LIGNE
L’information sur l’orientation doit être collective avant de devenir individuelle.
Les informations mises en forme, suite aux résultats des études, doivent être diffusées en ligne avec de nouveaux outils. La fonction pédagogique des sites concernés est un élément prioritaire. C’est la qualité d’appropriation des sites qui participe à une réelle égalité devant l’information. Toutes les présentations de l’information peuvent être testées et choisies. Des partenariats doivent être engagés avec tous les sites professionnels, en particulier des branches professionnelles ou des initiatives des métiers[1].
4. FORMER TOUTES LES PERSONNES EN CHARGE DE L’ORIENTATION INITIALE OU PROFESSIONNELLE.
L’accompagnement des jeunes, comme des adultes, doit être assuré par des professionnels qui, quel que soit leur structure d’origine, disposent d’une formation d’origine et surtout d’une formation continue effective.
Tous les acteurs directs de l’orientation comme indirects (par exemple, les enseignants) doivent être formés aux mécanismes de l’orientation initiale et professionnelle, puis, aux nouveaux outils qui seront mis en ligne pour les utiliser.
Si ces propositions pouvaient être prises en compte, les jeunes et les adultes comme les acteurs de terrain disposeraient d’éléments beaucoup plus complets pour s’informer et choisir leur orientation : seul, en famille ou accompagnés par des professionnels de l’orientation prenant en compte l’ensemble de leur situation.
[1] Le partenariat avec des acteurs privés publiant des ouvrages, animant des sites Internet ou organisant des manifestations (Salon, Forum, etc.) réunissant principalement des acteurs privés semble difficile dans la mesure où le modèle économique de ces entreprises repose essentiellement sur la publicité d’organisme de formation.
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