QU’EST-CE QUE LES CHÔMEURS ONT FAIT A EMMANUEL MACRON ?
Le titre d’un récent article du quotidien Le Monde a attiré mon attention :
« Plein-emploi : Emmanuel Macron durcit le ton pour répondre à son obsession. »[1]
Le chapeau de cet article résume bien la question.
« La perspective d’un nouveau tour de vis sur les droits des allocataires, sans évaluation de l’impact des dernières mesures prises, pour atteindre les 5% de chômage, provoque la colère des syndicats. »
J’ai déjà cité les récentes déclarations du Président de la République lors de sa Conférence de Presse du 16 janvier ou à l’occasion du Forum de Davos[2].
La réaction de la secrétaire générale de la CFDT[3] résume bien la question posée :
« Mais qu’est-ce que les chômeurs ont fait à Emmanuel Macron pour être toujours la cible (…) de ses interventions (…) ? ! »,
Et toutes les organisations syndicales partagent cette opinion en l’exprimant chacune à leur manière[4].
Par ailleurs, chacun attend un bilan objectif de la politique de réduction de l’indemnisation chômage menée dans la période récente. Les résultats de ces mesures ne sont pas si évidents que cela !
La réalité est que la situation de l’emploi s’est dégradée et est mauvaise depuis la mi-2023.
D’une manière globale, il n’existe pas réellement un réservoir d’emplois non pourvus, même si des difficultés de recrutement demeurent dans des métiers et des territoires pour des motifs très différents.
LES DEUX ANS A VENIR SERONT PEU PORTEURS SELON TOUTES LES PRÉVISIONS.
A début 2024, on constate :
-
Un trop faible taux de croissance ;
-
Une crise des activités de production : dans l’agriculture, la construction touchée par la crise immobilière et l’, avec des créations d’activités nouvelles, accompagnées de nombreuses fermetures ;
-
La multiplication du nombre des liquidations d’entreprises,
-
Un net recul de l’intérim et une baisse progressive des recrutements, etc.
Viennent s’y ajouter les conséquences de la politique du ministère du Travail avec la réduction du nombre des emplois aidés, la baisse en cours de négociation du financement des CFA, etc.
Dans un tel contexte, la réduction du taux de chômage à 5% semble improbable et l’atteinte du plein-emploi illusoire à moyenne échéance.
POUR QU’IL Y AIT DES RETOURS A L’EMPLOI, IL FAUT QU’IL Y AIT DES EMPLOIS.
Plutôt que de réduire l’indemnisation des chômeurs, ne faudrait-il pas plutôt appeler les employeurs à innover, à investir et à exporter pour, au final, embaucher de nouveaux salariés ?
En étant cynique, on pourrait se demander si les réductions des prestations de l’assurance-chômage ne sont pas simplement destinées à dégager un résultat très positif pour l’Unédic, dans lequel le gouvernement compte faire des ponctions budgétaires pour réduire le déficit et la dette !
[1] Le Monde – Plein-emploi : Emmanuel Macron durcit le ton pour répondre à son obsession – Par Thibaud Métais et Bertrand Bissuel – Publié le 26 janvier 2024 à 11h00, modifié le 26 janvier 2024 à 14h31
[2] Emmanuel Macron souhaite fixer « des règles plus sévères quand des offres d’emploi sont refusées » tout en proposant « un meilleur accompagnement de nos chômeurs ». conférence de Presse du 16 janvier
« Nous allons ouvrir un deuxième temps de notre réforme du marché du travail en durcissant les règles de l’assurance-chômage », Forum économique mondial Davos (Suisse).
[3] Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT.
[4] « Emmanuel Macron est persuadé que le chômage existe à cause des chômeurs, qui ne veulent pas travailler. C’est ce qui est à l’origine de son obsession pour l’assurance-chômage » Denis Gravouil, chargé du dossier à la CGT.
Pas de commentaire sur “Qu’est que les chômeurs ont fait à Emmanuel Macron ?”