Le Projet de loi de Finances (PLF) 2015 prévoit des mesures qui « répondent à la volonté de renforcer le niveau d’exigence concernant l’efficacité des dispositifs d’intervention »[1].
Le PLF 2015 prévoit l’arrêt de l’expérimentation des « emplois francs »[2].
Une rumeur dit que seuls 170 « emplois francs » auraient été signés (rumeur à confirmer…). Une clarification sur cet échec apparaît indispensable pour préparer les « nouvelles initiatives en faveur de l’emploi des jeunes ».
LE PROJET DES EMPLOIS FRANCS
Les « emplois francs » devaient faire l’objet d’une expérimentation pour une durée de trois ans décidée par le Comité interministériel des villes (CIV) du 19 février 2013, avec un objectif de 10 000 bénéficiaires sur cette période.
Ce nouveau dispositif devait faciliter l’embauche en CDI et à temps plein de jeunes chômeurs de longue durée.
La mesure ciblait des jeunes de plus de 16 ans et de moins de 30 ans, qualifiés ou non, vivant depuis au moins 6 mois dans un quartier situé en zones urbaines sensibles (ZUS) et justifiant d’une recherche d’emploi d’une durée de 12 mois au cours des 18 derniers mois.
Les employeurs du secteur marchand pouvaient bénéficier de ce dispositif et bénéficier d’une aide de 5 000 euros pour l’embauche d’un de ces jeunes.
Le dispositif des « emplois francs » reste encore valable pour la fin 2014 comme le présente Pôle Emploi sur son site[3].
L’ABSENCE D’EXECUTION DE LA MESURE
L’action a été prise en charge par Pôle emploi qui a refusé la participation d’acteurs associatifs présents dans les quartiers prioritaires tels les Missions locales. Par ailleurs, la demande de l’Association pour Faciliter l’Insertion des Jeunes diplômés (AFIJ) de participer à cette mesure, compte tenu de sa présence et de son public dans de nombreux quartiers prioritaires, a été rejetée début 2013.
De l’avis de nombre d’acteurs de l’emploi, la réussite de l’action « emplois francs » ne posait pas de vrais problèmes, compte tenu du nombre de jeunes concernés. Les objectifs pouvaient être atteints par une action bien menée. Pourquoi cela n’a pas été le cas ?
Plusieurs pistes de réponse existent. Pôle emploi a-t-il voulu mener à bien ce projet ? Son implantation dans ces quartiers prioritaires est-elle suffisante ? Au-delà de quelques opérations de communication sur des ouvertures d’agence, combien de sites Pôle Emploi sont effectivement opérationnels dans les quartiers prioritaires nouvellement définis ?
Pôle Emploi conserve peut-être des difficultés à tenir physiquement des agences sur certains sites.
Il suffit de rappeler le nombre d’agences locales que l’ANPE avait été contrainte de fermer dans les quartiers sous la pression des violences urbaines.
Dans le cadre de la politique de la ville, le recentrage des actions sur le seul service public de l’emploi[4] est-il vraiment efficace ou seulement motivé par des motifs d’économies ?
Dans le cas des « emplois francs », la responsabilité de l’échec ne revient pas à Pôle Emploi, qui reçoit des injonctions, mais bien celle du Comité interministériel des villes qui décide des acteurs pour ses actions.
[1] Dossier de presse PLF 2015 page 15
[2] « les outils de la politique de la ville sont adaptés à la nouvelle géographie prioritaire via l’arrêt des entrées dans le dispositif d’exonérations sociales dans les zones franches urbaines et l’arrêt de l’expérimentation des emplois francs au bénéfice de nouvelles initiatives en faveur de l’emploi des jeunes avec une mobilisation plus conséquente des ressources de Pôle emploi ; »
[3] http://www.pole-emploi.fr/employeur/les-emplois-francs-@/suarticle.jspz?id=100954
[4] Il ne suffit pas de dire : « c’est à eux de le faire » puis à tourner la page comme c’est le cas dans cette dernière période, si, au final, le travail n’est pas réalisé sur le terrain et que les résultats ne sont pas au rendez-vous.
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