La récente annonce de la signature du 150 000ème emploi d’avenir donne une information chiffrée intéressante[1]. En 2013, 100 000 contrats auraient été signés, 95 000 signatures budgétés pour 2014[2] et enfin, d’autres contrats pourraient être ouvert à la signature en 2015 (selon le contenu de la loi de finances 2015). D’autres informations chiffrées ont été données[3].
Ce chiffre de 150 000 vient alimenter une campagne de communication sur la réussite de l’action gouvernementale mais ne donne pas une idée précise de la réalité.
Cette situation n’est pas propre aux « emplois d’avenir », le même défaut de transparence s’est présenté pour la plupart des autres contrats aidés les années passées comme pour les CUI-CAE ou pour les contrats d’autonomie. Et plus récemment encore pour les « emplois francs » ! Ce flou tient en partie à la difficulté récurrente de la collecte des données locales rencontrées par l’administration centrale (DGFEP). Et, il sert aussi en partie à prévenir d’éventuelles critiques de nature politique.
Le chiffre est moindre, compte tenu du fait :
- Qu’environ 10% des contrats feraient l’objet d’une rupture précoce (sans compte des ruptures moins rapides) et
- Qu’une part des contrats sont seulement de 6 mois. Les renouvellements de contrat sont-ils d’ailleurs comptés une ou deux fois ?
La note de la DARES 2014-078 – Conjoncture de l’emploi et du chômage au 2e trimestre 2014 du 7 octobre 2014 apporte, entre autres, des précisions sur le nombre des emplois aidés à fin juin 2014 (http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/2014-078.pdf .
A fin juin 2014, 90 000 jeunes seulement sont en poste en emploi d’avenir, dont 71 000 dans le secteur non marchand et 19 000 dans le secteur marchand.
Parallèlement, on compte 269 000 Contrat Unique d’Insertion (CUI) :
- 238 000 personnes en CUI-CAE dans le secteur non marchand et
- 31 000 personnes en CUI-CIE dans le secteur marchand.
Au total, à fin juin 2014, 359 000 salariés était sur ces postes en contrats aidés.
Ce chiffre de 90 000 emplois d’avenir peut être rapproché de celui des jeunes demandeurs d’emploi, etc.
Reste à connaitre le nombre de mois travaillés en 2013, puis en 2014 par des jeunes en « emploi d’avenir ».
Seule cette information donnerait une idée du volume et du montant du budget réellement dépensé pour cette mesure en faveur de l’emploi des jeunes.
Enfin des questions viennent à l’esprit : Quel est la durée des contrats ? Leur taux de renouvellement ? Le temps de travail ?
D’autres interrogations connaissent elles des réponses, mais naturellement à termes, par exemple :
- la satisfaction des jeunes durant le contrat et à sa sortie,
- celle des employeurs par rapport à ce contrat aidé par rapport à d’autres,
- la suite du contrat aidé, dans le parcours du jeune,
- le volume et la nature des formations prodiguées, dans les cas où elles ont été concrétisées…
Les réponses précises à ces questions sont le plus souvent disponibles comme le prouve la récente note de la DARES : « Que sont devenues les personnes sorties de contrats aidés en 2012 ? [4]» ou « Quelles évolutions des conditions de vie après un passage en contrat aidé ? »[5] qui donnent un bon exemple de ce qui est utilement réalisé.
[1]Le Ministre du Travail a ainsi pu affirmer que « l’engagement n°34 du candidat François Hollande » était « tenu ».
[2] Le gouvernement a augmenté en 2014 son objectif de 50 000 emplois d’avenir à 95 000.
[3] « Mais au-delà du nombre des jeunes recrutés, les emplois d’avenir constituent un dispositif de grande qualité : 83% des jeunes en Emplois d’avenir n’ont pas le baccalauréat et 42% n’ont aucun diplôme. L’objectif de s’adresser à ceux qui rencontrent le plus de difficulté est donc atteint. 1 jeune sur 5 réside dans un quartier populaire. Ce taux est en hausse croissante et révèle l’attention portée à ces publics souvent pénalisés par leur absence de réseau et parfois, par des discriminations. Plus de la moitié des contrats prescrits sont des contrats longs (CDD de 3 ans ou CDI), gage d’insertion durable basée sur une expérience solide. Plus de 9 jeunes sur 10 sont recrutés à plein temps, cela signifie avant tout un salaire plein (un SMIC au minimum). C’est donc l’inverse d’un « petit boulot. » 77% des jeunes ont au moins un engagement de formation confirmé. Les jeunes se reconnaissent dans le dispositif : le taux de rupture précoce des contrats est faible : 10%, en-deçà de ce que l’on observe pour tous les autres types de contrats aidés. » 29 septembre 2014 – Le chiffre de 150 000 emplois d’avenir a été atteint aujourd’hui – http://travail-emploi.gouv.fr/emplois-d-avenir,2189/actualites,2264/le-chiffre-de-150-000-emplois-d,18042.html
[4] « 2014-071 – Que sont devenues les personnes sorties de contrats aidés en 2012 ?
Six mois après la fin de leur contrat, 36 % des personnes sorties d’un contrat unique d’insertion du secteur non marchand (CUI-CAE) et 66 % des personnes sorties d’un contrat unique d’insertion du secteur marchand (CUI-CIE), en 2012, sont en emploi. Ces différences d’insertion s’expliquent notamment par les caractéristiques du contrat aidé, les différences d’usage selon les secteurs et le profil des bénéficiaires. 70 % des CUI-CIE sont à durée indéterminée alors que les CUI-CAE n’ont pas vocation à être pérennisés dans le secteur non marchand. Les CUI-CAE concernent également des personnes moins qualifiées et plus souvent des chômeurs de longue durée que les CUI-CIE. Ces taux d’insertion dans l’emploi sont en baisse par rapport à 2011, respectivement de 5 et 3 points. Près de 80 % des personnes sorties de CUI estiment cependant que le dispositif leur a permis d’acquérir une expérience professionnelle et de se sentir utile. Malgré le renforcement des exigences en matière d’accompagnement et de formation dans le cadre du contrat unique d’insertion, seulement un tiers des sortants déclarent avoir suivi une formation. »
[5] DARES 2014-071 – Que sont devenues les personnes sorties de contrats aidés en 2012 ? – 16 septembre 2014 et DARES 2014-070 – Quelles évolutions des conditions de vie après un passage en contrat aidé ? – 11 septembre 2014
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