La situation de l’emploi dans l’industrie s’est, à peu près, stabilisée, après un recul régulier depuis de nombreuses années. Mais les perspectives semblent bien limitées.
LA DÉSINDUSTRIALISATION SE POURSUIT EN FRANCE.
La place de l’industrie française dans l’économie ne cesse de se réduire[1] et ce processus apparait comme une tendance lourde.
La part de l’industrie[2] dans l’économie française est passée de 16,5% du produit intérieur brut en 2000 à 12,5% en 2016.
UNE PROGRESSION DE L’ACTIVITÉ A ÉTÉ ENREGISTRÉE EN 2017
D’octobre 2016 à octobre 2017, sur un an, la hausse de la production manufacturière a été forte (+ 4,4 %)[3]. La production s’est accrue dans certains secteurs industriels.
Si « la production industrielle accélère fortement »[4] et qu’un certain optimisme règne parmi certains chefs d’entreprise[5], le nombre des emplois n’augmente pas.
LE NOMBRE DES EMPLOIS N’AUGMENTE PAS DANS L’INDUSTRIE
Au troisième trimestre 2017, l’industrie manufacturière comptait 2 767 300 emplois (soit 11% de l’emploi salarié total)[6], plus environ 280 000 intérimaires. Ces derniers constituent une variable d’ajustement.
La baisse de l’emploi direct sur un an (-8 700 postes et -0,3%) est en partie compensée par une augmentation des emplois en l’intérim[7].
Les données Trendeo donnent des résultats plus positifs, mais elles sont » issues d’une collecte systématique d’informations publiées par la presse sur les annonces de créations et suppressions d’emplois« , donc moins complètes que les chiffres de l’Insee. http://www.trendeo.net/donnees-insee-chiffres-trendeo-lindustrie-manufacturiere-rapport/
Des destructions d’emplois ont eu lieu entre 2010 et 2016[8]. Le déclin de l’emploi industriel se poursuit.
Pour la première fois depuis 2009, les ouvertures de sites industriels ont été plus nombreuses que les fermetures (en France, sur les huit premiers mois de l’année 2017). Les nouvelles usines emploient moins de salariés que celles qui ferment.
D’une manière générale, l’amélioration de la productivité dans l’industrie s’accompagne d’une réduction des effectifs salariés.
LA BALANCE COMMERCIALE POUR L’INDUSTRIE RESTE TRÈS NÉGATIVE
Par ailleurs, depuis 2010, le solde commercial du secteur industriel est toujours négatif[9]. La balance commerciale pour l’industrie reste déficitaire[10].
La progression des importations apparait plus forte que celle des exportations. Les parts de marché mondial de la France pour les produits manufacturés ne cessent de diminuer, passant de 4,7% en 2006 à 3,5% en 2016.
La France dispose de capacités à l’export nettement moins fortes que l’Allemagne ou l’Italie, avec seulement de l’ordre de 125 000 entreprises exportatrices.
LES POLITIQUES PUBLIQUES EN FAVEUR DES ACTIVITÉS INDUSTRIELLES APPARAISSENT FLOUES
En l’absence d’un ministère de l’Industrie, la mise en place d’un « conseil national de l’industrie » et la nomination d’un « délégué interministériel aux restructurations d’entreprises » (ayant mission « d’animer, de coordonner et d’optimiser l’accompagnement par l’État des restructurations d’entreprises, et notamment des entreprises industrielles ») ne semblent pas suffire à répondre aux besoins.
Les précédents plans en faveur de l’industrie n’ont d’ailleurs pas donné de résultats probants selon les chiffres officiels.
La priorité de l’État porte principalement sur des interventions ponctuelles dans des cas d’urgence, au travers d’un appui aux restructurations (c’est-à-dire de l’accompagnement des suppressions de postes) et/ou à la validation de rachat par des groupes étrangers…
[1] CONJONCTURE – Tableau de bord mensuel – de l’activité industrielle – Décembre 2017 – Direction générale des entreprises
[2] Industrie manufacturière, industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution.
[3] Insee – Informations rapides – No 3 – Paru le : 10/01/2018 https://www.insee.fr/fr/statistiques/3304473
« Sur cette période, la production augmente vigoureusement dans les « autres industries » (+4,5 %) et bondit dans les matériels de transport (+9,0 %). Elle croît fortement dans les biens d’équipement (+5,3 %). En revanche, elle diminue dans les industries extractives, énergie, eau (−0,4 %) et baisse fortement dans la cokéfaction et raffinage (−5,1 %). Elle est quasi stable dans les industries agroalimentaires (−0,1 %). »
[4] Note de la Banque de France – 11 janvier 2018. « Tous les secteurs d’activité sont dynamiques, la hausse étant particulièrement marquée dans l’automobile, les équipements électriques et les produits pharmaceutiques. Les livraisons et les prises de commandes, y compris étrangères, s’accroissent vivement. Selon les chefs d’entreprise, la production devrait progresser moins rapidement en janvier » 2018.
[5] Des secteurs industriels se stabilisent : industries extractives, électronique, textile et habillement, bois et du papier, métallurgie, etc., tandis que d’autres progressent : matériel de transport, matériel informatique, chimie, pharmacie…
[6] Chiffre Insee : Emploi salarié par secteur au troisième trimestre 2017- Données trimestrielles de 2014 à 2017
Chiffres-clés – Paru le : 12/12/2017
[7] « L’emploi total dans l’industrie (y compris intérim) augmente pour le deuxième trimestre consécutif (+ 3 100 salariés après + 8 400). La croissance de l’emploi intérimaire reste forte (+ 5 900 après + 11 000 intérimaires), tandis que la baisse de l’emploi direct se stabilise (-2 800 salariés après -2 600) ». DGE Tableau de bord de l’emploi salarié – 3e trimestre 2017 – Décembre 2017
[8] Depuis 1980, 2 millions d’emplois ont disparu dans l’industrie.
[9] En 2016, le déficit s’élevait à 44,5 milliards d’euros contre 36,8 milliards d’euros l’année précédente.
[10] « Dans un contexte d’échanges toujours soutenus, le solde du commerce extérieur manufacturier de la France se détériore de nouveau, soit – 300 millions d’euros en octobre.
Les exportations croissent plus vite (+ 0,8 % après + 0,1 % en septembre), mais les importations (+ 1,4 % après + 0,2 % en septembre) se redressent vivement. » (DGE)
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