LES PERSONNELS DES CIO SERONT AFFECTÉS DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES
Dans le cadre de la nouvelle politique de l’orientation[1], le ministre de l’Éducation nationale envisagerait d’affecter directement dans les établissements scolaires[2] les 3 700 psychologues de l’Éducation nationale, actuellement employés dans les CIO. Il s’agit des directeurs de CIO, des psychologues de l’Éducation nationale[3] et des personnels administratifs.
Cette décision serait accompagnée de la fermeture des 450 Centres d’information et d’orientation (CIO)[4]. Ceci ne remet pas en cause le statut des personnels concernés. Mais constitue sans aucun doute une mesure d’économie budgétaire. Cette mesure serait justifiée par le temps de présence important des Conseillers dans les établissements scolaires (« 71 % des actions ») et par une faible fréquentation des CIO (Point à confirmer).
Ce projet de décision s’inscrit dans le projet de réforme des lycées et du bac qui a annoncé le renforcement des activités d’orientation au sein des établissements du secondaire. Un volume annuel d’heures seraient dédiées à l’orientation de lycéens (54 heures ?) et animés par des professeurs, les documentalistes et les psychologues, ainsi que de « personnes et organismes invités par l’établissement ou mandatés par le conseil régional »[5].
En bref, l’Éducation nationale recherche les moyens humains pour répondre à ses annonces de renforcement de l’orientation en Lycée préparant l’entrée dans le supérieur.
CETTE RÉORGANISATION DE L’ORIENTATION NE RÉSOUT PAS LA CARENCE D’INFORMATIONS PROFESSIONNELLES
La dualité demeure entre « orientation scolaire » (quelle filière choisir ?) et « l’orientation professionnelle » (quel métier et quels débouchés ?).
-
Dans le domaine des études, l’information existe, en grande partie, et doit simplement être bien tenue à jour[6].
-
Dans le domaine de la réussite des études en fonction du profil des élèves, les informations manquent et celles qui existent sont diffusées chichement pour des raisons stratégiques,
-
Pour les débouchés avec diplôme validé, l’information est parcellaire et aucun grand projet de collecte de données et de mise en forme de celles-ci n’est encore à l’ordre du jour en attendant que l’Intelligence artificielle ne donne des réponses (clin d’œil).
-
Pour les débouchés des décrocheurs universitaires, le problème reste entier.
L’ONISEP PERDRA SA STATURE NATIONALE
Pour élargir les missions des conseils régionaux en matière d’orientation, en particulier concernant l’apprentissage, le ministre annonce le transfert des Directions régionales de l’Onisep (DRONISEP)[7] aux régions.
Environ 300 salariés de l’Onisep, donc salariés de l’Éducation nationale, seraient ainsi transférés dans des « services sur l’information relative aux métiers et aux formations ».
L’Onisep perdrait alors son réseau régional et sa capacité de production d’information serait réduite. Le « Service Public Régional de l’Orientation (SPRO) », mis en place en 2014[8], serait alors réorganisé.
LES AUTRES ACTEURS PARTICIPANT À L’ORIENTATION DES JEUNES SERONT IMPACTÉS
La disparition des CIO impactera le réseau information jeunesse et les missions locales.
Le réseau Information Jeunesse, ayant comme tête de réseau le CIDJ, participe déjà à l’orientation des jeunes. Dans la répartition actuelle des compétences, il dépend du même ministre de l’Éducation nationale. Les Centres Régionaux (CRIJ) ont déjà des relations plus ou moins étroites avec les Conseils régionaux, tandis que les PIJ et les BIJ sont soutenus par les communes.
Quant au réseau des Missions locales (dépendant lui du ministère du Travail), il contribue également à l’orientation des jeunes sans diplôme ni emploi… il revendique de jouer un rôle dans l’orientation et la formation professionnelle ainsi que la promotion de l’apprentissage sans avoir reçu d’assurances claires.
Les Services Communs Universitaires d’Information et d’Orientation (SCUIO)[9], implantés dans les universités, ne sont pas mis en cause à ce stade. Il est vrai qu’ils sont déjà au sein des établissements universitaires et dépendent d’un autre ministère.
[1] Les mesures évoquées dans ce Billet pourraient être inscrites dans la prochaine loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » présenté le 12 avril ou être visés par des décrets d’application.
[2] LES ECHOS – 05/04/2018
[3] Depuis le 1er septembre 2017, les Conseillers d’Orientation-Psychologues et les Psychologues scolaires forment un corps unique : les Psychologues de l’Education Nationale.
Les Psychologues de l’Education Nationale, spécialité Education Développement et Conseil en Orientation Scolaire et Professionnelle (PsyEN EDO) interviennent en établissement scolaire (collèges et lycées) et au Centre d’Information et d’Orientation (CIO).
Les Psychologues de l’Education Nationale assurent des : Entretiens individuels : du conseil à l’orientation à l’écoute d’ordre psychologique ; Actions collectives : en vue de l’élaboration du projet d’orientation ; Travail avec les équipes éducatives dans les établissements scolaires : les Psy EN participent aux conseils de classe et aux réunions de suivi concernant les élèves en difficulté (scolaire, psychologique, sociale…) ; Bilans : passation de tests psychologiques, utilisation de questionnaires d’intérêts.
[4] Les centres d’information et d’orientation (CIO) dépendent actuellement du ministère de l’Education nationale et sont implantés sur l’ensemble du territoire. Le rôle des CIO consiste à favoriser : l’accueil de tout public et en priorité des jeunes scolarisés et de leur famille, l’information sur les études, les formations professionnelles, les qualifications et les professions, le conseil individuel, l’observation, l’analyse des transformations locales du système éducatif et des évolutions du marché du travail et la production de documents de synthèse à destination des équipes éducatives ou des élèves, l’animation des échanges et des réflexions entre les partenaires du système éducatif, les parents, les jeunes, les décideurs locaux et les responsables économiques
Chaque CIO possède un fonds documentaire sur les enseignements et les professions et un service d’auto-documentation permettant à toute personne accueillie au CIO de consulter des documents à partir de ses intérêts et de son niveau scolaire
[5] La venue d’intervenants extérieurs dans les lycées, pour participer à l’information sur les métiers et professions, est a priori une bonne chose. Mais dans la pratique les intervenants étant volontaires ou mandatés, cela pose fréquemment problème (retraités, salariés mis sur la touche dans leur entreprise, etc.). Une charte de qualité pourrait utilement être mise en place.
[6] Par exemple, l’Onisep a pour objet de « permettre de rechercher la formation de son choix par domaine, niveau d’étude ou établissement ».
[7] Onisep : Office national d’information sur les enseignements et les professions
[8] La loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale précise les compétences de l’État et des régions en matière de service public régional de l’orientation.
L’accord-cadre signé le 28 novembre 2014 par six ministères et l’association des régions de France (ARF) donne le cadre de sa mise en œuvre. « Les conventions se déclinent progressivement au niveau des régions selon les spécificités territoriales. Ce texte définit comment les structures existantes travaillent ensemble et établit un lien entre les différents services de l’État et la région. »
[9] Les SCUIO proposent aux étudiants documentation et services d’information sur les enseignements de l’université, des conseils pour l’orientation et, parfois, une aide à l’insertion professionnelle. Leurs services varient beaucoup selon l’université et les composantes de celles-ci. Ils sont sous dimensionnés par rapport aux besoins compte tenu de l’importance des effectifs étudiants.
Pas de commentaire sur “Début de tempête sur l’orientation scolaire des lycéens”