DES PME INDUSTRIELLES CONNAISSENT DES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT
Pour répondre au manque d’un nombre suffisant de candidatures, de jeunes diplômés pour travailler dans les PME industrielles, le ministère du Travail et le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, souhaitent expérimenter sur 12 territoires[1] un dispositif dénommé « volontariat territorial en entreprise » (VTE) pour encourager des jeunes à travailler en CDD pendant 12 à 18 mois dans des petites ou moyennes entreprises[2].
Le but de la démarche est d’inciter des étudiants diplômés des écoles de commerce, d’ingénieurs et des universités à acquérir une expérience dans une PME ou ETI[3] industrielles en région, plutôt que de partir travailler à l’étranger ou dans les sièges des grands groupes.
Le potentiel des PME semble méconnu des jeunes diplômés et l’idée est de leur faire « découvrir le formidable potentiel des PME » (Directeur de Bpifrance).
Le niveau des rémunérations, les conditions et l’environnement de travail, la notoriété, la localisation des emplois (hors des métropoles urbaines) apparaissent généralement moins attractifs dans ces PME que les offres des grands groupes. Ce qui explique la faiblesse du nombre de candidats sur les postes ouverts à recrutement.
LE DISPOSITIF EST DÉVELOPPÉ PAR BPIFRANCE.
Sur le plan pratique, Bpifrance[4] doit collecter des offres des entreprises prêtes à accueillir des jeunes diplômés en VTE, et assurer les mises en relation avec les jeunes diplômés[5].
Des territoires sont ciblés par le dispositif : des « territoires d’industrie »[6], plutôt ruraux. Des établissements d’enseignement supérieur sont visés (EM Lyon, ESCP Europe, Ensam, etc.).
L’argumentaire destiné aux jeunes diplômés présente les avantages de ces CDD :
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Enrichir leur CV d’une première expérience professionnelle avec un très haut niveau de responsabilité,
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Avoir l’opportunité d’une expérience unique en assistant des dirigeants d’entreprise (être leur “bras droit”),
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Trouver du sens à leur travail dans des entreprises à taille humaine,
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Ne pas être “perdu” dans une chaîne hiérarchique trop vaste et
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Acquérir rapidement de la maturité.
Pour les établissements d’enseignement supérieur, ce projet pourrait venir illustrer la formation au management de PME, abonder les relations avec le tissu industriel local, en opposition avec le recrutement des « grands groupes », et multiplier les partenariats avec des PME.
La liaison avec les grandes écoles et les universités doit intervenir d’une manière compélemntaire aux nombreuses démarches déjà existantes pour le placement des jeunes diplômés. Le terrain n’est pas vierge !
LES OBJECTIFS DU « VOLONTARIAT TERRITORIAL EN ENTREPRISE » (VTE) SONT PROGRESSIFS
L’objectif de Bpifrance est la signature de 100 premiers contrats d’ici début septembre, puis d’atteindre 2 000 VTE par an dès 2020[7].
Cette démarche visant à promouvoir des postes de cadres ou d’encadrement dans des PME industrielles, parait a priori comme une bonne initiative.
Le ciblage des territoires pose question, car il semble bien limitatif et va donner lieu à un cadrage serré donc à des difficultés.
Par ailleurs, Bpifrance peut probablement trouver, ou susciter, des offres d’emploi auprès des entreprises avec lesquelles elle est en rapport sur les territoires ciblés.
Mais sa capacité à assurer des opérations de recrutement proprement dites, tel que cela est présenté, reste à prouver.
Il semble, aux professionnels de l’emploi, qu’un recours à l’APEC (qui cultive des relations anciennes avec les grandes écoles et les universités) ou à Pôle emploi serait un heureux complément au dispositif proposé.
[1] Par exemple sont ciblés la vallée de l’Huisne (Sarthe), le pays de l’Aigle (Normandie) ou le Grand Annecy.
[2] Ce dispositif s’inspire du VIE (volontariat à l’international), mais au niveau national.
[3] Entreprises de taille intermédiaire ou ETI.
[4] Bpifrance (Banque Publique d’Investissement), l’organisme public de financement et de développement des entreprises, en charge du soutien aux PME/PMI et les entreprises innovantes. https://bit.ly/2X2c2vh
[5] Une plate-forme numérique devrait être créée à cet effet. Une valorisation de ces expériences dans le CV serait promue auprès des grandes entreprises. D’autres avantages devraient être proposés. En projet : prise en charge partielle du loyer, prêt d’un véhicule, etc.
[6] Les “territoires d’industrie prioritaires” sont des zones, définies par le gouvernement en novembre 2018, sur lesquelles les pouvoirs publics jugent possible de faire renaître l’industrie.
Le but est de concentrer des moyens sur des communes de tradition industrielle et de taille moyenne, comptant chacune entre 50 000 et 150 000 habitants. 124 territoires ont été définis. 12 seront territoires tests pour le début de cette opération en 2019.
Voir la carte : https://www.cget.gouv.fr/dossiers/territoires-dindustrie
[7] « le but du VTE est d’orienter le plus de candidats possibles vers les PME et essayer de lutter contre cette absence de qualification ou d’adéquation aux offres. L’objectif est d’avoir signé 100 VTE en septembre 2019, 2.000 l’année prochaine et 5.000 dans cinq ans. » – Directeur des études de Bpifrance
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