L’inscription des lycéens de terminale sur la procédure Parcoursup se termine. La forme que prendra le bac 2020 reste encore inconnue. Mais finalement, un peu cyniquement, personne ne s’en préoccupe vraiment puisque plus de 90% des candidats sont promis à décrocher un bac !
Ce sont les situations de fin d’études qui restent encore floues pour les jeunes et leurs perspectives d’insertion professionnelle.
LE NOMBRE DE JEUNES DÉCROCHEURS POURRAIT AUGMENTER A LA RENTRÉE.
La fermeture des lycées, pendant un à deux mois, va participer au décrochage de certains jeunes, déjà proches de la rupture avec le système éducatif. Leur nombre devrait augmenter au second semestre 2020.
L’application du dispositif d’obligation de formation des jeunes de 16 à 18 ans, prévue pour septembre 2020, s’annonce difficile à conduire pour les Missions locales et leurs partenaires.
Il y aura certes des formations à proposer, mais une faible offre d’accueil en entreprises pour faire connaitre ou valider ces formations. Les emplois devraient être rares à la rentrée 2020.
POUR BEAUCOUP DE JEUNES, LA VALIDATION DU DIPLÔME VA ÊTRE RETARDÉE.
Pour les filières professionnelles de formation initiale, de nombreux jeunes en fin de cursus vont connaitre des difficultés de validation de leurs diplômes en raison de l’interruption fréquentes au premier trimestre de leur stage de fin d’études, que ce soit pour l’obtention d’un CAP, bac pro, BTS, DUT, licence professionnelle ou master 2.
Pour les apprentis, une Ordonnance doit prolonger les délais de validation de l’année en cours. Elle devrait permettre de prolonger les contrats des alternants jusqu’à la fin du cycle de formation (pour les apprentis et les stagiaires des contrats de professionnalisation). Un jeune pourrait rester dans un CFA, sous le statut de stagiaire, en attente de la conclusion d’un contrat d’apprentissage ; pendant 6 mois au lieu de 3, compte tenu des difficultés prévisibles pour trouver un employeur dans les mois qui viennent.
La situation de crise risque de freiner le nombre des apprentis en 2020-2021 à cause de la diminution d’activité. La progression de l’apprentissage en 2019 se trouvera freinée dans un contexte de la récession.
POUR LES 800 000 JEUNES ARRIVANT SUR LE MARCHE DU TRAVAIL, LA DURÉE D’ACCÈS A UN PREMIER EMPLOI VA S’ALLONGER.
De l’ordre de 800 000 jeunes, ayant entre 15 et 29 ans, arrivent chaque année sur le marché du travail pour un 1er emploi. La rentrée 2020 va être exceptionnellement difficile.
Au niveau des fonctions publiques, les concours de recrutement ont été reportés. Il est difficile de dire quand ils pourront avoir lieu. C’est le cas, en particulier, des concours de l’Éducation nationales qui concernent les effectifs les plus importants (postes de professeur des écoles, d’enseignants du second degré, etc.).
Au niveau du secteur privé, les recrutements de jeunes en premier emploi vont avoir lieu dans un volume et selon un calendrier encore difficile à prévoir.
Il y aura sans doute avec une forte hétérogénéité selon les secteurs et les fonctions.
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Les secteurs antérieurement en tension (par exemple les métiers et fonctions du numérique) reprendront leurs recrutements, mais à un rythme encore inconnu. Par exemple, un ingénieur informaticien ne devrait pas connaitre trop de problème à accéder à l’emploi au second semestre.
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La plupart des secteurs professionnels vont connaitre, au mieux, un certain attentisme en matière de Ressources humaines d’ici à la fin 2020. Au-delà de la réalité factuelle, des entreprises vont profiter de la conjoncture pour procéder à leur réorganisation et à la réduction de leurs effectifs. La réduction d’activités, ou la fermeture, de mars à mai, auront été l’occasion de réfléchir à l’organisation du travail (numérisation, travail à domicile, recours aux prestataires, etc.).
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Les secteurs les plus impacté par la crise sanitaire comme le tourisme, le transport aérien ou naval, la restauration, l’hôtellerie, l’évènementiel, etc. ne pourront pas se redresser rapidement, sauf exceptions. La priorité des entreprises sera leur survie et, en second lieu, la sauvegarde des emplois, même si des embauches en contrats courts auront lieu…
D’une manière générale, la permanence d’une part de chômage partiel d’ici la fin 2020 et le gonflement probable des effectifs au chômage, suite à des licenciements économiques, va amener sur le marché du travail des personnels qualifiés disponibles en demande d’emploi. Ceux-ci pourraient être préférés à des débutants dans de nombreux cas par des employeurs.
Les emplois seront proposés aux jeunes en CDD ou en Intérim, encore davantage qu’à l’accoutumée.
Une éventuelle politique dynamique d’investissements de l’État ne devrait pas encore avoir d’effets sur cette année.
LES JEUNES SERONT LES PREMIÈRES VICTIMES DE LA CRISE DE L’EMPLOI QUEL QUE SOIT LEUR NIVEAU DE FORMATION.
Les 800 000 jeunes, qui vont terminer leurs études au second semestre, vont se trouver confrontés à des difficultés d’accès à un premier emploi.
Les dispositions de la réforme de l’assurance chômage (6 mois travaillés sur les 24 derniers mois) éloigneront encore davantage les jeunes débutant d’une possible indemnisation[1]. Pour les jeunes de moins de 25 ans n’ayant pas d’accès au RSA, il se présentera un problème social pour une part d’entre eux…
Les acteurs de l’emploi : Missions locales, Pole emploi, APEC, etc. devraient se trouver confrontés à une tension supplémentaire pour accompagner les jeunes et leur apporter des solutions.
Ces commentaires sur l’accès au premier emploi des jeunes prennent en compte le scénario le plus optimiste.
[1] La règle des 4 mois indemnisés sur les 28 derniers mois avait été conçue pour les étudiants ayant travaillés pendant leur vacances et acquises par une négociation oubliée avec les organisations étudiantes, et leurs conseils.
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