QUATRE ORGANISATIONS DE SALARIES REFUSENT LE REDÉMARRAGE DES CHANTIERS DU BTP
La CGT construction, FO construction, la CFE-CGC BTP et la CFTC[1] expriment leurs réserves, quant au Guide des préconisations de sécurité sanitaires pour la continuité des activités de la construction[2].
Il en est de même pour les représentants de la maîtrise d’oeuvre (architectes[3]) qui distinguent néanmoins les situations[4].
L’intersyndicale refuse de valider le Guide de bonnes pratiques de reprises validé par les organisations patronales et la CFDT[5], homologué par les ministères. Celui-ci prévoit d’ailleurs la consultation des représentants du personnel…
« Nos organisations refusent une reprise du travail dans le BTP, dans les carrières, les tuiles et briques, les cimenteries, les négoces de matériaux »
Et appellent les salariés à « utiliser leur droit de retrait (…) s’ils se sentent en danger ».
Elle dénonce le caractère flou ou non contraignant des recommandations.
« L’objectif de ce document est bien de faire reprendre l’activité en protégeant juridiquement les employeurs, en utilisant des formules comme « il est recommandé », « dans la mesure du possible », « selon disponibilité’ ou en jetant un doute sur la personne à qui incombe les obligations. »
L’INTERSYNDICALE CONSTATE L’ABSENCE, QUASI GÉNÉRALE, D’ÉQUIPEMENTS DE PROTECTION INDIVIDUELLE (EPI)
Elle constate, à juste titre, l’absence d’Équipements de Protection Individuelle (EPI). La plus grande part des entreprises ne disposent pas, de fait, des outils indispensables à une reprise en sécurité, comme les masques ou le gel hydroalcoolique, compte tenu de la pénurie actuelle.
« Pas un chantier sans masques, gel hydroalcoolique, sans protection contre le coronavirus ».
Ces prises de position renvoient à la situation de terrain sur chaque chantier.
ET FORMULE DES RECOMMANDATIONS POUVANT INSPIRER DE NOMBREUX SECTEURS
L’intersyndicale formule des recommandations intéressantes dans le cadre d’une démarche de reprise d’activités qui peuvent s’appliquer à d’autres secteurs.
Ils proposent que :
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Les équipements de protection individuelle soient disponibles pour les salariés,
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La reprise d’activité concerne d’abord les travaux urgents,
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L’interdiction d’accès aux chantiers et aux ateliers des apprentis, stagiaires et alternants ainsi qu’une dispense pour les salariés fragilisés et ou âgés,
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Un dépistage systématique à l’entrée des chantiers,
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Une information ou formation de tous les salariés sur les nouvelles pratiques de travail,
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La consultation et l’autorisation des instances en charge de la sécurité,
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Une reprise d’activité dès lors que lorsque le pic de pandémie sera dépassé, en cohérence avec les mesures de déconfinement.
IL S’AGIT D’UN MODÈLE DE LIGNE DE CONDUITE INDISPENSABLE POUR ORGANISER UNE REPRISE PROGRESSIVE DANS DE NOMBREUX SECTEURS
Ces idées peuvent servir de ligne de conduite dans de nombreux secteurs pour organiser une reprise des activités en faisant le possible pour rétablir la confiance de tous.
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Prendre en compte la politique publique de lutte contre le COVID-19 : rétablissement des transports, déconfinement, réouverture des écoles, etc.
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Tester les personnels avant leur retour en entreprise.
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Suspendre l’intervention des stagiaires, des apprentis et des personnels présentant des risques (femmes enceintes, situation de santé antérieure, etc.).
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Mettre à disposition de manière effective des EPI, des locaux et des matériels décontaminés.
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Débuter par le traitement des dossiers les plus urgents (par exemple, l’achèvement des commandes en cours, etc.).
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Assurer un dialogue social constructif pour établir la confiance.
Les employeurs et les salariés ont un intérêt commun à la reprise des activités des entreprises ou des associations. L’opération doit être menée avec rigueur.
[1] La CGT est le 1er syndicat de la branche du bâtiment, FO (3e , la CFTC (4e) et la CFE-CGC (5e).
[2] Lire le Billet : Comment peut se passer la reprise des activités ? – 03/04/20 – https://bit.ly/39DDCo1
[3] Conseil national de l’ordre des architectes et l’Union des syndicats français d’architectes (Unsfa).
[4] Le Cnoa et l’Unsfa estiment possible de redémarrer certaines activités, « en respectant strictement les consignes de sécurité du guide », sur des chantiers sans coactivité ou dans le secteur des travaux publics.
[5] La CFDT Construction a décidé de valider ce guide, dont le respect permettra selon elle « d’assurer a minima aux salariés du BTP leur sécurité sanitaire dans le cadre de leur activité ».
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