UNE APPLICATION POUR SMARTPHONE PERMETTRAIT DE PRÉVENIR LES PERSONNES QU’ELLES ONT ÉTÉ EN CONTACT AVEC UN MALADE TESTE POSITIF AU CORONAVIRUS
Faute de pouvoir répondre aux besoins de matériels pour prévenir et combattre l’épidémie (masque, gel hydroalcoolique, tests, capacité d’hospitalisation et de réanimation, etc.), le gouvernement travaille sur des pistes virtuelles sans prendre en compte tous les risques inhérents.
Cette démarche politique relève du désir de l’exécutif d’apparaitre comme porteur de réponses à la tragique crise sanitaire actuelle et tenter de masquer ses carences.
Le gouvernement a lancé le projet StopCovid. Il s’agit de développer une application prétendant « limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission.»
Cette application pour smartphone permettrait de prévenir les personnes qu’elles ont été en contact avec un malade testé positif au coronavirus (ultérieurement à leur relation), mais sans savoir de qui il s’agit.
Suite à cette information sur le contact à risque qu’il a eu, l’utilisateur serait appelé à se faire tester et/ou se confiner.
LES LIMITES DE LA GESTIONS DES DONNÉES PAR STOPCOVID APPARAISSENT BIEN FRAGILES.
Pour faire face aux critiques des défenseurs des libertés individuelles, le ministre de la Santé assure que l’installation serait volontaire[1] qu’elle ne permettrait pas la géolocalisation[2] et que la désinstallation serait possible.
Le ministre assure qu’« aucune décision n’est prise ». Il renvoie la prise de décision aux scientifiques ! Il se défausse donc, par avance sur le CARE[3], de sa responsabilité politique.
Toutes ces engagements sur le contrôle de l’application semblent bien fragiles, quand on connait la facilité de la géolocalisation d’un smartphone, de la mémorisation des données, de l’identification précise de l’appareil et, enfin, la possibilité d’avoir plusieurs appareils.
La Présidente de la Cnil a formulée des mises en garde sur cette application. Mais comme elle juge envisageable un dispositif de suivi non généralisé, temporaire, proportionné, assorti de fortes garanties, la porte à ce projet est grande ouverte.
STOPCOVID NE REMPLACERA PAS LA NÉCESSAIRE GÉNÉRALISATION DE LA DÉTECTION, PAR DES TESTS, DE LA SANTÉ DES TRAVAILLEURS
La mise en place de cette application ne remplacera pas, de toute manière, la généralisation de la détection par des tests de l’ensemble des membres d’une entreprise pour contribuer à la sécurité collective.
C’est là que se situe l’enjeu, en particulier, pour le retour des salariés dans leurs activités et postes de travail en toute sécurité.
En admettant le bon fonctionnement de « StopCovid », cela signifie qu’un possesseur de smartphone ayant chargé cette application saurait qu’il a eu des « relations » avec un malade testé positif, sans savoir qui.
Imaginons la « tempête sous un crâne »[4] de l’utilisateur qui se demandera quel malade il a croisé : dans sa famille, dans la rue ou sur son lieu de travail. Sachant que certains malades resteront indétectables par ailleurs, malades atypiques sans smartphone avec application…
L’impact de cette application sur la vie en entreprise serait sans doute dévastateur.
CITATIONS : L’APPLICATION STOPCOVID RETRACERA L’HISTORIQUE DES RELATIONS SOCIALES
Le Monde a titré : « L’application StopCovid retracera l’historique des relations sociales : les pistes du gouvernement pour le traçage numérique des malades »[5]
Ce titre résume bien la problématique du projet du gouvernement.
Dans leur entretien, accordé au Monde, le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, et le ministre de la Santé, Olivier Véran, ont déclaré :
« L’idée serait de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif afin de pouvoir se faire tester soi-même, et si besoin d’être pris en charge très tôt, ou bien de se confiner.»
« Le principe serait simple : l’application est installée volontairement ; lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l’un enregistre les références de l’autre dans son historique »
« Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne sont prévenus de manière automatique. »
« L’application ne géolocalisera pas les personnes. Elle retracera l’historique des relations sociales qui ont eu lieu dans les jours précédents, sans permettre aucune consultation extérieure, ni transmettre aucune donnée ».
« Les données seraient anonymes et effacées au bout d’une période donnée. Personne n’aura accès à la liste des personnes contaminées, et il sera impossible de savoir qui a contaminé qui ».
« Notre hypothèse est celle d’un outil installé volontairement, et qui pourrait être désinstallé à tout moment ».
[1] Lors d’une audition devant des députés, le Premier ministre a précisé le 1er avril dernier que tout traçage numérique se ferait sur la base du volontariat.
[2] La Russie, d’Israël ou encore de la Corée du Sud auraient mis en place un traçage numérique, qui utiliserait, dans certains cas, les données de géolocalisation.
[3] Le Comité analyse, recherche et expertise (Care) est chargé, depuis fin mars, de conseiller le gouvernement sur les traitements, les tests et « l’opportunité d’une stratégie numérique » de suivi, via la géolocalisation, des personnes infectées. » Le Care est un organisme d’expertise rapide, qui rend des « avis d’opportunité sur des questions précises » au ministère de la Santé.
[4] Victor Hugo – Chapitre 3 du Tome I des Misérables intitulé « Une tempête sous un crâne ».
[5] Le Monde – 08/04/20
Pas de commentaire sur “Pourquoi le traçage numérique des Français pour lutter contre le Covid-19 semble inutile et dangereux ?”