France Stratégie[1] a publié une intéressante note d’analyse[2] intitulée : « Les métiers au temps du Corona », qui regroupe les métiers en cinq groupes dans le contexte de la crise sanitaire.
Comme dans tout exercice de ce style, il est possible de trouver des cas intermédiaires ou d’imaginer une classification variante, mais celle présentée semble intéressante et incite à la réflexion pour préparer l’avenir.
« À la mi-mars 2020, l’épidémie de Covid-19 a imposé un arrêt partiel ou total d’activités jugées non essentielles, quand d’autres sont mobilisées face à l’urgence. Au-delà de sa dimension économique, cette crise affecte aussi les conditions de vie et les conditions de travail, renforçant des vulnérabilités existantes et en générant de nouvelles. »
Elle distingue :
Métiers |
Millions d’emploi |
RESTÉS EN ACTIVITÉ |
|
Métiers du « front » |
10,4 |
Télétravailleurs |
3,9 |
PASSÉ PAR LE CHÔMAGE PARTIEL[3] |
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Vulnérables de toujours |
4,2 |
Nouveaux vulnérables |
4,3 |
Professions intermédiaires ou d’employés qualifiés |
4 |
Le total des effectifs de ces trois dernières catégories est proche du total des salariés mis en chômage partiel avant le déconfinement, soit plus de 12 millions.
DEUX CATÉGORIES SONT RESTÉES GÉNÉRALEMENT EN ACTIVITÉ PENDANT LA PÉRIODE DE CONFINEMENT.
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Les professionnels, directement ou indirectement, sur le « front » sont ceux dont les activités sont apparues essentielles durant la période de confinement. Il s’agit des métiers de la santé, de la propreté, de l’alimentaire et de sa distribution, et les professions régaliennes (administration, police, pompiers, etc.). Pour les trois quarts d’entre eux, ils ont été en contact direct avec le public[4].
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Les télétravailleurs sont principalement des salariés de l’encadrement ou des employés de certaines fonctions. Ils ont dû assurer la continuité du travail à distance et préparer la reprise d’activité[5].
La poursuite des activités dans ces métiers ne semble pas poser de problème sauf défaillance d’entreprise.
LES TROIS AUTRES CATÉGORIES ONT BÉNÉFICIÉ DU CHÔMAGE PARTIEL OU SONT TOMBÉS DANS LE CHÔMAGE TOUT COURT, SUITE A UNE FIN DE CONTRAT.
Les métiers « vulnérables de toujours » ne pouvaient pas travailler à distance. Ils ont été mis en chômage partiel ou ont perdu un emploi précaire (un sur cinq exerce en CDD ou en intérim)[6]. Un redémarrage économique peut être l’occasion de reprise pour les contrats courts et l’intérim au second semestre.
Les « nouveaux vulnérables » sont ceux que la pratique habituelle de leur métier habituel les mettant en contact avec le public[7], leur activité a été suspendue. L’activité reprend pour certains métiers depuis le 11 mai (réouverture de commerces), mais par pour tous. Il existe une série de secteurs sinistrés à moyen ou long terme. On sait déjà que
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Des activités restent prohibées (hôtellerie restauration, événementiel, spectacle, sport, etc.) et que
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D’autres sont gelées dans le contexte international (construction aéronautique, tourisme, loisirs, transport aérien, etc.). Les licenciements économiques devraient se concrétiser progressivement, comme à Air France-KLM (3 000 suppressions d’emploi annoncés).
Les salariés appartenant aux professions intermédiaires ou d’employés qualifiés ont été mis en chômage partiel[8]. Ils sont protégés du licenciement par leur statut, du moins dans l’immédiat.
LA REPRISE DE POSTE DE CES TRAVAILLEURS VA ÊTRE A OBSERVER AU 3ème TRIMESTRE 2020.
France Stratégie note que :
« La sortie du confinement et la transition, parfois longue, vers une reprise d’activité totale ou partielle, n’ont pas la même signification pour tous les métiers ». C’est pourquoi : « il est nécessaire d’attirer l’attention sur un traitement « différencié » des risques auxquels sont confrontés les métiers ».
France Stratégie insiste sur la « vulnérabilité économique et financière d’autres sont en risque d’inadaptation des compétences ou de désocialisation, d’autres encore sont vulnérables sanitairement et psychiquement »[9].
Enfin, la période de confinement, d’arrêt ou de réduction d’activité conduit les entreprises à revoir leur organisation et à apprécier la pertinence de certains postes. Leur mode de fonctionnement dans la plupart des cas semble devoir évoluer dans les mois qui viennent[10]. Mais ces réorganisations vont dépendre étroitement de l’ampleur de la crise économique et sociale qui débute.
[1] France Stratégie publie des analyses de fond, et des études de prospective à moyen et long termes pour contribuer à la décision publique et à l’information de l’opinion.
[2] France stratégie – Note d’analyse – Les métiers au temps du corona – 29 avril 2020 – https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2020-na88-metiers-corona-avril.pdf
[3] Principalement passés par une période de chômage partiel (pas tous).
[4] Ils n’ont pas été fragilisés économiquement, mais exposés à une intensification du travail.
[5] Ils sont exposés à un nouveau risque d’hyperconnectivité. « Soumis d’ordinaire à une plus forte intensité du travail, ils voient leur charge mentale et les difficultés de conciliation avec la vie familiale renforcées par la crise. »
[6] « Ces travailleurs, majoritairement des hommes, artisans et ouvriers de l’industrie et du bâtiment, sont traditionnellement confrontés à des conditions de vie et de travail difficiles. »
[7] « Leurs activités sont ralenties, voire interdites, et leur statut les fragilise (31% de contrats intermittents ou d’indépendants en solo). Dans ces métiers du transport, de l’hôtellerie-restauration, des services aux particuliers, de l’art, de la culture et du sport, la vulnérabilité financière se double d’une incertitude sur l’avenir. »
[8] La difficulté à télétravailler liée à leur métier les expose à « des risques d’éloignement de la sphère professionnelle et de désocialisation ».
[9] « Le burn out peut toucher des professions très qualifiées et très peu qualifiées qui ont affronté la crise sanitaire en présentiel au contact de l’épidémie ou à distance pour en gérer les conséquences et la reprise de l’activité. »
[10] La diffusion de technologies numériques nécessitera « des adaptations à la fois pour tenir compte des innovations, pour repositionner les tâches et les hiérarchies bouleversées par la distanciation sociale. La récurrence vraisemblable de crises majeures « sanitaires ou autres » imposera également des mesures durables d’hygiène et de sécurité qui transformeront les collectifs de travail et pourraient imposer de nouveaux modes de collaboration et d’organisation du travail. »
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